Des super-cliniques pour qui ?
Le discours inaugural n’a pas permis de savoir précisément ce que le nouveau Premier ministre Philippe Couillard réserve à notre système de santé. Il a bien sûr repris les engagements électoraux exprimés par son parti lors de la dernière campagne, mais il faudra probablement attendre le dépôt du prochain budget, le 5 juin prochain, pour en saisir toute la portée.
Cela ne veut pas dire pour autant qu’on ne puisse en tirer quelques conclusions. Prenons par exemple les 50 super-cliniques que le gouvernement se propose d’ouvrir. Il appert évident que ce projet n’a d’autres visées que la poursuite du projet de libéralisation des services professionnels amorcée par Philippe Couillard alors qu’il était ministre de la Santé dans le gouvernement Charest.
Après les groupes de médecine familiale (pour les omnipraticiens), les centres médicaux spécialisés (pour les chirurgiens) et les laboratoires (pour les radiologistes), les super-cliniques constituent le véhicule qui manquait pour permettre aux autres catégories de médecins spécialistes de s’incorporer. En regroupant dans des super-cliniques une variété de spécialistes et en leur donnant la possibilité d’ouvrir sept jours par semaine, n’est-on pas en train de développer un réseau d’hôpitaux privés en parallèle du secteur public? Vise-t-on à désengorger les urgences par les super-cliniques?
Rappelons que les avantages pour les professionnels qui décident de s’incorporer sont nombreux : avantages fiscaux qui sont autant de perte de revenus pour l’État, possibilité d’utiliser son « entreprise » comme paravent en cas de faute professionnelle. Pensons aussi au conflit d’intérêts dans lequel se place le professionnel qui doit conjuguer entre l’intérêt du patient et la rentabilité de son entreprise.
Enfin, ceux qui voient dans les super-cliniques une solution pour l’amélioration de l’accessibilité aux soins risquent de déchanter lorsqu’ils constateront qu’il est beaucoup plus intéressant pour un médecin d’ouvrir sa clinique le plus près possible de l’hôpital où il pratique…
Qu’en pensez-vous ?