Deux infirmières auxiliaires de la FIQ témoignent de la gravité de la situation
MONTRÉAL, le 9 mars 2012 /CNW Telbec/ – Compte tenu des nombreux dysfonctionnements relevés dans les CHSLD et reportés récemment dans les médias, la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec – FIQ juge qu’il est impératif d’intervenir dans le dossier en dénonçant la gestion déficiente des employeurs et en sommant le ministre de la Santé et des Services sociaux de mettre en place les dispositions nécessaires permettant d’offrir aux patient-e-s des soins sécuritaires et de qualité.
La gravité de la situation s’explique en grande partie par une mauvaise gestion de l’employeur qui, par contrainte budgétaire, sabre littéralement dans les ressources humaines et matérielles, et ce, au détriment de personnes âgées vulnérables. « Nous sommes à même de constater les ravages de cette gestion inhumaine sur le terrain. Deux infirmières auxiliaires œuvrant dans des centres d’hébergement ont d’ailleurs accepté de parler ouvertement et publiquement de cette réalité difficile, voire intenable, avec laquelle elles doivent composer sur une base quotidienne et qui a de fâcheuses conséquences sur la qualité des soins dispensés aux résident-e-s », de déclarer Régine Laurent, présidente de la FIQ.
Elizabeth Rich, infirmière auxiliaire chef d’équipe dans un centre d’hébergement de Montréal, est très bien placée pour en témoigner. « De mai à octobre 2011, les infirmières auxiliaires réclamaient un quinze minutes de chevauchement à la fin de leur quart pour transmettre les données à leur collègue qui prenait la relève et pour faire le décompte des narcotiques sur toutes les unités. À compter d’octobre, ne voulant plus débourser une somme supplémentaire pour la réalisation de ces tâches, l’employeur a tout simplement demandé aux infirmières auxiliaires de ne plus faire la transmission des données ni le décompte, ce qui a évidemment engendré des problèmes liés à l’inventaire. L’infirmière auxiliaire qui prend la relève n’a d’ailleurs plus un suivi aussi rigoureux sur les patient-e-s. Voilà une démonstration assez éloquente de l’évacuation complète de tous aspects humains sous un prétexte purement financier », de s’exclamer madame Rich.
Sonia Mancier, infirmière auxiliaire dans un CHSLD de la Montérégie renchérit dans le même sens. « Nous devons, jour après jour, travailler avec une clientèle vulnérable composée d’ainé-e-s et de personnes souffrant de multiples pathologies, de maladies dégénératives, de démence de type Alzheimer, de Parkinson, etc. En plus d’avoir besoin de stabilité, ces résident-e-s ont bien souvent une famille qui elle aussi a besoin d’être rassurée et informée. Expliquez-moi comment c’est possible lorsque les professionnelles en soins sont constamment en nombre insuffisant et qu’il y a un très fort taux de roulement en raison du recours à du personnel d’agences privées qui, par son statut, n’est pas en mesure de tisser des liens avec les résident-e-s. Et c’est sans compter le surplus de travail que ça génère pour le personnel régulier! », de dénoncer madame Mancier.
Cela va sans dire, l’heure est grave. En pensant à nos ainé-e-s, en sachant que le vieillissement de la population est un phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur, il est plutôt difficile de comprendre un tel dérapage dans notre société. « On laisse peser le poids sur les épaules des professionnelles en soins sans même reconnaitre le travail accompli, en dépit de toutes les difficultés vécues. Le ministre de la Santé et des Services sociaux doit intervenir, doit injecter les sommes nécessaires afin que le travail des infirmières et infirmières auxiliaires soit reconnu à sa juste valeur et que la qualité des soins qui en découle soit optimale. Actuellement, aucune volonté d’améliorer la situation ne semble émaner du ministre Bolduc. Cette inertie est bien palpable dans les comités de travail sur lesquels nous siégeons, notamment celui au regard de l’attraction et la rétention des salariées en CHSLD. Il est clair pour la Fédération que cet état végétatif a assez duré et que le ministre doit intervenir pour le bien de notre population vieillissante parce que, ultimement, ça nous concerne toutes et tous », de conclure madame Laurent.