Ordonnances collectives: le gouvernement doit faire respecter la loi
« Il y a maintenant 12 ans que la loi qui permet les ordonnances collectives a été adoptée, mais la résistance dans le milieu est telle qu’elles sont à peu près inexistantes dans plusieurs établissements de santé au Québec. Il est grand temps que le gouvernement mette fin à cette situation absurde et s’assure du respect de sa propre loi. » C’est en ces termes que la présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec – FIQ, Régine Laurent, a interpellé le gouvernement du Québec afin qu’il rende obligatoire l’adoption de ces ordonnances par les établissements de santé.
Les ordonnances collectives donnent notamment aux infirmières, infirmières auxiliaires et aux inhalothérapeutes, le pouvoir de procéder à des tests diagnostiques, administrer et ajuster des médicaments, effectuer des traitements médicaux et initier des mesures diagnostiques et thérapeutiques sans attendre une ordonnance individuelle. Elles permettent d’améliorer l’accessibilité des services de santé et de maximiser l’utilisation des compétences des professionnelles en soins.
« Les ordonnances collectives permettent aux professionnelles en soins d’exercer pleinement leur champ de pratique respectif. Malheureusement, depuis plus d’une décennie les Conseils des médecins, dentistes et pharmaciens dans bon nombre d’établissements de santé et de services sociaux refusent d’approuver les ordonnances collectives. Le gouvernement doit régler la situation et obliger les médecins à respecter la loi parce que cette inertie prive les patients d’une meilleure prise en charge et d’un meilleur suivi de leurs soins de santé. Bref, la quasi-absence d’ordonnances collectives dans plusieurs établissements prive les Québécois d’un meilleur accès aux soins », a poursuivi Régine Laurent.
Une solution pour de meilleurs services de première ligne à moindre coût
« À la FIQ, nous sommes en mode solutions. Ce que nous souhaitons c’est que les Québécoises et les Québécois aient les soins de santé sécuritaires et de qualité auxquels ils ont droit. Ce que nous proposons, comme nous l’avons fait en créant le concept des cliniques de proximité, ce sont des gestes concrets pour l’amélioration des services de première ligne », a affirmé Régine Laurent.
« Les ordonnances collectives contribuent à cela et c’est pour ça que nous prônons leur multiplication. Parce que des gestes médicaux faits par une infirmière, une infirmière auxiliaire ou une inhalothérapeute ce sont, en fin de compte, des patient-e-s qui n’ont pas besoin d’attendre pour voir leur médecin », a ajouté la présidente de la FIQ.
« Le déploiement d’ordonnances collectives permettrait au gouvernement d’économiser beaucoup d’argent. Un plus grand nombre d’actes médicaux réalisés par des professionnelles en soins c’est autant d’actes médicaux qui ne seraient pas facturés par les médecins. Au lieu d’effectuer des coupes dans les services à la population et plonger le Québec en entier dans l’austérité, j’invite le gouvernement à faire preuve de leadership en rendant obligatoires les ordonnances collectives. Après avoir lui-même créé des modèles d’ordonnances collectives nationales, je l’invite également à faire preuve de cohérence et à faire respecter sa volonté », a déclaré Régine Laurent.
« Le gouvernement aime nous parler d’optimisation, en voici un bel exemple. Ils se sont traîné les pieds pendant une dizaine d’années, nous leur offrons aujourd’hui l’occasion de se racheter. Comme nous l’avons fait par le passé avec l’utilisation de la main-d’œuvre indépendante, nous ne lâcherons pas et nous maintiendrons la pression pour que les choses bougent. Nous avons fait comprendre au ministère de la Santé que la main-d’œuvre indépendante lui coûtait plus cher et avait un impact négatif sur la qualité des soins, et depuis son utilisation est en constante diminution », a conclu Régine Laurent.