Une coalition sans précédent sonne l’alarme sur l’ALENA et l’environnement
Profitant de la ronde de négociations de l’ALÉNA qui se déroulent à Montréal cette semaine, un regroupement historique de groupes syndicaux, environnementaux et de la société civile dépose une importante déclaration sommant les négociateurs canadiens de ne pas abandonner la souveraineté nationale sur les questions environnementales aux dépens des intérêts de corporations étrangères.
Ces organisations rappellent que le Canada s’apprête à commettre une erreur monumentale en persévérant à conserver dans l’accord des éléments remettant en cause notre capacité future de lutter contre les changements climatiques.
« Le chapitre 11 de l’ALÉNA définit un système de Règlement des différends entre investisseur et État, un tribunal administratif partial qui a le pouvoir de renverser des lois nationales. C’est à travers ce mécanisme que le gouvernement du Canada est poursuivi pour 250 millions de dollars par la compagnie Lone Pine Resources, une entreprise enregistrée au Delaware dont les activités sont concentrées au Canada » rappelle la déclaration.
« Près de 60 % des recours contre le Canada concernent des réglementations environnementales. Ça n’a aucun sens », souligne la directrice générale d’Eau secours, Alice-Anne Simard.
Autre exemple, l’ALÉNA limite les capacités du Canada à réduire sa production énergétique basée sur les énergies fossiles. Le Canada ne peut pas, sous l’ALÉNA, réduire les pourcentages d’énergies fossiles exportées aux États-Unis par rapport à la production canadienne. «Nul doute que ça complique drôlement l’atteinte des cibles canadiennes de réduction des GE», explique le coordonnateur du RQIC, Ronald Cameron.
C’est pourquoi la coalition demande d’intégrer les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat dans le nouvel ALÉNA. « Toute renégociation de l’ALÉNA doit avoir comme point de départ l’Accord de Paris et, entre autres, inclure des objectifs de réduction des émissions en lien avec le commerce transfrontalier de pétrole issu des sables bitumineux », explique Patrick Bonin de Greenpeace Canada.
« Le temps presse. II est temps que le gouvernement Trudeau arrête de parler des deux côtés de la bouche et exige que la lutte aux changements climatiques fasse partie des négociations », conclut M. Cameron.
Le RQIC a pour objectif de proposer une vision du développement respectueuse des droits sociaux, des droits des travailleuses et travailleurs et des droits humains, et de promouvoir la démocratie, la participation, le respect de l’environnement et l’élimination de la pauvreté.