Dérapage dans l’aide internationale: Le CISO interpelle le gouvernement Harper
Montréal, 13 novembre 2012 – Les nouvelles orientations du gouvernement Harper en matière d’aidepublique au développement entravent sérieusement les efforts de coopération internationale alors quedepuis 2010 tous les projets présentés par le Centre international de solidarité ouvrière (CISO) ont étérejetés et aucun projet soumis par les organisations syndicales à l’ACDI n’a obtenu de financement.
Le CISO la FTQ, la CSN et la CSQ ont profité de la tenue de la 16e édition des Journées québécoisesde la solidarité internationale pour dénoncer aujourd’hui en conférence de presse, à Montréal, lesconséquences des orientations du gouvernement Harper dans le domaine de la coopération internationale.
Selon les porte-parole des organisations, Michèle Asselin, coordonnatrice du CISO, ainsi que lesprésidents de la FTQ, Michel Arsenault, et de la CSN, Jacques Létourneau, et la présidente de la CSQ,Louise Chabot, la situation est telle que la survie du CISO est aujourd’hui menacée alors que les actionssyndicales en coopération internationale sont sérieusement entravées. Les conséquences sont lourdeségalement pour de nombreuses organisations syndicales et de défense des droits du Sud avec lesquelss’étaient tissés de forts liens de solidarité.
Entrave à la coopération internationale
Le CISO et les organisations syndicales déplorent que depuis que le gouvernement Harper est au pouvoir, il n’a cessé de réduire l’aide au développement international. Dans son dernier budget, il annonçait des coupures à l’ACDI de 319 millions de dollars pour les trois prochaines années, soit 8 % de son budget actuel! Les partenariats entre l’ACDI et les organismes de coopération internationale (OCI) sont désormais soumis à un système concurrentiel d’appels de propositions.
« Ce modèle contredit l’essence même d’une relation de partenariat, laquelle tire son efficacité del’accompagnement à long terme, de la prévisibilité et de la sensibilité aux besoins. En instaurant cettenouvelle approche, qui lui laisse toute liberté de restreindre le financement à des domaines précis, legouvernement ne tient plus compte des perspectives des partenaires du Sud. Qui plus est, l’obligationnouvelle de proposer des projets qui s’inscrivent dans les plans des gouvernements locaux signifie queles OCI ne sont pas traités comme des acteurs du développement qui mettent en place des approchesnovatrices, mais comme de simples sous-traitants », rappellent les porte-parole des organisations.
Une aide au développement au profit des minières et des groupes religieux
D’autre part, le CISO et les organisations syndicales questionnent sérieusement le bien-fondé de lanouvelle philosophie qui guide désormais les politiques de l’ACDI touchant le développement international.
« Les nouvelles politiques de l’ACDI sont de plus en plus marquées par les impératifs de la politiqueétrangère et commerciale du Canada et cherchent à associer de plus en plus le secteur privé – enparticulier les entreprises minières canadiennes – au développement international. Mais pourquoiprivilégier le développement des lucratives entreprises extractives? L’aide publique au développementdevrait-elle servir à améliorer la croissance économique du Canada? », se demandent les porte-parole duCISO, de la FTQ, de la CSN et de la CSQ.
Selon ces derniers, cette nouvelle façon de faire pousse l’ACDI dans des liaisons dangereuses lorsqu’onconnaît le bilan désastreux de certaines entreprises canadiennes en matière de respect des droits humainset de l’environnement. Et comme si ce n’était pas suffisant, une autre situation alarmante est soulevéealors que l’ACDI financerait également davantage les actions de groupes à caractère religieux.
Une telle vision du développement s’éloigne définitivement de celle fondée sur la coopération, la solidarité et la reconnaissance du droit et des droits (individuels et collectifs) – rempart fondamental contre la pauvreté, les injustices, la guerre et la violence – que partage l’ensemble des syndicats québécois.
Rétablir un dialogue constructif
En réaction à cette situation, le CISO, la FTQ, la CSN et la CSQ enjoignent le gouvernement Harper àrétablir un dialogue constructif et ouvert avec les organismes de coopération et de solidarité internationale afin de réorienter les politiques de l’aide publique au développement.
« Le gouvernement devrait s’appuyer sur l’expertise et les partenariats développés par les OCI pourdévelopper ses programmes. Il devrait mettre l’accent sur l’appui à la société civile, actrice incontournable du développement. L’aide publique au développement devrait contribuer à l’atteinte de l’égalité entre les femmes et les hommes et entre les peuples, à la reconnaissance des droits individuels et collectifs, au renforcement de la démocratie et à la protection de l’environnement », recommandent le CISO, la FTQ, la CSN et la CSQ.
Nos organisations réclament également que le gouvernement Harper annule les coupures annoncéesà l’ACDI et qu’il respecte l’engagement du Canada à porter le taux de sa contribution à l’aide audéveloppement à 0,7 % du PNB.