Cette violence intolérable
Les commémorations du 30e anniversaire de la tuerie de Polytechnique, la semaine dernière, nous ont rappelé que la lutte contre les violences faites aux femmes n’est jamais terminée. Malheureusement, c’est aussi vrai dans nos milieux de travail.
Plusieurs cas où le personnel du réseau de la santé a vu sa santé physique et psychologique menacée de toutes parts ont fait les manchettes récemment. L’agression menée par un patient à l’endroit de son psychiatre au pavillon Albert-Prévost ou la récente agression à l’Institut universitaire en santé mentale Douglas n’ont rien de rassurant. Soyons honnêtes, le niveau de violence à laquelle doit faire face le personnel, dont les professionnelles en soins, a atteint une limite dangereuse.
D’ailleurs, il y a quelques jours, l’ensemble des organisations syndicales en santé et services sociaux demandait au gouvernement d’intervenir rapidement pour contrer l’augmentation fulgurante du nombre d’accidents et de lésions professionnelles chez les employés. Le secteur de la santé et des services sociaux, qui ne représente que 9,8 % des établissements québécois, accapare tristement 18 % des accidents et des lésions professionnelles au Québec. Les sommes déboursées par la CNESST pour des événements violents dans nos milieux de travail ont augmenté de 82 % au cours des deux dernières années. C’est énorme!
Quotidiennement, les professionnelles en soins font face à toutes sortes de menaces : attaques verbales, attaques physiques, gestes à caractère sexuel. Pendant trop d’années, les gestionnaires ont laissé aller les choses, comme si ces agressions faisaient partie de la «job». Eh bien non! Ce qui fait partie du travail, c’est d’accompagner des patient-e-s qui peuvent représenter des risques plus ou moins grands pour eux-elles-mêmes ou pour le personnel. D’où l’importance que ces patient‑e‑s soient traité-e-s dans un milieu sécuritaire, par du personnel qualifié et en nombre suffisant.
On le sait, les professionnelles en soins sont soumises à un contexte de travail extrêmement exigeant : équipes de travail réduites, absence de stabilité, charge de travail démesurée, lourdeur des cas et, bien entendu, le fameux temps supplémentaire obligatoire (TSO). Tous ces facteurs relèvent de la responsabilité directe de l’employeur et du ministère de la Santé et créent un terrain propice à l’éclosion de la violence, tant psychologique que physique.
Lors de notre 24 heures pour la qualité et la sécurité des soins tenu les 15 et 16 novembre derniers, nous avons une fois de plus dénoncé la violence organisationnelle que représente le TSO. Forcer des professionnelles en soins à demeurer au travail après un quart normal, et ce malgré leur épuisement physique et psychologique, ça devrait être tout simplement illégal. La bonne nouvelle, c’est que nous avons éveillé les consciences aux impacts néfastes du TSO tant pour les professionnelles en soins que pour la qualité et la sécurité des soins aux patient-e-s.
C’est d’ailleurs pour toutes ces raisons que la FIQ a fait de la santé et la sécurité à tous les niveaux une de ses deux grandes priorités pour la négociation nationale qui débute. Toutes les formes de violence se doivent d’être dénoncées et il est plus que temps que des moyens et des solutions soient mis en place pour que cesse cette violence. Le gouvernement doit intervenir, maintenant!