Les sirènes du libre marché contre-attaquent
Montréal, le 28 janvier 2010 –
Après avoir pris connaissance du Fascicule 2 du Comité consultatif sur l’économie et les finances publiques, la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec – FIQ dénonce avec véhémence les constats autant que les solutions préconisées. Bien que très en colère, la FIQ n’est pas surprise du résultat des travaux d’un comité formé d’économistes connus depuis longtemps pour leur foi aveugle envers les mécanismes du marché et leur aversion envers les services de l’État aux citoyens.
Pour Régine Laurent, présidente de la FIQ, « Ce comité tente bêtement de remettre au goût du jour les idées des “lucides” en se servant de la crise économique pour appuyer leur discours catastrophe sur les finances publiques. Les auteurs nous servent à nouveau la recette néolibérale qui est pourtant responsable de la crise. Comment peuvent-ils sérieusement affirmer que les choix publics doivent être dépolitisés en les confiant à des Agences indépendantes alors que l’Agence des PPP qui devait être si avantageuse pour le Québecois leur coûtera des centaines de millions supplémentaires? »
Dans le secteur de la santé et des services sociaux, le Comité consultatif de l’économie et des finances publiques remet sur la table les recommandations du Groupe de travail sur le financement du système de santé, présidé par Claude Castonguay. Ce dernier propose de passer d’une allocation budgétaire basée sur une méthode historique à un financement fondé sur l’activité. Or, ce mode de financement déjà utilisé notamment en Grande‑Bretagne et en France désavantage les milieux ruraux et les milieux défavorisés et constitue une voie rapide vers la privatisation.
Comme dans le rapport Castonguay, le comité consultatif propose aussi d’évaluer la performance du réseau de la santé et des services sociaux. Il propose que ce rôle soit confié à l’institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS) dont le projet de loi est à l’étude actuellement. Le comité déplore que le projet de loi 67 ne reprenne pas la recommandation sur la révision du panier des services assurés publiquement. Or, une désassurance de services actuellement inclus dans le panier ouvrirait automatiquement un champ d’intervention rêvé pour l’industrie de l’assurance privée. Il est clair que le comité consultatif privilégie cette avenue puisqu’il suggère que, comme aux Pays-Bas, le financement passe par les assureurs privés.
« C’est une privatisation active du système de santé, qui est visée par ces propositions. Le fait que le Comité consultatif prétende ne pas remettre en cause le panier de services publics n’a rien de rassurant. En effet, les méthodes de financement suggérées, associées à l’évaluation de la performance des services publics, traduisent le véritable objectif des auteurs à savoir, le démembrement du réseau de la santé public. Avec ces recommandations en poche, le ministre Bolduc respectera-t-il sa parole donnée en commission parlementaire sur le projet de loi 67 à l’effet qu’il ne touchera pas le panier de services? Rien n’est acquis à ce chapitre», a déclaré Régine Laurent.