De l’attente dans les urgences et de la pensée magique
En commission parlementaire, le 24 août 2011, le directeur général de l’Agence de la santé et des services sociaux de Montréal, David Levine, s’est engagé à rien de moins que d’éliminer les attentes de plus de 24 heures dans les urgences de Montréal d’ici 2015.
Comment Monsieur Levine compte-t-il réaliser cet engagement en moins de quatre ans alors que le gouvernement Charest, huit ans après en avoir fait sa principale priorité, n’a toujours pas réussi ne serait-ce qu’à inverser une tendance qui, si elle était inquiétante à l’époque, est aujourd’hui carrément dramatique.
Pourquoi, maintenant, en 2011, devrait-on croire à l’idée magique que le problème va se résorber d’ici 2015 alors que les mêmes préoccupations subsistent depuis déjà plusieurs années?
À entendre Monsieur Levine nous défiler une série de conditions sur lesquelles il a très peu d’emprise mais qui devront nécessairement être remplies pour qu’il puisse espérer atteindre son objectif, j’avais plutôt l’impression d’observer quelqu’un préparant la liste des motifs qui serviront, en 2015, à justifier un nouvel échec.
Monsieur Levine attend-t-il réellement un appui quelconque de son ministre, Yves Bolduc, qui déclarait encore, il y a quelques jours, que la main-d’œuvre en place dans le réseau de la santé peut très bien compenser les effets de la pénurie de personnel puisque « c’est un réseau où les gens sont des gens de cœur ». Les tâches d’un ministre de la Santé nécessitent plus que de la pensée magique!
Monsieur le ministre, je vous mets au défi d’aller rencontrer l’une des trop nombreuses professionnelles en soins au bord de l’épuisement et lui expliquer qu’après avoir redoublé d’efforts depuis tant d’années, elle devra maintenant quadrupler, voire quintupler ces efforts parce qu’elle a du cœur.
Fort à parier qu’elle vous répondra par cette question : « Et vous, Monsieur le ministre, en avez-vous? ».
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