Le TSO et la baguette magique
Lundi dernier, les 76 000 professionnelles en soins de la FIQ disaient non au temps supplémentaire obligatoire (TSO). Le temps de 24 heures, elles ont pu, dans une grande proportion, vivre une journée normale de travail. Plusieurs diront qu’une journée, ce n’est rien quand on vit du TSO les 364 autres jours de l’année, mais je crois sincèrement que cette journée sera un point de bascule. Notre démonstration à l’effet que les employeurs utilisaient à outrance le TSO est tellement éloquente qu’il ne pourra qu’y avoir un avant et un après le 8 avril 2019.
Rarement a-t-on vu autant d’unanimité auprès des journalistes, éditorialistes et chroniqueurs politiques : les professionnelles en soins avaient été amplement patientes et elles avaient raison de hausser le ton pour dénoncer ce TSO à outrance dont elles sont victimes. Nous avons clairement fait la preuve de ce que nous clamons depuis des années. Lorsque les employeurs mettent tous les efforts possibles afin de planifier les horaires et prévoient un nombre maximal, en avance, de professionnelles en soins, le TSO demeure ce qu’il devrait être : une mesure d’exception.
Dans les derniers jours, plusieurs personnes se sont publiquement exprimées sur la question du TSO et tentent de trouver des solutions. Avec la recherche de solutions vient souvent la valse des comparaisons. Au nombre de celles-ci, celle du modèle des établissements anglophones versus celui des établissements francophones. Prendre un modèle pour l’imposer aux autres ne peut en soi constituer une recette miracle dans sa globalité. Ce qu’il faut, c’est s’inspirer mutuellement des bonnes pratiques de chacun de ces deux modèles de gestion.
Bref, la journée sans TSO aura surtout mis en lumière que la gestion par le TSO est bien ancrée dans le réseau de la santé et que les gestionnaires ne pourront plus continuer comme avant. S’ils n’ont pas hésité à rechausser leurs vieilles chaussures dès que la journée du 8 avril fut terminée, ils savent maintenant qu’ils ont été démasqués au vu et au su de toute la population québécoise. Et ce mode de gestion, les professionnelles en soins ne vont plus le tolérer.
Est-ce que cette journée a été totalement exempte de TSO? Non. Est-ce que certains employeurs ont utilisé des méthodes douteuses pour éviter d’imposer du TSO? Certainement. Mais au-delà de quelques événements isolés, on peut clairement affirmer que la pression est maintenant sur les épaules des gestionnaires et de la ministre de la Santé et des Services sociaux, Danielle McCann.
Alors que cette journée de mobilisation battait son plein, Mme McCann répondait aux nombreuses questions des représentant-e-s des médias à propos de notre action sans TSO. Elle affirmait que nous avions raison, que notre lutte était justifiée et que notre démonstration était éloquente. Du même souffle, elle affirmait que si elle avait une baguette magique, elle réglerait le problème du TSO demain matin. J’ai une bonne nouvelle pour Mme McCann, les professionnelles en soins n’ont pas besoin de magie. Elles ont besoin que les choses changent, réellement et profondément. Elles ont besoin que celle qui est à la tête du réseau de la santé envoie un signal clair aux gestionnaires que la fin de la récréation a sonné. Nous avons entendu son engagement à mettre fin au TSO, mais maintenant que nous avons fait la démonstration que les choses peuvent se faire autrement, elle n’a d’autre choix que d’exiger que ses gestionnaires se mettent réellement au travail. Le 8 avril dernier, les professionnelles en soins ont décidé que les choses n’allaient plus jamais être pareilles… Pour le bien de tout le monde!