Le régime d’assurance médicaments : bientôt un « régime catastrophe »
Montréal, le 29 mai 2002 – La Fédération des infirmières et infirmiers du Québec (FIIQ) présente aujourd’hui son mémoire à la Commission des affaires sociales dans le cadre de la consultation sur le projet de loi modifiant la Loi sur l’assurance médicaments. La présidente de la FIIQ, Jennie Skene, a réitéré l’adhésion de la Fédération à un régime public universel géré par la Régie de l’assurance maladie du Québec. « Cinq ans après la mise en place du Régime général d’assurance médicaments, nous croyons que la démonstration est faite que ce régime a du plomb dans l’aile. Les augmentations successives ne cessent de s’accumuler, sans résultat concret puisque, d’année en année, les déficits sont récurrents », d’affirmer madame Skene. Selon la FIIQ, en dépit d’un large consensus dégagé en commission parlementaire, il y a deux ans, à l’effet qu’un régime public universel serait celui qui correspondrait le mieux aux besoins de la population en matière de santé, le gouvernement maintient le régime mixte et hausse encore les contributions des usagers pour financer la croissance galopante du coût des médicaments.
Le nécessaire contrôle du coût des médicaments
Le coût des médicaments ne cesse d’augmenter et, parmi les facteurs soutenant cette croissance excessive au Québec, la FIIQ signale : le recours aux médicaments brevetés, les plus chers des pays occidentaux; l’absence de contrôle des dépenses de commercialisation des industries pharmaceutiques; l’absence de mesures incitatives à l’utilisation de médicaments génériques; le privilège particulier accordé par le Québec aux industries des médicaments d’origine. « Nous pouvons affirmer également que la proposition gouvernementale favorise encore une fois l’industrie du médicament plutôt que l’ensemble des citoyens et citoyennes du Québec. En refusant de prendre en considération deux pistes de solution reprises largement par les intervenants lors de la dernière commission parlementaire, soit la politique du prix le plus bas et celle du prix de référence, le gouvernement fait le choix de maintenir artificiellement élevé le prix des médicaments » de poursuivre la présidente de la FIIQ. La FIIQ recommande donc la maîtrise de l’augmentation du coût des médicaments en demandant au gouvernement d’adopter une politique du prix le plus bas et une politique du prix de référence.
Vers un « régime catastrophe »
Quoique le gouvernement ait officiellement écarté l’idée d’un « régime catastrophe », la FIIQ constate que, de la façon dont le Régime général d’assurance médicaments évolue, il s’achemine vers un tel type de régime pour les adhérents et les personnes âgées ne recevant pas le supplément de revenu garanti (SRG) ou recevant le SRG partiel. « Déjà, la coassurance passerait à 27,4% cette année pour les adhérents et une partie des personnes âgées. La contribution annuelle maximale s’établirait à 822$ par année alors qu’elle était évaluée à un maximum de 2000$ dans un « régime catastrophe » au Québec. Au rythme des augmentations imposées cette année (9,6%), ce maximum serait atteint en moins de 10 ans », d’affirmer madame Skene.
Dans ses recommandations, la FIIQ demande également au gouvernement de réviser sa politique industrielle qui favorise largement l’industrie du médicament breveté au détriment de ses politiques sociales. Quant à la mise sur pied du Conseil du médicament, la FIIQ considère que le gouvernement doit garantir la neutralité des instances chargées d’évaluer les produits pharmaceutiques et qu’il doit s’abstenir d’ériger en système le lobby des industries pharmaceutiques et des compagnies d’assurance… ce qui n’est pas le cas dans la présente proposition.