La direction balance des fortunes dans le secteur privé sans considération aux conditions de travail des professionnelles et à la qualité des soins offerts à la population
Saint-Jérôme, le 28 avril 2010 – La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec – FIQ et le Syndicat des professionnelles en soins de Saint-Jérôme ont organisé aujourd’hui un rassemblement devant l’Hôpital régional de Saint-Jérôme afin de dénoncer le recours abusif de l’employeur à des entreprises issues du secteur privé, la position de conflit d’intérêts dans laquelle se retrouve la direction et les conditions de travail médiocres avec lesquelles les professionnelles en soins du CSSS de Saint-Jérôme doivent composer.
En décembre dernier, la direction générale du CSSS de Saint-Jérôme a annoncé la nomination de la docteure Lucie Poitras à titre de directrice des services professionnels par intérim. L’employeur a toutefois omis de préciser que madame Poitras occupe également la fonction de vice-présidente à la firme d’experts-conseils CIM (Conseil en immobilisation & management inc.). « Il est plutôt douteux que l’employeur ait passé sous silence ce “léger” détail alors qu’il recourt fréquemment aux services de cette firme. Comment ne pouvons-nous pas conclure qu’il y a conflit d’intérêts lorsqu’on prend en considération de tels faits? Pendant que la direction laisse dépérir les conditions de travail des professionnelles en soins du réseau public, elle octroie de jolies sommes d’argent à des firmes externes, dont une est directement reliée à la directrice des services professionnels de l’établissement! », de s’exclamer Nancy Moss, présidente du syndicat local.
Et c’est sans compter les montants faramineux octroyés aux entreprises privées de placement en soins. Pour 2007-2008, c’est plus de 4 millions de dollars qui ont été dépensés par le CSSS. En 2008-2009, le montant s’élève à plus de 4,5 millions. Les entreprises privées sont omniprésentes dans les établissements du CSSS. « La situation ne va qu’en s’aggravant et la direction en est responsable pour une large part puisqu’elle encourage fortement ce dérapage vers la sphère privée, et ce, afin de combler ses propres intérêts », de poursuivre madame Moss.
Du côté des professionnelles en soins du CSSS, elles font face à des conditions d’exercice difficiles qui les contraignent bien souvent à effectuer des heures supplémentaires. Plusieurs postes ont également été abolis.
« Dans un tel contexte, comment pouvons-nous aspirer à attirer la relève et à convaincre le personnel en place de rester? La priorité de l’employeur n’est nettement pas d’améliorer les conditions de travail des professionnelles et d’assurer à la population de la région des services de santé de qualité, mais bien d’encourager le secteur privé avec lequel il partage certaines affinités. Le ministre de la Santé, monsieur Bolduc, semble s’inspirer de cette même idéologie, j’en ai bien peur », de déclarer Brigitte Fauteux, vice-présidente de la FIQ.
Pour la Fédération, l’inaction du gouvernement a assez duré. Le ministre doit démontrer sa réelle volonté de négocier pour améliorer le sort des professionnelles en soins. Les besoins du réseau de la santé public sont criants et il est donc urgent de trouver des solutions qui puissent réellement favoriser l’attraction et la rétention du personnel infirmier et cardiorespiratoire. « Ce n’est certainement pas en tolérant des situations de conflits d’intérêts dans les établissements et en favorisant le recours aux entreprises privées de placement en soins que nous améliorerons le réseau de santé public! La mainmise du privé dans le système de santé doit cesser pour le bien de tous et nos professionnelles en soins doivent enfin recevoir le respect qu’elles méritent », de conclure madame Fauteux.
À propos de la FIQ
La FIQ représente 58 000 membres, soit la grande majorité des professionnelles en soins infirmiers et cardiorespiratoires œuvrant dans les établissements de santé publics québécois.