CISSS de la Montérégie-Est cas #856
Je m’appelle Judith Boucher et je suis une infirmière auxiliaire dans un CHSLD de Longueuil où présentement il n’y a aucun cas positif à la Covid-19.
Le samedi 2 mai, je me présente à mon centre, car c’est ma fin de semaine de garde et je suis sur mon unité (mon poste est un 7/15). Je travaille de soir, alors je débute mon quart à 15h et le termine à 23h15. Comme chaque début de quart; j’arrive en civil, je me change, monte sur l’étage, je me prends 2 masques (1 que je met sur le champ et l’autre que je réserve pour mettre après ma pause lunch), je compte les narcotiques et ainsi libère ma collègue de jour, je prends mes notes et mon rapport, je suis de bonne humeur et je suis prête à accomplir mon rôle de soignante dans toute ces facettes.
Vers 16h30, donc 1h30 depuis le début de mon quart, l’assistant de garde demande à me parler en privé la porte fermée. Je me demande bien ce qu’il veut me dire? C’est à ce moment qu’il m’annonce que la coordonnatrice l’a appelé pour lui dire d’envoyer une infirmière auxiliaire à René-Lévesque, un autre CHSLD. Ce centre avait environ 100 cas positifs à la Covid-19.
Tout de suite je me questionne pourquoi m’envoyer dans un centre (codé rouge), alors que mon centre a 0 patient atteint? Pourquoi ajouter un risque de contamination et risquer la vie des patients de mon centre après avoir travaillé dans un milieu où une éclosion fait des ravages?
La coordo mentionne qu’elle ne sait pas sur quelle unité je vais aller, mais me dit que c’est un étage en »zone froide », mais ne sait pas laquelle?
*À noter que je ne connais aucun résident et aucun personnel soignant là-bas et que j’arrive sur le »fly ». J’ai donc 0 temps pour me préparer mentalement et encore moins pour préparer mon quart de travail. Face à cette situation d’instabilité et de se bouleversement soudain mon corps réagi. Je sens mon coeur battre dans mon cou et mon chandail qui bouge a chaque battement, les larmes montent, le stress embarque, le sourire et ma bonne humeur disparaissent et des bouffées de chaleurs m’envahissent.*
Je demande à mon assistant quelles options s’offrent à moi?
On me répond que je suis la moins ancienne, c’est donc à moi d’y aller et que des sanctions pourraient avoir lieu si je REFUSE d’y aller!!
Je demande quelles sont les sanctions possibles? Car je ne veux pas avoir un mauvais dossier!
Il me répond avec incertitude qu’il a entendu parler d’amende pouvant aller jusqu’à 4000$ ou encore qu’après 3 refus on m’enlève toute mon ancienneté que J’AI TRAVAILLÉ ET MÉRITÉ!! Je suis en réflexion (….) je me décide et dit NON!
À la suite de mon refus, mon assistant contact la coordo et reçoit la directive de cette dernière de me renvoyer cher moi!!!
Je résume: non seulement à René-Lévesque le manque n’est pas comblé, mais en plus cette décision illogique crée un manque à mon centre respectif, alors qu’avant cela on n’avait pas de manque au niveau des infirmières auxiliaire. L’assistant fera donc ma job + la sienne!
Je retourne me changer et quitte vers la maison en pleurant de rage et de découragement. Depuis, ce samedi 2 mai, je suis démoralisée et stressée. J’ai l’impression d’être traitée comme une esclave, un numéro de plus dans un lot minime »d’anges ». On nous offre des primes qu’on apprécie tous, mais ce n’est pas de l’argent qu’on a de besoin! Nous avons plutôt besoin de conditions de travail humaines! Je suis en arrêt pour me permettre de voir si je garde cette carrière que j’aime, mais qui présente des conditions de Mer… ou si je pense à ma santé mentale et quitte ce domaine vers un autre? Si oui lequel? Sa retarde mes projets d’avenir! Je suis à BOUTE!
Je suis fâchée d’être obligée de faire un 10/15 à cause de l’arrêté ministériel, mais je l’ai accepté, mais cela ne suffit pas je suis également obligée de me faire »garrocher » d’un bord et de l’autre et ce sans rien dire! Sans avoir droit de refuser, sinon sanction s’en suivent! Où est notre syndicat pour défendre nos droits? Après tout on le paye toujours? Ah oui, comme si ce n’était pas assez avec cet arrêt ministériel cela fait en sorte que le Syndicat »la FIQ » n’a plus aucune autorité (en gros on n’a plus de syndicat)!
Bref, si se témoignage peut faire une différence et montrer que ce qu’on entends lors des conférences de presse et bien en réalité les actions ne vont pas dans le même sens..