« L’environnement défavorable dans lequel évolue le mouvement syndical nous poussent à devoir faire les choses autrement » – Lina Bonamie, présidente de
St-Hyacinthe, le 2 juin 2008 — Le 8e congrès de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec – FIQ est maintenant officiellement débuté sous le thème « Renouveler notre action ensemble ». Du 2 au 6 juin inclusivement, plus de 600 déléguées de la Fédération définiront, à St-Hyacinthe, les grandes orientations qui guideront les actions de l’organisation au cours des trois prochaines années.
« Étant le premier congrès sous la bannière FIQ, celui-ci revêt forcément une touche plus singulière. Le passage de la Fédération des infirmières et infirmiers du Québec (FIIQ) à la FIQ, telle qu’elle est maintenant, témoigne de la nouvelle force syndicale de la Fédération, une force renouvelée pour l’ensemble des professionnelles en soins infirmiers et cardiorespiratoires qui en sont membres », de déclarer Lina Bonamie, présidente de la Fédération lors de son discours d’ouverture.
Renouveler notre action ensemble
Pour la Fédération, le thème choisi pour ce 8e congrès s’est imposé par lui-même. Depuis quelques années, les forces néolibérales gagnent du terrain et cette réalité interpelle la FIQ au plus haut point. « L’environnement défavorable dans lequel évolue tout le mouvement syndical nous poussent à devoir faire les choses autrement. Il devient essentiel de revoir notre façon de pratiquer notre syndicalisme afin de permettre aux professionnelles en soins d’évoluer dans un monde meilleur », de poursuivre madame Bonamie.
Ce désir de revoir les façons de faire n’est pas étranger aux nombreuses attaques antisyndicalistes du gouvernement de Jean Charest depuis les dernières années. « Ce gouvernement, en plus de tenter de nous diviser pour mieux régner, a atteint un niveau de mépris hors du commun envers les travailleuses et les travailleurs des services publics. Il est essentiel de réfléchir à ce que nous pouvons faire afin de renverser la vapeur ».
Les professionnelles en soins méritent mieux
La FIQ est très claire : les professionnelles en soins infirmiers et cardiorespiratoires ne peuvent plus continuer d’exercer leur profession dans les conditions actuelles. Lors de son allocution d’ouverture, la présidente de la FIQ a exprimé le ras-le-bol vécu par ces professionnelles. « La pénurie de main-d’œuvre est devenue l’excuse à tout. Les gestionnaires du réseau, bénéficiant de l’aval du ministère de la Santé et des Services sociaux, se permettent de presser le citron au maximum. La pénurie est bien réelle, mais il est complètement absurde de prétendre vouloir s’y attaquer si parallèlement, les décideurs sabrent dans les salaires et les conditions de travail ». Ainsi, les heures supplémentaires sont devenues, trop souvent, obligatoires et le fardeau de tâches imposé aux professionnelles en soins a pris des proportions hors de contrôle. « Les conséquences sont importantes. Les risques d’absentéisme et de dépression guettent plusieurs de ces femmes qui ne demandent qu’une chose : pouvoir offrir des soins de qualité à la population québécoise dans des conditions de travail acceptables. Les gestionnaires jouent sur la culpabilité et sur le sens du devoir de celles-ci afin d’en demander toujours plus, et ce, pour masquer leur propre incompétence à développer une réelle planification de la main-d’œuvre ».
Le ministre Couillard devra prendre ses responsabilités
Madame Bonamie a également profité de l’occasion pour dresser un bilan négatif des actions du ministre de la Santé, Phillippe Couillard. Pour la présidente, monsieur Couillard n’aura pas été à la hauteur des attentes depuis qu’il occupe ses fonctions ministérielles. « On peut dire qu’il est devenu maître dans l’art de gagner du temps! La dernière table de concertation sur la pénurie de la main-d’œuvre mise en place à l’automne dernier par monsieur Couillard en est un bon exemple. Pourquoi mettre en place une énième table alors que de nombreuses réponses avaient déjà été trouvées lors du Forum national sur la planification de la main‑d’œuvre infirmière il y a sept longues années? ».
Le ministre de la Santé n’a pas rendu la marchandise et il a laissé tombé les professionnelles en soins travaillant dans le réseau de la santé. « Monsieur Couillard ne cesse d’accuser les organisations syndicales d’être responsables d’une bonne part des maux qui affligent le système de santé au Québec. Il persiste à justifier l’incapacité du ministère d’améliorer l’accès aux soins de santé par la prétendue rigidité des conventions collectives. Quand des professionnelles en soins se font systématiquement refuser des congés ou qu’on les obligent à travailler seize heures consécutives, et ce, plus d’une fois par semaine, est-ce cela que l’on appelle de la rigidité de conventions collectives? », de questionner la présidente.
De plus, la Fédération est d’avis que le ministre de la Santé n’a pas encore démontré son réel engagement envers le système de santé public. Certes, il profite de toutes les tribunes publiques pour dire qu’il est un défenseur de ce système public, gratuit et universel, mais ce sont les gestes qui comptent. « Malheureusement, nous sommes forcées de constater que les décisions politiques vont à l’encontre de cette profession de foi. Le recours à la sous-traitance de chirurgies vers les cliniques privées, la mise en place de l’assurance duplicative, la nomination de Claude Castonguay à la présidence du groupe d’étude chargé de trouver des solutions au financement du système de santé sont des exemples éloquents. Il faudra poursuivre la bataille », de poursuivre madame Bonamie .
Cinq jours de débats et de réflexion
À la lumière de tout cela, la Fédération croit qu’il est temps, plus que jamais, de faire les choses autrement. « C’est le gouvernement du Québec qui a fait le choix de mépriser les professionnelles en soins infirmiers et cardiorespiratoires en faisant en sorte que leurs conditions de travails se détériorent jour après jour, en dépit de leur ouverture d’esprit et des solutions constructives et novatrices proposées par la Fédération. C’est également ce même gouvernement qui a fait le choix de privatiser, de manière graduelle mais certaine, le réseau de la santé au détriment de la population et des professionnelles en soins. Ce gouvernement ne cesse de baffouer les droits des travailleurs et des travailleuses donc, comment répondre à tout cela? Débarrassons‑nous des libéraux aux prochaines élections! Ce serait si simple, mais non suffisant. L’attitude du gouvernement de Jean Charest n’est pas seulement propre à ce dernier. La classe politique partage des grands pans de cette idéologie », déplore la présidente.
Ainsi, la Fédération est d’avis que le mouvement syndical est à la croisée des chemins et qu’il faut s’inspirer des expériences de nombreux autres pays occidentaux qui ont déjà été ou sont présentement aux prises avec des gouvernements néolibéraux. « Les organisations syndicales sont essentielles afin de limiter les abus. Et n’en déplaise aux nombreux détracteurs, l’histoire démontre que les gains obtenus par les travailleurs et les travailleuses, au fil du temps, ont été obtenus grâce aux luttes des mouvements ouvriers et syndicaux. L’heure est venue pour notre organisation de voir comment nous pouvons faire les choses autrement. Ainsi, pour que la Fédération demeure une organisation progressiste et toujours à l’avant-garde du mouvement syndical du Québec, il est temps de prendre un moment de réflexion dans le but d’inverser une fois pour toute cette entreprise de démolition des actions des professionnelles en soins. Pour que la FIQ demeure une organisation vivante, forte et faisant la fierté de ses membres, il est temps d’unir nos forces pour renouveler notre action ensemble », a ainsi conclu madame Bonamie.
Pour plus d’information, consultez le site Internet au www.fiqsante.qc.ca/congres
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Profil de la FIQ
La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec – FIQ représente 57 000 professionnelles en soins infirmiers et cardiorespiratoires.