Un mauvais budget qui risque de fragiliser encore plus les services publics
Montréal, le 18 mars 2011 — Les représentantes et les représentants syndicaux du Secrétariat intersyndical des services publics (SISP) sont extrêmement déçus du budget du gouvernement Charest, car ils considèrent qu’il poursuit sa logique de fragiliser encore plus les services publics déjà suffisamment mis à mal.
« Le gouvernement fait le mauvais choix en refusant d’opter pour une approche plus graduelle du retour à l’équilibre budgétaire. Cela permettrait de mieux financer les services publics et les programmes sociaux tout en permettant un meilleur soutien de l’État à l’économie », a indiqué la porte-parole du SISP, Dominique Verreault.
Une détérioration de la qualité des services publics
En santé et services sociaux, le SISP est outré de constater que le budget maintient les mesures inéquitables du budget de l’an dernier, dont la « taxe santé » de 200 $. Cette taxe est profondément injuste, car elle touche tout le monde de la même manière, peu importe le revenu. De plus, les femmes s’en trouvent particulièrement touchées puisqu’elles sont en majorité les utilisatrices de ces services et que, bien souvent, elles se retrouvent dans une situation où elles ne peuvent s’en priver.
Lors des consultations prébudgétaires, le SISP avait mentionné son inquiétude quant à la capacité du gouvernement de maintenir les grandes missions de l’État, notamment en santé et en éducation. Les compressions et le manque d’investissement laissent plutôt présager une détérioration de la qualité des services. Il n’y a rien dans ce budget pour favoriser la persévérance scolaire et la réussite éducative, et ce n’est pas avec les revenus de la taxe santé que le gouvernement réussira à régler les problèmes et les défis du réseau de la santé et des services sociaux.
On ratatine encore la fonction publique
Le Secrétariat déplore aussi que le budget impose de nouvelles compressions en diminuant les effectifs de près de 900 ETC. Il est évident que cela n’améliorera pas les retards dans le traitement des demandes et des dossiers en attente. De plus, la politique de non-remplacement d’un départ sur deux à la retraite depuis 2003 a contribué à diminuer de quelque 4 200 le nombre de personnes parmi les effectifs réguliers des fonctionnaires ainsi qu’à précariser les emplois dans la fonction publique québécoise, ce qui n’aide en rien à la prestation de services et contribue à augmenter le recours à la sous-traitance plus coûteuse pour les citoyens.
Régime de rentes du Québec
Le SISP est d’avis que les conditions actuelles et futures du Régime de rentes du Québec justifient la nécessité d’une certaine hausse des cotisations pour assurer la pérennité du régime. « Nous déplorons toutefois la dégradation des bénéfices, entre autres, l’accroissement de la pénalité pour les personnes prenant leur retraite avant 65 ans. Encore ici, ce sont les femmes qui en supporteront davantage les conséquences, tout comme les travailleuses et les travailleurs à faible revenu », ajoute Dominique Verreault.
Un manque de vision flagrant
Pour le Secrétariat, plusieurs mesures manquent totalement de vision, notamment l’augmentation des frais de scolarité qui est un frein à l’accessibilité aux études. Plutôt que d’instituer un 4e palier d’imposition, comme nous l’avons proposé et qui aurait rapporté 950 millions de dollars supplémentaires, le gouvernement a choisi de hausser les frais de scolarité qui lui rapporteront 265 millions. De plus, au moment où le gouvernement fait des pieds et des mains pour combler les besoins futurs de main-d’œuvre, son choix de nuire à l’accessibilité apparaît clairement un non-sens.
Des consultations prébudgétaires bidon
Les représentantes et les représentants du SISP sont choqués que le gouvernement n’ait pas entendu le message des 55 000 personnes qui ont manifesté il y a quelques jours pour lui demander de changer de cap. Ils sont également déçus que le ministre des Finances n’ait pas repris les propositions et les recommandations qu’ils ont formulées à l’occasion des consultations prébudgétaires pour soutenir l’économie et augmenter les revenus de l’État. « À la lecture de ce budget, on peut se demander si les consultations budgétaires ne constituent pas un processus bidon puisque les choix du gouvernement ne reflètent pas les positons des nombreux groupes qui l’ont rencontré et qui demandaient une plus grande équité », conclut la porte-parole du SISP.
Profil du SISP
Le SISP regroupe 330 000 membres issus de cinq organisations syndicales (CSQ, FIQ, SFPQ, APTS et SPGQ) et dont la très grande majorité provient des secteurs public et parapublic. La Centrale des syndicats du Québec (CSQ) représente 180 000 membres travaillant dans les secteurs de l’éducation, de la santé et des services de garde. La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) regroupe 60 000 membres du secteur de la santé. Le Syndicat de la fonction publique du Québec (SFPQ) représente 43 000 membres, dont 40 000 sont issus de la fonction publique québécoise. L’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) représente 27 000 travailleuses et travailleurs occupant des postes professionnels ou techniques au sein du réseau public de la santé et des services sociaux. Quant au Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ), il représente plus de 20 000 personnes qui sont au service de la fonction publique, des sociétés d’État, des réseaux de l’éducation et de la santé du Québec.