Une diminution de services est imminente au CHUM. Pour les infirmières, il y a urgence d’agir.
Montréal, le 15 mai 2001 – C’est en conférence de presse aujourd’hui que la vice présidente de la FIIQ, Lina Bonamie, la présidente du syndicat des infirmières de Notre-Dame, Mireille Bélanger, la présidente du syndicat des infirmières de l’Hôtel-Dieu, Margelaine Marcil et la présidente du syndicat des infirmières de St-Luc, Johanne Morin, ont alerté la population sur une diminution certaine de services si, à court terme, rien n’est fait pour donner un répit aux infirmières. Elles entendent soumettre ce soir leurs demandes à la réunion du Conseil d’administration du CHUM et exigent un engagement formel des membres du conseil à ce sujet.
“S’il n’y a pas l’implantation de mesures à très court terme pour alléger la tâche des infirmières et pour les supporter dans la dispensation des soins qu’elles ont à prodiguer, il n’y aura d’autre choix que de fermer de façon permanente un plus grand nombre de lits, ce qui implique une réduction de l’accessibilité des services offerts à la population et peut-être même une mise en danger de la vocation universitaire du CHUM. Ce que nous ne souhaitons pas“, de déclarer les porte-parole.
Malgré l’augmentation des heures de travail supplémentaire, le CHUM ne réussit pas à combler les équipes de base, ce qui entraîne par le fait même une surcharge de travail pour les infirmières déjà présentes au travail. Pour l’exercice financier 1999-2000, il y a eu une augmentation de 52.2% du temps supplémentaire par rapport à l’année précédente. Et pour les six premiers mois de l’année 2000-01, 77.4% des heures supplémentaires de l’année précédente étaient déjà faites. Il se fait entre 1200 et 1500 quarts de travail complets de travail en temps supplémentaire à chaque mois.
Conséquemment, cette pression constante entraîne pour le personnel infirmier de l’épuisement tant physique que moral. Les infirmières n’en peuvent plus et sont épuisées.
Récemment, le CHUM a soumis un plan de main d’œuvre en soins infirmiers pour les 5 prochaines années. Les syndicats ont signifié leur accord pour y collaborer dans un objectif d’attraction et de rétention des infirmières. Cependant, les mesures envisagées n’auront d’effet qu’à moyen et long terme une fois implantées. Ce qui ne règle en rien, à court terme, la surcharge de travail vécue par les infirmières.
Selon les porte-parole, les pistes de solutions à court terme proposées à la direction des ressources humaines du CHUM sont restées sans réponse jusqu’à ce jour. Voici les demandes formulées qui seront soumises au conseil d’administration ce soir :
- ajouter immédiatement du personnel de soutien, non pas uniquement pour la période estivale; mais tout au long de l’année, afin qu’elles puissent se consacrer davantage à prodiguer des soins infirmiers;
- réduire la précarité par des mesures concrètes visant à s’assurer une meilleure disponibilité de l’ensemble des infirmières;
- instaurer des incitatifs financiers temporaires le temps de mettre en application nos mesures et ce, afin de compenser, dans l’intervalle, l’effort supplémentaire qui leur est demandé quotidiennement.
- devancer la fermeture des lits projetée pour la période d’été et ce, afin d’apporter un peu d’oxygène aux infirmières.
Des assemblées générales sont prévues dans chaque hôpital cette semaine. Les syndicats feront le point avec les infirmières sur les réponses du conseil d’administration et décideront collectivement des actions à entreprendre face à cette situation.
ÉTAT DE LA SITUATION AU CHUM
tel que rapporté par les trois syndicats d’infirmières du CHUM représentant 2500 infirmières, mai 2001
La pénurie d’infirmières qui existe dans la région de Montréal a des répercussions importantes au CHUM.
Dans les trois hôpitaux du CHUM, plus de 500 postes sont actuellement vacants, donc sans aucune infirmière pour les occuper d’une façon permanente.
Du 1er avril 1997 au 23 septembre 2000, il y a eu au CHUM 843 embauches d’infirmières pour 1029 départs dans cette même période. Ce déficit des embauches et des départs n’est toujours pas rétabli à ce jour.
De plus, à chaque période de quatre semaines, il existe en moyenne au CHUM entre 500 et 800 absences d’infirmières et demandes de surcroît de travail d’infirmière non comblées.
Ainsi, il se fait en moyenne pour le CHUM entre 1200 et 1500 quarts complets de travail en temps supplémentaire à chaque mois afin de combler des besoins de personnel régulier. Ce qui représente entre 8,500 et 10,500 heures supplémentaires par période de 4 semaines.
Le taux d’absentéisme des infirmières a augmenté de 46% par rapport à l’année dernière.
Le CHUM a déjà fermé de façon récurrente 104 lits ( St-Luc : 64 lits, Notre-Dame : 40 lits) et ceci n’inclut pas les fermetures de lits qui s’annoncent pour la période estivale.
Conséquemment, cette pression constante entraîne malheureusement, pour le personnel infirmier, de l’épuisement tant physique que moral. Les infirmières n’en peuvent plus et sont épuisées. Il y a urgence d’agir.