Une sacoche bien garnie pour la ministre… qu’elle ne fait qu’entrouvrir
Montréal, le 4 novembre 2008 — Les dirigeants syndicaux des organisations membres du Secrétariat intersyndical des services publics (SISP) ont réagi aujourd’hui à la mise à jour de la situation financière et économique du Québec, présentée par la ministre des Finances et présidente du Conseil du trésor, Mme Monique Jérôme-Forget.
« Nous sommes heureux de la bonne santé financière du Québec dans le contexte actuel et nous constatons, sans grande surprise, que les marges de manœuvre sont toujours au rendez-vous à la veille d’une campagne électorale. La ministre des Finances a certes une sacoche bien garnie, mais elle ne fait que l’entrouvrir », affirme le président de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Réjean Parent, au nom du SISP.
Des mesures fortement électoralistes
Dans sa mise à jour, le gouvernement se limite à injecter 49 millions $ de plus en 2008 et 117 millions de plus en 2009, une augmentation minime de 0,2 % des dépenses de programmes (Tableau 14). Pour le porte-parole du SISP, Réjean Parent, « les mesures proposées, à saveur fortement électoraliste, rejoignent à peu près tous les secteurs de la société et traduisent une certaine écoute de la part du gouvernement quant aux représentations des divers acteurs sociaux, dont les nôtres. Nous doutons toutefois qu’elles produisent des effets de stimulation sensibles sur une économie qui ralentit. »
La pleine indexation : une demande depuis belle lurette
Le SISP se réjouit de l’annonce de la décision d’indexer pleinement les prestations d’aide sociale versées aux ménages aptes au travail à compter de 2009. « C’est une revendication que nous mettons de l’avant depuis longtemps, aux côtés des organismes de lutte contre la pauvreté », affirme le représentant syndical. Toutefois, pour ce qui est de l’indexation du régime d’imposition, il s’agit d’un automatisme qui dépend de l’inflation et dont le gouvernement peut difficilement s’attribuer le mérite.
Des mesures qui doivent obtenir l’assentiment du fédéral
Le SISP tient à saluer les initiatives visant la protection des personnes retraitées, comme la majoration de 1500 $ à 2000 $ du montant servant au calcul du crédit d’impôt pour revenus de retraite, ainsi que la proposition de reporter de 71 ans à 73 ans l’âge pour puiser dans les REER et RPA. « C’est bien beau tout ça, mais il faut maintenant que le gouvernement fédéral ajuste sa législation à cet égard », ajoute Réjean Parent. Le SISP accueille aussi positivement les initiatives pour assurer la solvabilité des régimes complémentaires de retraite (RCR), et ce, même si les modalités restent à déterminer.
Une autre mesure dépendant du gouvernement fédéral vise à autoriser un report de l’obligation de rembourser les sommes retirées d’un REER dans le cadre d’un régime d’accès à la propriété (RAP). « Cette mesure viendra sans doute alléger le fardeau de personnes s’en étant prévalues, mais ce coup de pouce ne rejoint pas les autres ayant un prêt hypothécaire sans mesure gouvernementale pour les soutenir », ajoute le représentant syndical.
Le Secrétariat intersyndical aurait aussi souhaité plus de précisions concernant l’accélération des investissements dans les infrastructures au sujet des programmes de prêts et de garanties de prêts aux PME.
« Il est clair pour nous que ces mesures sont nettement insuffisantes pour faire face aux effets néfastes à prévoir avec le ralentissement économique. Nous craignons également qu’elles servent de prétexte au lancement d’une campagne électorale déjà fort engagée avec la présentation, depuis quelques jours, de plusieurs annonces et plans d’action gouvernementaux », conclut Réjean Parent.
Profil du SISP
Le SISP regroupe 300 000 membres, issus de cinq organisations syndicales (CSQ, FIQ, SFPQ, APTS et SPGQ), dont près de 245 000 proviennent des secteurs public, parapublic et péripublic. La CSQ représente près de 160 000 membres, dont plus de 100 000 œuvrent au sein des secteurs de l’éducation et de la santé. La FIQ regroupe 57 000 membres du secteur de la santé. Le SFPQ représente 43 000 membres, dont 40 000 sont issus de la fonction publique québécoise. Quant à l’APTS, elle représente 26 000 travailleuses et travailleurs occupant des postes professionnels ou techniques au sein du réseau public de la santé et des services sociaux. Pour sa part, le SPGQ regroupe plus de 19 000 personnes de la fonction publique, des sociétés d’État, des réseaux de l’éducation et de la santé du Québec.