La détresse ne peut excuser la démagogie
L’entente qui est survenue avec le gouvernement en vue du renouvellement de notre convention collective, ainsi que la tangente que prennent sur la place publique les interventions des différents acteurs dans cette négociation me rappelle à quel point nous avons eu raison en adoptant la seule stratégie de négociation qui permettait réellement de défendre pleinement nos membres : être présent à la table des négociations et se consacrer entièrement aux employées de la catégorie 1.
Quoi qu’en disent les autres organisations syndicales, cette entente a été habilement négociée et contient des gains réels pour les professionnelles en soins. Mais certains ne sont pas de cet avis. C’est du moins ce que l’on apprend en lisant les journaux ces jours-ci.
Je peux comprendre leurs réactions. Il n’est pas évident de vendre à leurs membres une entente qui ne reflète pas ses propres objectifs et de laquelle il est difficile de s’approprier le crédit. Par ailleurs, la missive récemment envoyée par le président du Conseil du trésor ne laisse pas beaucoup de place à la possibilité de sortir de cette négociation avec quelque chose de plus à offrir à leurs membres.
Cependant, toute la détresse ne peut raisonnablement excuser la démagogie et la mauvaise foi avec laquelle certains partenaires syndicaux tentent présentement de se tirer de ce bourbier. Encore récemment, on taxait la FIQ de cautionner un recul pour les femmes, faisant référence à la condition préalable à l’entente que les travailleuses se désistent de leurs plaintes faites en vertu de l’équité salariale, et alléguant que l’équité n’est pas une chose qui se négocie. Or, est-il nécessaire de rappeler que dans ce dossier, toutes les organisations syndicales s’étaient montrées d’accord pour participer au processus de conciliation, et donc, de négociation?
Et c’est exactement ce que la FIQ a obtenu : une entente négociée et qui constitue ni plus ni moins à un règlement hors cour. Qui plus est, un règlement qui nous apparaît nettement plus avantageux que de porter les plaintes devant les tribunaux, avec toute l’incertitude qui venait avec, quant au délai (5 à 10 ans) et aux résultats escomptés (rien ne garantissait la rétroactivité dans le cadre du processus de traitement des plaintes). Dans un pareil contexte, et quand on sait que l’argent de nos membres dort dans les coffres du gouvernement depuis 2010, il est pour le moins regrettable de constater qu’on puisse vouloir jouer ainsi à la loto avec l’argent de ses propres membres.
Aussi, était-il nécessaire de faire miroiter que la FIQ avait sacrifié les infirmières cliniciennes en n’obtenant pour elles aucun changement de rangement? Il s’agit là aussi d’une affirmation malhonnête. En effet, les pourfendeurs de l’entente se gardent bien de rappeler que dans les faits, les infirmières cliniciennes ont déjà obtenu le changement de rangement en 2007, et que la présente entente ne vient que corriger la situation pour celles qui ne l’avaient pas obtenu.
Pour la FIQ, cette entente est une bonne entente. Les déléguées du Conseil fédéral l’ont appuyée à forte majorité et recommandent celle-ci à ses membres.
C’est donc le 4 février prochain que les membres de la FIQ seront appelées à se prononcer, par voie référendaire. D’ici là, vous pouvez lire le document de consultation et vous informer auprès de votre équipe locale pour connaître la date des assemblées de consultation à ce sujet.