Voir plus grand que la logique comptable et la pensée marchande
Le 9 janvier dernier, la Cour supérieure a donné raison
au géant français Alstom, spécialisé dans
les infrastructures d’énergie et de transport
ferroviaire, qui poursuivait la Société de
transport de Montréal (STM). Par cette poursuite,
Alstom contestait la décision du gouvernement
du Québec d’octroyer à Bombardier
Transport, sans appel d’offres, le contrat de 1,2
milliard de dollars visant le remplacement des voitures
du métro de Montréal.
En effet, depuis 1996, moment où il a ratifié les
accords de libre-échange, Québec est tenu
d’intégrer à ses lois domestiques
les principes de ces accords, dont l’obligation
d’aller en appel d’offres pour des contrats
excédant un certain montant : 100 000 $
dans ce cas-ci. Bien qu’Alstom soit établie
au Canada, la multinationale n’y possède
pas nécessairement les installations permettant
la production de voitures de métro. Il est donc
probable qu’elle ait recours à des sous-traitants
de l’extérieur du pays.
La décision rendue par la Cour supérieure
illustre bien l’impact des accords commerciaux :
le droit des entreprises de se faire concurrence, appelé libre
marché, a préséance sur les intérêts
collectifs des citoyens. Autrefois, le gouvernement pouvait
choisir d’octroyer un contrat à une compagnie
de son territoire afin que toutes et tous bénéficient
des retombées économiques et des emplois
créés. Maintenant, ce n’est plus
le cas; une multinationale ne doit jamais être
privée de la possibilité d’obtenir
un contrat de 1,2 milliard de dollars.
D’ailleurs, afin de contrer le discours voulant
que le profit l’emporte sur toute autre considération,
la Fédération s’est engagée à promouvoir
une société qui reconnaisse la primauté des
droits humains sur ces impératifs économiques.
Cette volonté de faire obstacle aux politiques
néolibérales est aussi à l’origine
du Forum social mondial qui a vu le jour en 2001. Depuis
sept ans, des organisations citoyennes du monde entier
se rencontrent chaque année pour élaborer
des stratégies de transformation sociale. Leur
slogan : « Un autre monde est possible ».
En 2008, cette rencontre annuelle a été remplacée
par une journée internationale d’actions.
Ainsi, le 26 janvier dernier, différentes actions
ont été menées partout dans le monde
par des organisations de lutte pour le changement social.
Au Québec, les syndicats, les organisations populaires
et communautaires, les groupes de femmes et les étudiant-e-s
ont réitéré leur droit de rêver à un
autre monde sous le thème « La neige brûle ».
En ce mois anniversaire de la mort de Martin Luther
King, auteur des célèbres paroles « J’ai
un rêve… », il faut se rappeler
que ce sont souvent les rêves qui font avancer
le monde. D’ailleurs, la journée d’actions
du 26 janvier, à Montréal, a été clôturée
avec des paroles extraites de l’appel solidaire
des mouvements sociaux : « C’est
vrai, nous sommes rêveurs, parce que nous croyons
que le rêve est un service essentiel, qu’un
peuple doit voir plus grand que la logique comptable
et la pensée
marchande, qu’un autre monde est possible et que
les grandes idées pourront toujours rassembler
les humains et les pousser à donner le meilleur
d’eux-mêmes. »
Syndicalement,