Diminution du recours à la main-d’œuvre indépendante – Ne dites pas n’importe quoi!
Il n’y a pas de place dans le mouvement syndical pour la démagogie et les propos mensongers. Si la rigueur des syndicats québécois est le meilleur gage de leur succès, la démagogie est probablement leur pire ennemi. C’est pourquoi je me sens obligée aujourd’hui d’intervenir dans un débat qui se voulait pourtant constructif, bénéfique et nécessaire, à savoir la période de changement d’allégeance syndicale qui a cours en ce moment.
Dans ce contexte, si l’on critiquait honnêtement le bilan de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec, je répondrais avec plus d’égard et j’accueillerais dignement les arguments de l’autre partie. Or, je me dois de répliquer aujourd’hui, à ce qui est probablement l’une des plus grossières opérations démagogiques des dernières semaines.
Je fais ici allusion à cette affirmation de Micheline Barriault, présidente du Syndicat des infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes de l’Est-du-Québec (SIIIEQ-CSQ) selon laquelle le recours aux agences privées serait en net recul dans les établissements défendus par son syndicat, ce qui ne serait pas le cas dans les établissements de la FIQ. Je me vois donc dans l’obligation de remettre un peu d’ordre dans tout cela.
D’abord, ce que le SIIIEQ-CSQ ne dit pas, c’est qu’à la suite de son recours juridique en 2009, les dépenses liées à la main-d’œuvre indépendante ont littéralement explosé, passant de 358 046 $ à 1 051 658 $, seulement au CSSS de La Mitis. Ce n’est qu’en 2013 que la situation a commencé à s’améliorer, au moment même où la FIQ a mené une importante sortie médiatique pour dénoncer les incohérences dans les appels d’offres. Plusieurs agences, dont celles des régions éloignées de Montréal, se sont alors vues obligées de resserrer leurs critères d’appels d’offres, rendant le recours à la main-d’œuvre indépendante moins attrayant.
Cela dit, obtenir des gains sur une question comme celle-ci ne peut être le fruit d’une seule action, mais celui d’une démarche structurée et qui perdure dans le temps, avec des objectifs précis et des moyens d’action concrets, comme celle que la FIQ mène depuis 2009. Ainsi, de 2009 à 2011, la FIQ a déposé pas moins d’une trentaine de requêtes en vertu de l’article 39 du Code du travail, afin de faire reconnaître les professionnelles en soins des agences comme du personnel syndiqué en faisant valoir que leur véritable employeur était l’établissement pour lequel elles travaillaient et non l’agence. À la suite de ces requêtes, constatant les incongruités dénoncées par la FIQ, le ministère de la Santé a cru bon d’émettre une circulaire qui prévoyait l’instauration de balises entourant les appels d’offres des agences régionales en matière de main-d’œuvre indépendante.
En 2011, la FIQ a réussi à faire inclure dans la convention collective l’objectif de diminution de la main-d’œuvre indépendante de 40 % sur 5 ans, alors que la CSN, par exemple, s’est contentée d’accepter une cible de 25 % depuis longtemps déterminée par les agences régionales. La FIQ s’est également donné le pouvoir de changer les choses concrètement, en siégeant sur deux importants comités chargés de diminuer le recours à la main-d’œuvre indépendante d’ici 2015, et d’agir ainsi à titre d’interlocutrice privilégiée auprès du gouvernement sur cette question.
Aux professionnelles en soins, j’espère que mes propos vous auront éclairées sur l’état de cet enjeu. Aux autres organisations syndicales, de grâce, soyez rigoureuses et honnêtes dans vos affirmations.
P.-S. Madame Barriault, Urgence médicale Code bleu est présentement en recrutement pour le CSSS de La Mitis. Voyez-y !