Un large front commun demande le retrait des projets de règlement sur les hydrocarbures
Agriculteurs, groupes syndicaux, environnementaux, et citoyens s’unissent pour demander au gouvernement du Québec le retrait intégral des quatre projets de règlements de mise en œuvre de la Loi sur les hydrocarbures.
Les groupes mobilisés déplorent les impacts inévitables sur l’environnement, le climat planétaire, la biodiversité et la santé humaine qui découleraient de l’application des projets de règlements. Ils ont notamment exprimé leur vive inquiétude face à la possibilité que des puits de pétrole et de gaz puissent être forés et que des activités de stimulation des puits, notamment la fracturation hydraulique, puissent être menées au Québec à proximité et en dessous des zones habitées, des aires protégées et des parcs nationaux, près du fleuve Saint-Laurent et des grandes rivières, dans et sous les terres agricoles et forestières, les milieux naturels que sont généralement les terres publiques et les territoires non organisés, les lacs, les petits cours d’eau et les portions à faible débit des grandes rivières. Ils rappellent également que la Loi sur les hydrocarbures a été adoptée sous le bâillon en décembre dernier en dépit d’une opposition quasi unanime de l’ensemble de la société civile, des partis d’opposition, des Premières Nations et du monde municipal.
Les groupes ne sont pas rassurés par les propos tenus par le ministre Pierre Moreau concernant les modifications projetées aux projets de règlement, propos qui démontrent l’improvisation du gouvernement dans ce dossier. Considérant les modifications majeures devant être apportées aux projets de règlement, et face au mécontentement et l’inquiétude que ceux-ci ont suscité dans la population, les groupes estiment que le gouvernement doit faire table rase des projets de règlements et s’engager à tenir une vaste consultation sur la question de l’exploration et de l’exploitation des hydrocarbures au Québec.
Absence d’acceptabilité sociale
Les groupes soulignent également la vive inquiétude que les projets de règlements soulèvent dans la population, ainsi que dans le monde municipal et dans les communautés autochtones. Les groupes soutiennent finalement que ces projets de règlements entrent en contradiction avec les objectifs de lutte aux changements climatiques contenus dans l’Accord de Paris.
Citations
« À la FTQ nous sommes d’avis que le Québec doit plutôt travailler à réduire notre dépendance aux hydrocarbures et non en faciliter l’exploitation. Dans la déclaration de politique sur les changements climatiques adoptée lors du dernier congrès de la FTQ, nous avons clairement demandé au gouvernement de mettre sur pieds des chantiers comme l’électrification et le développement du transport collectif, et ce en concertation avec le mouvement syndical et la société civile. Il faut un véritable débat sur l’exploitation des hydrocarbures. Changeons le Québec, pas le climat », déclare le secrétaire général de la FTQ, Serge Cadieux
« Le gouvernement de Philippe Couillard tente de duper la population en cachant des mesures pour favoriser le développement des hydrocarbures au sein de sa Politique énergétique. Il s’agit d’un geste machiavélique inacceptable qui n’est pas digne de ce siècle. La Confédération des syndicats nationaux prône un moratoire sur l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures depuis 2011. Nos inquiétudes ne datent pas d’hier. Pourquoi le gouvernement refuse-t-il d’entendre les préoccupations des travailleuses et des travailleurs, des environnementalistes, des populations autochtones, et des groupes citoyens sur cette question ? » – Pierre Patry, trésorier de la Confédération des syndicats nationaux (CSN) et responsable politique des questions environnementales et du développement durable
« Permettre des forages à proximité des hôpitaux constitue une menace non seulement pour les professionnelles en soins, mais également pour les patients dont l’état de santé les rend souvent plus vulnérables. Le rôle du gouvernement est de légiférer dans l’intérêt de la population et non des multinationales qui exploitent les hydrocarbures » – Nancy Bédard, Vice-présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec – FIQ, responsable des dossiers sociopolitiques.
« L’enjeu de l’exploitation des hydrocarbures nous préoccupe grandement et c’est important de se mobiliser tous ensemble, comme acteurs sociaux, pour faire entendre raison au gouvernement. D’ailleurs, lorsque 15 000 scientifiques tirent la sonnette d’alarme sur l’état de notre planète, cela démontre qu’il est urgent d’agir pour renverser la vapeur. Il est grand temps de miser sur le vrai développement durable, tant dans nos choix de ressources énergétiques que dans nos actions environnementales futures. Ce sont justement des valeurs que nous souhaitons transmettre aux jeunes par l’entremise de notre mouvement des Établissements verts Brundtland (EVB-CSQ). » – Mario Beauchemin, vice-président de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ).
« Nous sommes une association de personnes retraitées résolument conscientisées par les enjeux environnementaux. Pour l’AREQ, la protection des milieux naturels, la sécurité des populations et la lutte contre les changements climatiques est une question d’équité intergénérationnelle. C’est pourquoi ces projets de règlements, dans leur forme actuelle, nous apparaissent inacceptables. Assurons ensemble le meilleur avenir possible aux générations futures » – Lise Lapointe, présidente de l’Association des retraitées et retraités de l’éducation et des autres services publics du Québec (AREQ-CSQ)
« Comme enseignantes et enseignants, nous croyons que nous devons léguer aux générations futures un patrimoine environnemental en tous points meilleur que celui qui nous est confié. Donc nous dénonçons ces projets de règlements et nous demandons au gouvernement de respecter le souhait de la société civile. Le gouvernement doit s’engager sans tarder dans un virage énergétique majeur pour réduire notre dépendance aux hydrocarbures. Par ailleurs, nous trouvons tout à fait inacceptable que ces règlements permettent des forages si près des établissements scolaires mettant en danger la sécurité de nos élèves et de tous les personnels scolaires. » – Alain Marois, vice-président à la vie politique, Fédération autonome de l’enseignement (FAE)
« Les projets de règlements ouvrent littéralement nos lacs, nos rivières et les rives du fleuve Saint-Laurent à l’exploration et l’exploitation gazière et pétrolière, avec toutes les conséquences prévisibles et imprévisibles que cela comporte. Les risques découlant du cadre proposé sont trop importants et ne sont pas proportionnels aux bénéfices anticipés par le gouvernement. Il faut faire table rase de ces règlements, qui constituent une menace pour nos plans d’eau, notre eau potable, nos terres agricoles et la santé de la population. » – Karel Mayrand, directeur général pour le Québec, Fondation David Suzuki
« La zone agricole cultivable ne représente que 2 % du territoire québécois. Elle est déjà hypothéquée par l’étalement urbain, les routes, le captage d’eau souterraine, les aqueducs, les parcs éoliens, le transport d’électricité, les gazoducs, les oléoducs et les mines. Maintenant que le gouvernement du Québec a décidé d’ajouter le développement des hydrocarbures à cette longue liste, il doit prendre ses responsabilités et imposer des balises raisonnables pour limiter les dégâts. La règlementation est irresponsable, qu’il s’agisse des contraintes aux activités agricoles, des distances séparatrices, de la responsabilité des promoteurs ou de l’ouverture gouvernementale à la fracturation hydraulique. » – Pierre Lemieux, premier vice-président de l’Union des producteurs agricoles
« Des forages en plein cœur de réserves fauniques ? Dans des milieux humides non protégés, dans les forêts anciennes ? Non ce n’est pas une fiction. Déjà la réserve faunique de Matane est ciblée, de même que la forêt seigneuriale Joly de Lotbinière. Avec ces projets de règlements, le gouvernement ouvre les milieux naturels aux gazières et aux pétrolières. Il doit les retirer. » – Christian Simard, directeur général de Nature Québec.
« Après avoir dit non aux hydrocarbures dans l’estuaire du fleuve et à Anticosti, il faut mettre un terme final à l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures sur le territoire québécois. Le Québec jouit d’une situation privilégiée en matière d’énergies renouvelables et il faut cesser de s’engager dans une avenue tout à fait contraire à nos objectifs de lutte aux changements climatiques. » – Steven Guilbeault, directeur principal d’Équiterre
« La résistance s’intensifiera si le gouvernement adopte ses projets de règlements qui répondent aux demandes des pétrolières et des gazières et vont à l’encontre de la volonté des populations et de la protection de l’environnement. On reçoit d’ailleurs déjà des demandes pour des formations en désobéissance civile de la part des groupes citoyens qui se préparent à résister. Si le gouvernement souhaite faire consensus au Québec, il devrait plutôt se concentrer sur les énergies propres » – Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie à Greenpeace.
« Le gouvernement actuel ne se contente plus d’affaiblir son régime de protection de l’environnement, voilà qu’il offre à l’industrie des hydrocarbures une réglementation sur mesure pour lui livrer notre territoire, jusque dans nos réserves fauniques et sous les parcs nationaux. En 2017, plutôt que de soutenir les hydrocarbures par nos institutions, il devient urgent d’entreprendre une vaste transition énergétique et écologique portée par le souci du bien commun. » – Maryse Rousseau, vice-présidente du Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ).
« Les Québécois n’ont jamais donné au gouvernement la permission de céder le sous-sol de leur territoire à des compagnies privées dont les activités sont incompatibles avec le maintien des milieux de vie et des milieux naturels qu’ils chérissent. Quelles portions du Québec la population serait-elle disposée à sacrifier? La forêt seigneuriale de Joly ? Les terres agricoles ? Les berges du Saint-Laurent ? Le Lac Saint-Jean ? Les territoires non organisés de la Gaspésie ou les parcs du Bas-Saint-Laurent ? Poser la question, c’est y répondre. » – Carole Dupuis, Regroupement vigilance hydrocarbures Québec.
« Il existe à travers le monde de nombreux cas de contamination de nappes souterraines et de cours d’eau par des hydrocarbures, une contamination qui est bien souvent irréversible. Plutôt que de suivre le principe de précaution, le gouvernement ouvre nos plans d’eau aux forages et permet la fracturation hydraulique. Les Québécois et les Québécoises tiennent à leur santé et à la santé de leurs cours d’eau. Voilà pourquoi la population s’est si vivement et rapidement opposée à ces projets de règlements qui menacent notre eau potable, » explique Alice-Anne Simard, directrice générale d’Eau Secours !