Couillard se trompe de cibles
Montréal, le 11 mars 2008 — Les porte-parole du Secrétariat intersyndical des services publics (SISP) considèrent que le ministre de la Santé et des Services sociaux, Philippe Couillard, se trompe de cibles en mettant en place de nouveaux chantiers de travail en suivi au rapport Castonguay.
L’accès aux médecins de famille : finissons d’abord le chantier commencé
Réjean Parent, président de la CSQ, Lina Bonamie, présidente de la FIQ, Dominique Verreault, présidente de l’APTS, Michel Sawyer, président général du SFPQ et Gilles Dussault, président du SPGQ, considèrent qu’avant de mettre sur pied d’autres projets pour tester de nouvelles formules d’accès à un médecin de famille, le ministre devrait plutôt consolider le développement des Groupes de médecine familiale (GMF). « Les GMF prennent tout juste leur envol, il serait plus efficient de mieux les outiller et d’accélérer leur développement », de souligner les dirigeants du SISP.
Décentraliser vers plus de privé?
En ce qui a trait au nouveau chantier concernant la décentralisation et l’allocation des ressources, le SISP trouve que le réseau vit déjà suffisamment de réformes sans lancer des projets-pilotes qui introduiront de nouveaux changements. « N’en jetez plus, la cour est pleine! »
De plus, les nouvelles formules d’allocation de ressources par achat de services, proposées par Claude Castonguay, visent à mettre en concurrence les établissements publics et privés. Or, le Saguenay-Lac-St-Jean et l’Estrie, particulièrement, sont des régions où la concurrence est peu présente. « Les résultats qui sortiront d’une plus grande autonomie accordée à ces régions ne seront pas représentatifs de l’impact de cette nouvelle formule d’allocation des ressources dans une grande région urbaine comme Montréal et sa périphérie », ajoutent les dirigeants syndicaux.
Castonguay en a déjà assez fait
Les dirigeants du SISP dénoncent vivement le chantier visant à créer rapidement l’Institut national d’excellence en santé (INES). « Le réseau n’a nul besoin d’un nouvel organisme, indépendant du gouvernement de surcroît, pour prendre le pouls de l’excellence en santé. Le gouvernement vient tout juste d’instaurer le nouveau poste de commissaire à la santé et au bien-être, celui-ci vient à peine de sélectionner les membres de son forum de consultation. Alors laissons-le vivre. »
En plus, le ministre Couillard confie de nouveau la présidence du comité d’implantation de cet institut à Claude Castonguay. On connaît bien les visées de ce dernier à l’égard de la création de cet institut dont il veut faire le principal organisme conseil sur la révision du panier de services. Cela est inadmissible. On connaît aussi trop bien ses partis pris concernant l’apport accru du privé et la contribution des usagers. M. Castonguay en a assez fait ! », affirment les responsables du SISP.
Une seule bonne cible
Par ailleurs, le SISP considère comme étant la seule bonne cible, la mise en place du chantier visant à développer des outils d’évaluation de la performance du système et des établissements. Il est souhaitable de connaître et de déployer des façons de faire plus efficaces et de développer des outils supplémentaires pour une meilleure satisfaction des patients par rapport aux services obtenus.
Les vraies cibles oubliées
Pour le SISP, les vrais chantiers à ouvrir devraient concerner les services à domicile et les solutions publiques à la résolution des problèmes de liste d’attente, c’est-à-dire la coordination centralisée des listes, la concentration des chirurgies dans un même lieu et la création de centres ambulatoires publics de chirurgie. Les organisations syndicales sont disposées à contribuer à ces chantiers.
Profil du SISP
Le SISP regroupe 300 000 membres, issus de cinq organisations syndicales (CSQ, FIQ, SFPQ, APTS et SPGQ), dont près de 245 000 proviennent des secteurs public, parapublic et péripublic. La CSQ représente près de 155 000 membres, dont près de 100 000 œuvrent au sein des secteurs de l’éducation et de la santé. La FIQ regroupe 57 000 membres du secteur de la santé. Le SFPQ représente 43 000 membres, dont 40 000 sont issus de la fonction publique québécoise. Quant à l’APTS, elle représente 26 000 travailleuses et travailleurs occupant des postes professionnels ou techniques au sein du réseau public de la santé et des services sociaux. Pour sa part, le SPGQ regroupe plus de 19 000 personnes de la fonction publique, des sociétés d’État, des réseaux de l’éducation et de la santé du Québec.