Reprise des travaux à l’Assemblée nationale : Les leaders syndicaux du SISP réclament une intervention économique ferme du gouvernement Chares
Québec, le 20 octobre 2008 — À quelques heures de l’ouverture d’une nouvelle session parlementaire à Québec, les dirigeants syndicaux des organisations membres du Secrétariat intersyndical des services publics (SISP) ont fait leurs recommandations au gouvernement Charest afin de réduire les effets nocifs du ralentissement économique à prévoir.
« La crise financière mondiale actuelle montre les limites du modèle néolibéral avec lequel ont flirté plusieurs gouvernements au cours des dernières années, dont le gouvernement libéral de Jean Charest. Notre économie fait face à un danger de récession. Dans ce contexte, nous pressons le gouvernement du Québec de se montrer proactif », ont déclaré en conférence de presse aujourd’hui Réjean Parent de la CSQ, Michèle Boisclair de la FIQ, Lucie Martineau du SFPQ, Dominique Verreault de l’APTS et Gilles Dussault du SPGQ.
« Nous sommes actuellement témoins de la fausseté du discours de l’Institut économique de Montréal et du Conseil du patronat qui prônent la non-intervention de l’État dans l’économie et réclament une plus grande réduction de l’appareil étatique. La crise financière, qui frappe de plein fouet les États-Unis, est justement une conséquence de ce qui arrive lorsque seul le laisser-faire gère l’économie », a expliqué Réjean Parent au nom du SISP.
Trois types d’interventions suggérées
M. Parent soutient que, puisque de toute évidence, l’autorégulation de l’économie ne fonctionne pas, on voit partout dans le monde des gouvernements et des banques centrales intervenir pour essayer de reprendre le contrôle. Au Québec, des gestes concrets peuvent être posés et le SISP recommande au gouvernement Charest d’intervenir de trois façons.
Accélération des projets d’investissement
Le porte-parole du SISP mentionne que la première intervention souhaitée est une accélération des projets d’investissement du gouvernement du Québec.
« Si l’on veut contrer les menaces de ralentissement économique, l’État doit prendre la relève du secteur privé en jouant un rôle plus actif dans l’économie. Ainsi, davantage de ressources pourraient être consacrées à la restauration et au développement des infrastructures publiques, en particulier les écoles et autres établissements des réseaux de l’éducation, les hôpitaux et autres établissements de santé et de services sociaux, les équipements médicaux, les routes, ponts et viaducs, mais aussi les infrastructures municipales dont le transport en commun, la culture, la recherche, le logement social, les aqueducs et équipements de traitement des eaux usées, etc. », élabore M. Réjean Parent.
Le porte-parole du SISP précise que le gouvernement du Québec pourrait faire un effort supplémentaire sans affecter pour autant la situation des finances publiques.
« Même si les investissements vont être augmentés sensiblement dans le cadre du Plan québécois des infrastructures 2007-2012, il reste que les investissements nets du gouvernement, c’est-à-dire les investissements moins les dépenses d’amortissement, totalisent 3 milliards $ cette année, soit à peine l’équivalent de 1 % du PIB. C’est ce montant, qui n’a rien d’excessif, qui s’ajoute à la dette publique. Dans les circonstances actuelles, cette proportion pourrait être relevée sans compromettre la poursuite de la réduction du poids économique de la dette », mentionne M. Parent.
Réinvestir dans les grandes missions de l’État
M. Réjean Parent appelle de plus le gouvernement Charest à mettre fin aux compressions budgétaires au sein de l’appareil étatique pour plutôt réinvestir dans les grandes missions de l’État. À son avis, lorsque le secteur privé faiblit, comme c’est le cas présentement, il revient à l’État de compenser en soutenant l’activité économique par des dépenses plus élevées.
« Ce n’est certainement pas en continuant à couper des postes dans la fonction publique qu’on va éviter un ralentissement de l’économie québécoise. Il faut donc mettre fin à la politique de non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux qui part pour la retraite. Le manque de personnel est également flagrant en santé et services sociaux et en éducation. Il faut donc troquer les postes précaires et à temps partiel par des postes permanents et à temps plein, d’autant plus que les besoins sont bien réels. Essentiellement, le gouvernement doit profiter de l’occasion pour réinvestir en santé et services sociaux, en éducation, de même que dans l’ensemble des services publics », soutient le porte-parole du SISP.
M. Parent ajoute que ce n’est surtout pas le temps de concocter ou même de lancer des projets en partenariat public-privé dont les coûts sont très aléatoires pour obtenir des résultats qui demeurent peu concluants.
Des mesures de soutien pour les travailleuses et les travailleurs, ainsi que les industries
En dernier lieu, M. Parent croit que le gouvernement du Québec a le devoir de prendre les moyens nécessaires pour soutenir les personnes et les industries affectées par la crise.
« La crise que nous traversons est exceptionnelle par son ampleur et exige donc que l’on prenne des moyens exceptionnels pour aider les victimes. Il faut faire plus que les recours habituels. Cela veut dire notamment aider celles et ceux qui perdent leur emploi et bonifier les mesures de lutte contre la pauvreté. Des programmes de soutien audacieux doivent être mis au point pour soutenir le secteur manufacturier et les régions-ressources. D’ailleurs, certains aspects du Plan d’action en faveur du secteur manufacturier pourraient être bonifiés. Par exemple, le gouvernement pourrait améliorer le crédit d’impôt à la formation de la main-d’œuvre pour lequel il a réservé 30 millions $, ainsi que les dispositions sur l’embauche de travailleurs affectés à l’innovation », recommande le dirigeant syndical.
Le gouvernement doit prendre ses responsabilités
M. Réjean Parent exhorte le gouvernement Charest à prendre ses responsabilités et à jouer un rôle concret au cours des prochains mois pour que l’État redevienne un acteur central dans l’économie québécoise.
« Ces mêmes gens d’affaires, banquiers et économistes de droite qui, hier, dénonçaient l’État providence réclament aujourd’hui à hauts cris l’intervention des gouvernements et des banques centrales pour sauver le système économique. Les apôtres de la privatisation à tout prix sont en train de réaliser l’importance d’avoir un gouvernement proactif dans l’économie pour protéger leurs intérêts socioéconomiques. »
Profil du SISP
Le SISP regroupe 300 000 membres, issus de cinq organisations syndicales (CSQ, FIQ, SFPQ, APTS et SPGQ), dont près de 245 000 proviennent des secteurs public, parapublic et péripublic. La CSQ représente près de 160 000 membres, dont plus de 100 000 œuvrent au sein des secteurs de l’éducation et de la santé. La FIQ regroupe 57 000 membres du secteur de la santé. Le SFPQ représente 43 000 membres, dont 40 000 sont issus de la fonction publique québécoise. Quant à l’APTS, elle représente 26 000 travailleuses et travailleurs occupant des postes professionnels ou techniques au sein du réseau public de la santé et des services sociaux. Pour sa part, le SPGQ regroupe plus de 19 000 personnes de la fonction publique, des sociétés d’État, des réseaux de l’éducation et de la santé du Québec.