Bilan de la ligne 1 844 FIQ-AIDE – Un système de santé malade sous la coupe de la loi du silence
Montréal, le 29 septembre 2015 – « Rien ne va plus dans le réseau de la santé et nous n’avons pas le droit de le dire sous peine de représailles. C’est, en résumé, ce qu’ont dit les Québécoises et Québécois qui nous ont contactés pour rapporter les aberrations qu’ils ont observées dans le réseau de la santé. Les sentiments d’impuissance et d’exaspération devant l’inacceptable habitent maintenant bon nombre d’usagers, de patients et de professionnelles en soins. C’est un constat dur et, de toute évidence, bien présent. » C’est en ces termes que la présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec – FIQ, Régine Laurent, a dressé aujourd’hui le bilan des trois semaines d’opération de la ligne 1 844 FIQ-AIDE.
Du 24 août au 11 septembre 2015, 2 136 personnes ont contacté la FIQ par téléphone ou par courriel. Parmi les faits saillants, on peut noter que :
- 42 % des appels et courriels touchaient des problèmes et des situations d’accessibilité aux soins;
- 16 % des appels et courriels portaient sur des situations en lien avec la sécurité et la qualité des soins, dont 26 % de ces dénonciations ont été faites par des professionnelles en soins;
- 12 % des appels et courriels étaient en lien avec les impacts négatifs de la réforme de la santé (projet de loi 10) et des compressions en santé dont 60 % ont été faits par des professionnelles en soins;
- la majorité des professionnelles en soins et beaucoup de citoyennes et de citoyens qui ont contacté la ligne 1 844 FIQ-AIDE ont affirmé ne pas avoir dénoncé leurs situations auprès des instances officielles par peur de représailles envers eux ou leurs proches.
« Ce qui est encore plus frustrant, c’est que nous avons proposé au gouvernement plusieurs solutions pour régler les problèmes d’accessibilité, de qualité et de sécurité des soins, mais il fait toujours la sourde oreille. Avec la Coopérative SABSA de Québec, nous lui avons fait la démonstration, chiffres à l’appui, qu’une meilleure utilisation des professionnelles en soins permet une meilleure prise en charge des patients et fait sauver beaucoup d’argent à l’État. Encore une fois, le gouvernement s’entête à voir la première ligne uniquement médicale et à jouer dans les structures », a déploré la présidente de la FIQ.
Un bilan en phase avec le rapport de la Protectrice du citoyen
Pour la FIQ, le bilan de la ligne téléphonique s’inscrit en droite ligne avec les conclusions du rapport de la Protectrice du citoyen rendu public dernièrement. « Les compressions libérales nuisent à la population québécoise et détériorent les services et les soins donnés aux patients. Ça ne peut plus continuer comme ça! Le gouvernement doit se rendre à l’évidence et mettre un terme à ses compressions désastreuses », a poursuivi Régine Laurent.Enquête de la Vérificatrice générale demandée
Devant l’inaction du gouvernement face à la situation d’omerta qui a cours présentement dans le réseau de la santé, la FIQ demande à la Vérificatrice générale du Québec d’enquêter. « Il y a plusieurs mois, j’ai interpellé le ministre de la Santé et je lui ai demandé de légiférer pour protéger les lanceurs d’alertes dans le réseau de la santé, après avoir été mis au fait de menaces et de représailles, allant même jusqu’au congédiement, envers des professionnelles en soins qui avaient dénoncé des situations inacceptables dans leur établissement, mais celui-ci a préféré banaliser la situation et ne rien faire. Pire encore, nous voyons maintenant des directions d’établissements, se sentant sans doute protégées par le gouvernement, émettre des directives écrites interdisant toute forme de dénonciation. Devant le lot de témoignages que nous avons reçus de citoyens et de professionnelles en soins qui nous ont affirmé soit avoir été victimes de représailles ou soit en avoir peur ou en avoir des craintes justifiées, devant les menaces des gestionnaires et devant l’inertie et l’inaction du ministre, nous demandons à la Vérificatrice générale du Québec de faire enquête pour mettre en lumière cette loi du silence », a déclaré Régine Laurent.« Nous suggérons également au gouvernement de mettre sur pied sa propre ligne de dénonciations. Les mécanismes de plaintes actuels ne fonctionnent tout simplement pas et d’autres moyens doivent être mis de l’avant pour protéger le public », a conclu la présidente de la FIQ.