Les organisations syndicales se joignent au Bloc québécois pour réclamer des gestes concrets de Stephen Harper
Montréal, le 8 juin 2008 — Au lendemain d’une tournée du Québec sur la reconnaissance de la nation, le chef du Bloc Québécois, Gilles Duceppe, se dit extrêmement fier et heureux de pouvoir compter sur l’appui de quatre des principales organisations syndicales du Québec dans la démarche de son parti pour traduire en gestes concrets cette reconnaissance de la nation québécoise. Michel Arsenault, président de la FTQ, Pierre Patry, trésorier de la CSN, Louise Chabot, première vice-présidente de la CSQ et Lina Bonamie, présidente de la FIQ, ont joint leur voix à celle du chef du Bloc Québécois pour demander au premier ministre Stephen Harper de remplir sa promesse. Ils ont ainsi voulu manifester leur appui aux initiatives actuellement menées par le Bloc Québécois en matière d’identité, de langue ainsi que de culture. Ces initiatives ont en commun de vouloir consolider en même temps que réaffirmer la vitalité de la nation québécoise.
« À l’impulsion du Bloc Québécois, la Chambre des communes a reconnu, à l’automne 2006, l’existence de la nation québécoise. Malheureusement, plus d’un an plus tard, cette reconnaissance demeure symbolique puisque, dans le cadre canadien, les fondements de la nation québécoise demeurent trop souvent niés. Devant le constat que Stephen Harper n’a aucune volonté politique d’aller au-delà d’une reconnaissance sur papier, le Bloc Québécois est revenu à la charge en ciblant quelques-uns des dossiers les plus urgents en même temps que sensibles pour l’épanouissement de la nation du Québec, c’est-à-dire sa langue, son identité et sa culture. En tant qu’acteurs sociaux déterminants et conscients de l’importance de participer à l’épanouissement de leur nation, les grandes organisations syndicales du Québec ont pour leur part reconnu la nécessité du travail du Bloc Québécois, et c’est pourquoi nous les trouvons aujourd’hui à nos côtés », a commenté le chef du Bloc Québécois.
Pour la protection de la langue française
« Au Québec, la loi 101 ne s’applique pas dans les entreprises sous juridiction fédérale. Or, la langue de travail au Québec, c’est le français. L’Office de la langue française ne peut rien faire lorsqu’un travailleur œuvrant sous juridiction fédérale porte plainte, puisque la loi québécoise ne s’applique pas. C’est pourquoi le Bloc Québécois a proposé une modification au Code canadien du travail pour corriger la situation. Nous avons donc déjà déposé une motion en ce sens et le Parti conservateur de Stephen Harper l’a rejetée. Nous reviendrons à la charge pour que les entreprises sous juridiction fédérale soient soumises à la loi 101 », a expliqué Gilles Duceppe.
Pour l’épanouissement de la culture québécoise
« Dans les lois fédérales, la culture québécoise, ça n’existe pas. C’est pourquoi nous avons par ailleurs déposé un projet de loi permettant de transférer au Québec la maîtrise de ses télécommunications, comme le proposait incidemment Lawrence Cannon lorsqu’il était ministre au sein du gouvernement Bourassa. Ceci fait, le Québec pourrait ainsi se doter d’un Conseil québécois de la radiodiffusion et des télécommunications (CQRT) qui aurait sa propre réglementation en fonction des préoccupations et des intérêts de la nation québécoise », a-t-il enchaîné.
Pour le respect de l’identité québécoise
« Le multiculturalisme canadien rejette l’idée d’une culture commune en encourageant la coexistence de multiples cultures. C’est le fractionnement de la société en une multitude de solitudes. Au Québec par contre, on mise sur l’interculturalisme comme modèle d’intégration, une façon de faire qui pose aux personnes immigrantes l’exigence de l’apprentissage du français comme langue commune, qui insiste sur la nécessité de respecter les valeurs communes et qui reconnaît en contrepartie le pluralisme culturel. La Chambre des communes sera invitée le 18 juin prochain à se prononcer sur le projet de loi du Bloc Québécois permettant au Québec de se soustraire aux exigences de la Loi sur le multiculturalisme pour ériger une politique qui soit conforme à ses impératifs ainsi qu’à ses valeurs », a poursuivi Gilles Duceppe.
Des enjeux qui interpellent les travailleuses et les travailleurs du Québec
« La nation québécoise doit maîtriser tous les instruments qui contribuent à son épanouissement, au même titre que la nation canadienne maîtrise les siens. Voilà pourquoi je suis ici aujourd’hui au nom des travailleuses et des travailleurs membres de la FTQ pour appuyer l’action du Bloc Québécois, afin que la reconnaissance de la nation du Québec se traduise au-delà des mots. Nous avons nos propres façons de faire les choses au Québec parce que nous sommes confrontés à une situation unique. C’est pourquoi le Québec doit profiter d’une marge de manœuvre qui lui est suffisante s’il veut relever les défis qui se poseront devant lui au cours des années à venir », a enchaîné le président de la FTQ, Michel Arsenault.
« La CSN a toujours cru qu’il est de son devoir de se prononcer sur les grands enjeux auxquels le Québec est confronté et c’est pourquoi nous avons tenu à participer à l’événement aujourd’hui, afin d’interpeller le gouvernement fédéral sur les enjeux qui définiront la future nation du Québec. Le modèle du multiculturalisme canadien ne répond pas aux besoins spécifiques du Québec. Nous croyons incidemment que la situation particulière de la nation québécoise la force à se donner une politique d’intégration qui lui est propre, qui est différente de l’identité canadienne », a repris pour sa part le porte-parole de la CSN, Pierre Patry.
« La CSQ considère que la Loi 101 est les geste le plus important du gouvernement du Québec pour la sauvegarde et la défense du français depuis les 40 dernières années. La loi nous a permis de faire du français la langue publique commune du Québec. Nous sommes profondément convaincus que les événements des dernières années nous ont démontré de façon éloquente la nécessité pour le Québec de contrôler tous ses leviers en matière de culture », a renchéri la porte-parole de la CSQ, Louise Chabot.
« Lorsqu’il a identifié le Québec comme une nation, le premier ministre Stephen Harper a reconnu que les problématiques auxquelles le Québec est confronté ne sont pas les mêmes que celles des provinces canadiennes. Or, pour faire face à ces défis, le Québec doit disposer des outils qui lui sont nécessaires, autant au plan de l’épanouissement de sa culture, de sa politique d’immigration ou encore de la protection de sa langue. Les conservateurs ont ainsi ouvert une porte, mais ils refusent d’en franchir le seuil », a enfin lancé la présidente de la FIQ, Lina Bonamie.
Des votes déterminants
« En reconnaissant la nation québécoise, les partis canadiens, en particulier le Parti conservateur de Stephen Harper, ont l’obligation d’agir. Les prochains votes sur nos projets de loi seront déterminants. L’accueil qui sera notamment réservé à notre projet de loi voulant forcer le gouvernement fédéral à exempter le Québec des obligations de la Loi sur le multiculturalisme canadien, le 18 juin prochain, constituera un test extrêmement révélateur de la sincérité des conservateurs. Un rejet de la part du gouvernement Harper représenterait un fort mauvais signe à la veille de la Fête nationale des Québécoises et des Québécois. Si les conservateurs refusent toujours de bouger, les Québécoises et les Québécois devront conclure que le fédéralisme d’ouverture de Stephen Harper et la reconnaissance de la nation québécoise n’étaient que de l’hypocrisie destinée à les tromper », a conclu Gilles Duceppe.