Le financement des services publics est transféré à la classe moyenne et aux plus démunis
Montréal, le 30 mars 2010 – Pour la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec – FIQ, le gouvernement libéral fait à nouveau la démonstration de sa volonté de transférer le financement des services publics vers la classe moyenne et les plus démunis. Au premier chef, la FIQ est consternée par la mise en place d’une « contribution » allant jusqu’à 200 $ pour tous les adultes du Québec à partir de 2012, et ce, sans aucune amélioration prévisible des services actuels.
Pour la présidente de la FIQ, Régine Laurent, « le gouvernement tente clairement de récupérer les 950 millions qu’il a consentis aux plus riches lors de la dernière campagne électorale. En agissant ainsi, le gouvernement puise dans le portefeuille des familles et des plus démunis pour financer ses cadeaux aux privilégiés, et cette logique sera renforcée par l’application d’un ticket modérateur qu’il entend mettre de l’avant. Ce n’est pas une solution à une prétendue impasse budgétaire, c’est un choix idéologique qui met en péril la solidarité sociale et ce sont les femmes en particulier qui risquent d’en faire les frais. De plus, si le gouvernement voulait vraiment contrôler ses dépenses, pourquoi ne cesse-t-il pas de recourir aux entreprises privées de placement en soins, notoirement dispendieuses et inefficaces? », questionne madame Laurent.
En faire plus avec moins
Par ailleurs, en regard de l’amélioration des services de santé, la Fédération estime qu’il est hautement improbable d’y arriver sans une amélioration substantielle des conditions de travail dans lesquelles œuvrent les travailleuses et travailleurs de la santé, et en particulier les professionnelles en soins. Dans le contexte actuel de pénurie de main-d’œuvre, la marge de manœuvre est pratiquement inexistante et penser faire plus avec moins ne saurait être envisagé. Malgré le fait que le ministre de la Santé ait voulu se faire rassurant, des inquiétudes subsistent quant à l’intention du gouvernement d’adopter, à court terme, des solutions concrètes pour améliorer l’organisation du travail. En plus, il privilégie les méthodes de gestion LEAN ou Toyota qui, pourtant, ont des conséquences désastreuses dans plusieurs établissements de santé. « Par exemple, une étude récente effectuée par Angelo Soares de l’École de gestion de l’UQAM auprès des travailleuses et travailleurs de la santé du CSSS Ahuntsic-Montréal-Nord révèle que 40 % des salariées présentent des symptômes de détresse psychologique élevée, que 65 % d’elles éprouvent un sentiment d’injustice et que presque une travailleuse sur quatre prévoit quitter son emploi dans la prochaine année. « Le gouvernement doit être interpellé par des chiffres aussi inquiétants et agir rapidement afin de mettre fin au désespoir vécu par les professionnelles en soins sur le terrain », de poursuivre madame Laurent.
Enfin, la FIQ s’explique très mal que le gouvernement ait enchâssé dans le budget son offre salariale aux employés du secteur public alors que la veille du discours, ses représentants avaient un ton d’ouverture à l’égard des organisations du Front commun. Il est difficile de croire qu’il y a une réelle marge de manœuvre pour la négociation des conventions collectives.
À propos de la FIQ
La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec – FIQ représente 58 000 membres soit, la grande majorité des professionnelles en soins infirmiers et cardiorespiratoires œuvrant dans les établissements publics québécois.