Les professionnelles en soins de l’Abitibi-Témiscamingue contraintes de passer l’été à l’ombre
Val-d’Or, mardi le 7 juin 2016 – Si l’été sonne le début de la belle période pour la plupart des citoyen-ne-s de l’Abitibi-Témiscamingue, force est de constater qu’il en va autrement pour les professionnelles en soins de la région. Pour elles, heures supplémentaires et équipes de travail réduites seront au menu, faute d’un nombre d’effectifs adéquat.
Planification déficiente et personnel insuffisant
Plusieurs départements du Centre intégré de santé et de services sociaux de l’Abitibi-Témiscamingue (CISSS-AT) présentent déjà des lacunes en termes de planification de la main-d’oeuvre pour la période estivale. « Pour des raisons budgétaires, on limite l’orientation et la formation du nouveau personnel qui pourrait apporter son aide et on maintient toutes les équipes au minimum. Presque tous les départements fonctionnent avec des équipes incomplètes, ce qui nuit grandement aux services offerts », explique Céline Lachance, présidente du syndicat FIQ de la MRC d’Abitibi.
Pour la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec – FIQ en Abitibi-Témiscamingue, les causes de cette désorganisation du travail sont bien connues : des changements aux structures des établissements basés sur des lubies politiques et non sur des données probantes, assortis à des vagues de compressions incessantes. En plus de créer de la détresse psychologique et d’entraîner un nombre effarant de départs en congé de maladie, la situation a amené de nombreuses travailleuses à quitter l’organisation ou, pis encore, leur métier. « Nos membres sont prises en otage et c’est la population qui en fera les frais. La garde à distance et les heures supplémentaires, souvent obligatoires, vont inévitablement nuire à la qualité, à la sécurité et à la continuité des soins et, malgré tout, ça va coûter plus cher aux contribuables » déplore Carole Gendron, présidente du syndicat FIQ à Rouyn-Noranda.
La diminution des services en milieu rural pour la période estivale est sévèrement dénoncée par les militantes de la FIQ. « La direction a choisi de fermer des points de services en milieu rural. L’impact sur l’accès aux soins pour les aîné-e-s et les gens à faibles revenus, qui sont limité-e-s dans leurs déplacements, est majeur. Il y a vraiment matière à s’inquiéter, alors que des compressions de près de 30 millions de dollars sont annoncées pour l’automne. Est-ce que les réductions de services estivales deviendront permanentes? » questionne Debbie Tremblay, vice-présidente au syndicat FIQ d’Abitibi-Ouest.
Le 16 juin prochain, la Fédération tiendra une rencontre en vue de la création du nouveau syndicat FIQ qui représentera les professionnelles en soins de la région, à la suite de la fusion des unités d’accréditation imposée par l’adoption du projet de loi 10. À cette occasion, le président-directeur général de l’établissement s’est engagé à rencontrer les militantes afin d’identifier les mesures à prendre pour améliorer l’attraction et la rétention du personnel. « Le message de la FIQ en Abitibi-Témiscamingue est clair : il n’y a aucune marge de manoeuvre pour restreindre les soins infirmiers et cardiorespiratoires. Le nombre de professionnelles en soins est déjà extrêmement limité et on doit, au contraire, réinvestir dans les conditions d’exercice de celles qui portent le réseau de la santé à bout de bras depuis trop longtemps », conclue Véronique Éthier présidente du syndicat FIQ au Témiscamingue.
À propos de la FIQ
La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec – FIQ représente plus de 66 000 membres, soit la grande majorité des professionnelles en soins infirmiers et cardiorespiratoires oeuvrant dans les établissements publics québécois. En Abitibi-Témiscamingue, la FIQ compte plus de 1 600 membres.