Retour sur l’inquiétante déclaration de la présidente du conseil du statut de la femme
La poussière étant retombée, j’aimerais revenir sur les déclarations récentes de la présidente du Conseil du statut de la femme, Louise Cordeau. Pour sa première sortie médiatique, on se serait attendu à un message fort qui, dans la conjoncture, prendrait fait et cause pour les réalités difficiles que vivent les Québécoises de tous âges et de toutes origines au quotidien. Au lieu de cela, nous avons eu droit à ce « constat » selon lequel l’égalité des hommes et des femmes serait « presque acquise ».
Personne ne conteste le fait que le Québec s’est doté, au fil des ans, grâce à l’immense travail du mouvement des femmes, de multiples outils qui assurent aux Québécoises une égalité de droit, qu’il s’agisse de lois, de politiques ou de programmes. Mais au-delà de ces grandes avancées, les acquis demeurent fragiles et des reculs pointent à l’horizon.
Le sexisme s’exprime plus ouvertement et sur une plus grande échelle tant sur la place publique que dans les médias sociaux. La violence à l’endroit des femmes augmente partout sur la planète et leur appauvrissement va de pair avec la diminution ou la privatisation des services publics dont elles font les frais. Quand on sait qu’à peine 10 % des agressions sexuelles font l’objet d’une plainte ou que le taux actuel des mairesses dans les municipalités avoisine les 17 %, l’égalité nous semble encore un immense défi que nous n’avons pas fini de relever.
La FIQ regroupe 75 000 membres dont 90 % sont des femmes. Responsables d’offrir du soutien et des soins aux enfants, aux parents vieillissants ou à un proche malade; aux prises avec des situations de violence ou avec peu de moyens pour rejoindre les deux bouts; ayant peu accès à des mesures de conciliation travail-famille ou à des mesures de répit, ces travailleuses ont fait, et continuent de faire les frais des mesures d’austérité dans le secteur de la santé.
Toutes ces situations d’inégalités doivent trouver écho dans toutes les couches de la société et, à cet égard, les recherches et les avis du Conseil du statut de la femme sont des outils précieux. Celui-ci doit continuer d’interpeller le gouvernement pour que ses interventions prennent en compte les intérêts des Québécoises. Il doit continuer d’informer les femmes et la population sur les inégalités qui perdurent et sur des mesures qui pourraient changer les choses.
L’avancement des droits des femmes est une question de démocratie et de justice sociale. Nous attendons donc de la nouvelle présidente, madame Cordeau, qu’elle nous fasse part, dans les plus brefs délais, des principales priorités d’action qu’elle souhaite mettre de l’avant, en concertation avec les membres de son conseil d’administration, pour les mois à venir.