Ça se fait sur le dos des travailleurs, monsieur le ministre!
J’étais hors de moi, le 2 mars au matin, alors que je prenais connaissance d’un article du journal Le Devoir où le ministre des Ressources naturelles prend parti pour l’employeur dans le conflit de travail opposant Rio Tinto Alcan et les travailleurs de son usine d’Alma. Sous prétexte qu’il est économiste, Clément Gignac fait l’apologie de la sous-traitance, oubliant du même coup qu’il est maintenant ministre et qu’il ne devrait pas se prononcer à la légère sur un tel sujet.
Dieu merci, monsieur Gignac s’occupe de ressources naturelles et non pas de ressources humaines : c’est au moins un petit soulagement! Quoi qu’à constater avec quelle aisance le Plan Nord des libéraux semble en voie de se transformer en une grande braderie de nos ressources au profit des multinationales, la consolation sera de courte durée.
Revenons toutefois à nos moutons. Le ministre Gignac affirme donc que la sous-traitance permet la compétitivité des entreprises, mais il omet de dire que celle-ci se fait sur le dos des travailleurs. En effet, les entreprises sous-traitantes fournissent à Rio Tinto Alcan une main-d’œuvre qui est payée deux fois moins cher que ses travailleurs syndiqués. Pour éviter des conflits dus à ces iniquités flagrantes, on a même prévu de faire travailler les deux groupes sur des quarts différents afin qu’ils se croisent le moins possible.
Si Marc Maltais, président du Syndicat des travailleurs de l’usine d’Alma, « démonise » la sous-traitance, pour reprendre les propos du ministre Gignac, c’est peut-être, comme le disent certains, que « le diable est aux vaches ».
La population finance déjà grandement Rio Tinto Alcan et d’autres entreprises qui engrangent des profits faramineux. Doit-elle en plus devenir une quasi bête de somme, au service de ces millionnaires sans scrupule et sans conscience citoyenne?
Que les électeurs du comté du député Gignac se le tiennent pour dit. Le message qu’il envoie est clair : « au diable la classe moyenne et tout pour l’industrie! »
Les professionnelles en soins mènent un combat semblable dans le secteur de la santé et, n’eut été de leurs revendications, le gouvernement Charest continuerait à enrichir les agences privées de placement tout en fermant les yeux sur les effets pervers que cela peut avoir sur les travailleuses et les patient-e-s. Dans le présent contexte, on peut vraiment dire que la FIQ veille au grain!