CISSS de Lanaudière cas #1162
4 au 21 avril 2022
Je suis une travailleuse enceinte et je dois me battre pour faire respecter les restrictions qui ont été émises par la santé publique à mon lieu de travail.
Au début, le 4 avril, on m’a mise dans un bureau ou le 2m n’était pas respecté et on m’a fait faire des tâches qui faisaient en sorte que je devais me déplacer dans le CLSC pour aller chercher des dossiers ou autre. De plus la porte de ce bureau donnait sur la salle d’attente donc je devais la traverser à chaque fois. Puis j’ai écrit au bureau de santé et on m’a dit que l’important était de me laver les mains surtout avant de porter mes mains à mon visage. Finalement une aide de service est arrivée le 20 avril et avait des tâches à faire dans le même bureau que moi. J’ai su en discutant avec elle que la veille elle avait travaillé sur l’unité COVID. J’ai donc appelé directement à la santé publique afin de clarifier si cette situation était acceptable le 21 avril au matin. En me questionnant l’infirmière m’a tout de suite dit que mon lieu de travail n’était pas adéquat et que je ne pouvais pas me promener d’un endroit à l’autre dans l’établissement pour aller porter ou chercher des dossiers. Encore moins me trouver dans la même pièce qu’un travailleur qui travaille dans des milieux en éclosion. Et aussi ne pas traverser une salle d’attente remplie d’usagers. De plus, nous recevons des patients COVID qui entrent par la salle d’attente.
J’ai donc appelé ma gestionnaire pour lui expliquer la situation et elle m’a rappelé sur l’heure du diner. La première question qu’elle me pose c’est pourquoi j’ai appelé la santé publique (alors que c’est tout à fait de ma responsabilité de m’informer et d’appliquer les mesures prescrites pour la sécurité de ma grossesse et mon bébé) ! Ensuite au fil de la discussion elle accepte de demander à ce qu’on me trouve un bureau seule, sans toutefois me laisser vraiment le temps d’expliquer ce qui est écrit dans mon document CSST. Elle prend la peine par contre de me signifier que les zones rouges et vertes de toutes façon ça n’existe plus selon elle. Et de plus, je dois bien aller à l’épicerie et croiser des gens là-bas. Mais tout de même elle a téléphoné à l’ASI pour qu’elle me trouve un bureau.
Je n’ai pas été très bien reçue par l’ASI non plus. Elle m’a aussi reprochée d’avoir appelé la santé publique mais elle m’a au moins laissé la chance de raconter ma version des faits. Elle m’a dit qu’elle me voyait me promener dans le CLSC et que à chaque fois qu’elle venait à mon bureau de toute façon je n’étais pas là (puisque on m’avait dit que l’important était de me laver les mains et que je n’avais pas compris les mesures du document comme il faut avant de parler avec l’infirmière de la santé publique qui me les a expliquées). Elle me dit donc que à partir de maintenant pas question que je sorte de mon bureau et qu’entre elle et moi, la COVID il faut maintenant vivre avec. Je lui explique alors qu’on m’a dit qu’attraper la COVID comportait un risque de bébé prématuré et elle a roulé les yeux au ciel. Elle m’a aussi signifié que je devais bien aller à l’épicerie et magasiner, et voir des amis la fin de semaine. Alors que je venais de refuser d’aller à une fête d’enfant aider une bonne amie la journée même. Je ne lui ai pas dit car je considère que cela ne la concerne vraiment pas. (Pour l’épicerie, pas que cela concerne qui que ce soit, mais dans mon ménage, mon couple, ma vie privée, je peux affirmer que c’est la tâche de mon conjoint depuis le début de ma grossesse puisque je suis très fatiguée.)
Le bureau qui m’a été donné est dédié à des intervenants d’info social donc je ne sais pas la fréquence à laquelle ils viennent, mais lorsqu’il viendra quelqu’un, l’ASI m’explique je devrai libérer la place, aller me chercher un ordinateur portable à la réception, et aller m’installer soit dans une salle de conférence si elle n’est pas occupée, soit dans le bureau de la gestionnaire si elle n’est pas là, car ils n’ont aucun autre local pour moi. Je lui ai dit que je pensais que tout cela serait plus simple si je pouvais être en télétravail. Elle m’a dit que je n’aurais pas de télé accès car cela coute 100$.
22 avril 2022.
Aujourd’hui je rentre au travail et la porte de mon bureau est barrée. Je dois donc me rendre dans une salle très fréquentée à cette heure-là pour aller chercher et ramener la clé passe partout en traversant la salle d’attente. Ensuite je réalise que si je veux sortir à l’extérieur pour mes pauses, je dois passer par la salle d’attente. Je réalise aussi que les patients sont adossés au mur directement à côté de ma porte comme sur la photo ci-jointe. Je ne sais pas si cela est adéquat. L’infirmière de la santé publique m’avait dit que je ne devais pas traverser une salle d’attente plein de monde. Surtout si des patients COVID peuvent entrer par-là, et que l’employée qui travaille dans des zones chaudes y travaille. Mais là je n’ose pas trop rappeler et valider si le tout est correct, je n’ose pas aller plus loin à cause de la façon dont on m’a traitée. Je laisse retomber la poussière et je vous écris pour dénoncer non seulement le non-respect des mesures, mais le non-respect de ma personne et de mon désir de faire ce qu’il faut pour protéger mon bébé. Je suis trop émotive pour faire quoique ce soit aujourd’hui, l’attitude dont on a fait part face à moi m’a trop ébranlée, hier j’ai pleuré tout l’après-midi et aussi en soirée.