Le Collectif 8 mars réclame des engagements fermes des partis politiques.
Montréal, le 8 mars 2007 – Inquiètes par la montée d’un courant de droite qui s’illustre notamment par l’effritement du filet social et par la privatisation des services publics, les femmes membres du Collectif 8 mars profitent de la Journée internationale des femmes pour interpeller les partis politiques. Elles demandent que ceux-ci profitent de la présente campagne électorale au Québec pour prendre des engagements fermes en matière d’égalité, de justice sociale et de luttes contre les discriminations.
Le Collectif 8 mars 2007 qui représente plus d’un-demi million de femmes, de travailleuses, de syndicalistes, d’étudiantes et de militantes œuvrant dans des groupes de femmes et des groupes communautaires, souligne cette année la Journée internationale des femmes sous le thème Toute l’égalité, l’égalité pour toutes : mission inachevée ! Le Collectif souhaite profiter de cette journée pour inviter toutes les femmes à réfléchir sérieusement aux choix qui se posent dans la campagne électorale en cours, à en discuter autour d’elles et à exercer leur droit de vote le 26 mars prochain.
Des acquis qui demeurent fragiles
La porte-parole du Collectif et présidente de la Fédération des femmes du Québec, Mme Michèle Asselin, soutient qu’en dépit des gains importants obtenus en 30 ans de luttes au Québec pour l’égalité des droits des femmes, les acquis demeurent encore fragiles. La pire menace qui pointe à l’horizon est la montée d’un courant de droite au Québec.
« La résurgence de la droite à laquelle nous assistons nous inquiète grandement en ce sens qu’elle menace nos acquis et vient entraver notre lutte pour l’accès à l’égalité. Car, statistiques à l’appui, nous sommes forcées de constater que l’égalité concrète n’est pas encore à la portée de toutes les femmes et que de nombreuses barrières se dressent sur notre chemin. Des barrières qui se nomment : pauvreté, violences ou discriminations », déplore Mme Asselin.
Des femmes davantage discriminées
La porte-parole du Collectif précise que s’il est vrai que les femmes ont acquis certains droits à force de luttes et de revendications, il n’en est malheureusement pas de même pour toutes les femmes.
« Certaines sont davantage discriminées. Pensons aux femmes autochtones, aux femmes immigrantes, à celles des communautés ethnoculturelles, à celles qui ont des limitations fonctionnelles, aux lesbiennes. De plus, la question de l’égalité des femmes dans les différentes régions du Québec nous interpelle aussi. On observe que des disparités importantes existent d’une région à une autre et que les femmes n’ont pas accès aux mêmes services partout », soutient Mme Michèle Asselin.
L’État souhaité par les femmes
Le Collectif lance, haut et fort, le cri Toute l’égalité, l’égalité pour toutes ! en ce 8 mars 2007.
« En riposte à la vision alarmiste des "lucides" de droite qui réclament que l’on réduise la taille de l’État et que l’on coupe dans les services publics, le mouvement des femmes réclame la construction d’un État où les droits individuels et collectifs seront assurés, la démocratie renforcée et l’environnement protégé ; un État qui assurera la dispensation de services publics de qualité accessibles à toutes et à tous, le développement de programmes sociaux financés adéquatement et collectivement, la redistribution de la richesse et un développement durable pour un avenir viable. Ce Québec que nous voulons construire devra se donner des moyens pour assurer l’égalité entre les femmes et les hommes », explique la porte-parole du Collectif.
La lutte contre la pauvreté
Mme Michèle Asselin déclare que les groupes de femmes qu’elle représente sont particulièrement préoccupés par la lutte contre la pauvreté et les violences, l’éducation et l’accès aux soins de santé.
La pauvreté étant une réalité qui, encore aujourd’hui, affecte particulièrement les femmes, le Collectif demande aux partis politiques qu’ils prennent les engagements suivants pour l’éliminer :
- une augmentation substantielle du salaire minimum ;
- la gratuité des médicaments pour toutes les personnes recevant le supplément de revenu garanti ou touchant un revenu du même ordre ;
- la pleine indexation des prestations de toutes les personnes vivant de l’aide sociale.
Des conditions de travail à améliorer
De même, le Collectif exige des mesures concrètes pour améliorer les conditions de travail des femmes partout au Québec :
- des emplois décents en nombre suffisant et l’accès équitable à des formations qualifiantes pour toutes ;
- le respect du droit à la syndicalisation pour les femmes et le droit de choisir leur syndicat ;
- le respect de la Loi sur l’équité salariale en milieux syndiqués et non syndiqués, le maintien de l’équité salariale ;
- une politique gouvernementale de conciliation famille-travail assortie de mesures concrètes répondant aux diverses réalités des travailleuses et de leurs familles.
Des mesures pour améliorer les soins de santé
Dans le domaine de la santé, le Collectif constate que les services de santé n’ont cessé de se détériorer au cours des dernières années avec des services à domicile insuffisants, des listes d’attente encore longues, une tendance accentuée à la privatisation de certains services, des disparités régionales qui augmentent et un sous-financement marqué des services sociaux et de santé mentale. Pour améliorer le droit à la santé des femmes, les revendications suivantes sont faites :
- l’accès gratuit aux soins et services de santé par le maintien d’un régime public et universel de santé ;
- l’accessibilité et la gratuité de services d’avortement dans toutes les régions du Québec ;
- l’encadrement des pratiques de chirurgies esthétiques promues par l’industrie de la minceur et de la beauté.
Éducation et violences
Deux autres sujets retiennent l’attention du Collectif, soit le droit à l’éducation et la lutte pour contrer les violences faites aux femmes. Deux revendications y sont liées :
- le gel des frais de scolarité et le financement adéquat de l’éducation postsecondaire ;
- le financement et la mise en œuvre d’une grande campagne de sensibilisation et d’éducation sur dix ans pour lutter contre toutes les formes de violences commises envers les femmes, dont le harcèlement psychologique et sexuel en milieu de travail.
En terminant, la porte-parole du Collectif, Mme Michèle Asselin, précise que le mouvement des femmes, bien qu’éminemment politique, se veut non partisan et il ne donnera donc son appui à aucun parti politique dans la présente campagne électorale.