Mode PPP : le loup dans la bergerie
Alors que la grippe A(H1N1) fait la manchette des quotidiens depuis des mois, une autre pandémie assez sévère progresse sans que le gouvernement propose une campagne de vaccination massive. En effet, l’année qui s’achève aura été marquée par les nombreux scandales éthiques et financiers ayant éclaboussé tous les paliers de gouvernement, que ce soit fédéral, provincial ou municipal.
Depuis des années, les tenants du néolibéralisme persistent à faire valoir sur toutes les tribunes que le secteur privé est plus efficace et serait un meilleur gestionnaire des deniers publics. S’appuyant sur ce mythe, la classe politique s’est donc appliquée à éliminer, une à une, les entraves à une collaboration étroite entre l’État et l’entreprise privée. Pourtant, la mise en place d’une fonction publique forte, compétente et indépendante dès les années 60 visait justement à éviter que les décisions collectives relèvent de l’arbitraire, du favoritisme et du copinage. Déjà à ce moment, il était évident que dégarnir la fonction publique et alléger le cadre réglementaire régissant les relations entre politiciens et entreprises privées allaient mener à la situation actuelle.
Les faits révélés dans le dernier rapport du Vérificateur général du Québec au sujet des analyses de l’Agence des PPP s’inscrivent dans cette logique. Ainsi, il est démontré que l’Agence a orienté les études et manipulé les chiffres afin de dépeindre la formule PPP comme un incontournable pour la construction du CHUM et du CUSM. Dans ce même rapport, monsieur Renaud Lachance souligne qu’en ajoutant un soupçon de transparence et de rigueur, la formule traditionnelle publique apparaît largement plus favorable, adaptée et économique pour la réalisation de ces grands projets.
Or, le mandat de l’Agence des PPP portait en lui-même le germe du conflit d’intérêts, puisqu’il consistait en l’évaluation de la pertinence des PPP et en sa promotion. Il est vrai que cet exercice a été confié à des firmes d’experts, mais faut-il rappeler que la majorité du personnel de l’Agence provenait justement de ces firmes? Bref, le loup a tout simplement été invité à entrer dans la bergerie. Comment s’étonner alors que plusieurs moutons manquent maintenant à l’appel?
Même si la façon de faire de l’Agence des PPP est montrée du doigt avec raison, c’est cependant le gouvernement qui doit en porter la responsabilité. Il ne peut invoquer l’ignorance, puisqu’il a lui-même érigé le cadre de cette duperie. Il a donné son aval aux travaux de l’Agence et maintenant, alors que ce gaspillage de fonds publics a été démasqué, il entend poursuivre dans cette voie.
Tout le monde s’entend pour dire que le gouvernement doit reculer, y compris les représentants du secteur privé comme les ingénieurs, les architectes et les entrepreneurs. Le gouvernement ne peut plus faire la sourde oreille. Le mode PPP doit être abandonné et les projets du CHUM et du CUSM doivent être réalisés en mode traditionnel.
En plus d’avoir une position inadéquate dans le dossier des PPP, le gouvernement refuse de mettre en place une commission d’enquête sur l’octroi des contrats de construction de routes. Force est donc de constater qu’il cautionne les fonctionnements douteux. Dans ce contexte, je vous invite à profiter du temps des Fêtes pour discuter avec votre famille et vos proches de l’attitude inacceptable du gouvernement du Québec qui semble plus soucieux de laisser les amis du régime s’enrichir que de veiller aux intérêts de la population.
Joyeuses Fêtes!