Les ratios au cœur d’un débat à l’Assemblée nationale
Au cours des derniers jours, les ratios proposés et réclamés par la FIQ depuis plusieurs années se sont retrouvés au cœur d’un débat à l’Assemblée nationale du Québec. Sans crier gare, le Parti libéral du Québec (PLQ) a déposé une motion demandant à ce que le gouvernement mette en place dès maintenant des ratios dans le réseau de la santé, motion qui fut l’objet d’un débat de plus de deux heures. Deux heures où tous les partis d’opposition ont maintes fois répété que l’instauration de ratios sécuritaires professionnelles en soins/patient-e-s telle que demandée par la Fédération était nécessaire et que les preuves n’étaient plus à faire. Deux heures où les effets bénéfiques des projets ratios menés par notre organisation ont été soulignés à grand trait.
Cet événement démontre une fois de plus que notre proposition est porteuse pour l’avenir du réseau de la santé et c’est sans surprise que nous voyons de plus en plus de joueurs se rallier à notre solution de ratios sécuritaires. Jeudi après-midi, en constatant que l’ensemble des partis de l’opposition allaient aller dans le même sens, j’étais extrêmement fière du chemin parcouru par notre organisation dans cette lutte pour l’obtention de ratios pour l’ensemble du réseau de la santé. Cette lutte que nous menons pour les professionnelles en soins, mais également pour les patient-e-s du Québec.
Mais ce débat sur les ratios fut également le théâtre d’une joute politique. Au moment du vote sur la motion, tous les partis de l’opposition et les députés indépendant-e-s se sont prononcés en faveur du déploiement des ratios à l’exception de ceux et celles de la CAQ. Alors que les député-e-s ayant récolté 62 % des voix à la dernière élection pressaient le gouvernement de François Legault d’offrir cette bouffée d’oxygène si nécessaire et attendue par les professionnelles en soins, les députés de la CAQ ont fait le choix de s’y opposer. En utilisant la bonne vieille méthode « parce que cela ne vient pas de mon parti politique, je bloque », le gouvernement caquiste a fait le choix de jouer la fameuse joute politique qui ne fait qu’alimenter le cynisme de la population à l’endroit de la classe politique.
Et pendant ce temps, les professionnelles en soins, elles, n’ont pas le temps de jouer. Elles sont trop occupées, surchargées, prises en otage à faire du temps supplémentaire obligatoire (TSO) et découragées de ne pouvoir offrir à leurs patient-e-s des soins de qualité et sécuritaires.
Le 10 mars prochain, le ministre des Finances Eric Girard déposera son budget. Au cours de ses consultations prébudgétaires, j’ai clairement demandé à M. Girard que des sommes soient réservées dans le prochain budget provincial pour assurer la mise en place d’un déploiement graduel des ratios dans l’ensemble du réseau, en commençant dès maintenant par un déploiement dans les urgences du Québec. Lors de cette rencontre, le ministre des Finances avait fait preuve d’ouverture et d’écoute face aux demandes de notre organisation. Quant à la ministre de la Santé et des Services sociaux, Danielle McCann, le nouvel épisode catastrophique dans les urgences et l’échec cuisant de ses cliniques d’hiver au cours des dernières semaines ne peuvent être plus éloquents.
Madame McCann sait pertinemment que les méthodes traditionnelles de gestion ne suffisent plus. En s’opposant à la motion du PLQ, elle a renié par le fait même des constats qu’elle avait déjà formulés tels que la détresse, l’épuisement, la surcharge et que le manque de personnel a un impact direct sur les soins prodigués. Il faut le rappeler, la ministre de la Santé s’est maintes fois prononcée en faveur du principe des ratios. Elle doit maintenant faire le pas de plus en donnant suite à cette solution porteuse pour l’avenir du réseau de la santé.
Les ratios permettent d’avoir en place des équipes de travail complètes et stables agissant directement sur la charge de travail des professionnelles en soins et sur le TSO. C’est de cette façon qu’on attirera des professionnelles en soins dans le réseau, qu’on les conservera en santé et qu’on leur permettra d’offrir des soins de qualité et sécuritaires aux patient-e-s.
Le rendez-vous du prochain budget sera donc important. Ce gouvernement aura l’occasion de nous démontrer qu’au-delà de la joute politique dont nous avons été les témoins cette semaine, il est capable de s’élever au-dessus de l’intérêt partisan pour privilégier l’intérêt commun. Si sa volonté de prioriser la santé est réelle, ce sera l’occasion d’en faire la preuve en faisant des ratios la pierre angulaire d’une nouvelle façon de voir l’organisation du travail et la dispensation des soins dans le réseau de la santé.