La peur est-elle un facteur qui peut expliquer le taux élevé d’absence dans le réseau de la santé?
Si on en croit le gouvernement, OUI!
Le gouvernement chiffre à près de 11 000 le nombre de salariées absentes dans le réseau de la santé. De ceux-ci, environ 5000 seraient absentes après avoir été infectées au COVID-19. Il y aurait donc, selon ces chiffres, environ 6000 salariées absentes pour d’autres raisons.
Depuis le début de la crise, le premier ministre a mainte fois invité ces dernières à revenir au travail. « On a besoin de vous », avait-il d’ailleurs déclaré lors d’un point de presse.
Radio-Canada (28 avril 2020) – Plus de 10 000 employés absents dans le réseau de la santé au Québec
Cet appel à l’aide, en apparence légitime, laisse sous-entendre que les salariées absentes le sont par choix, vraisemblablement parce qu’elles auraient peur de rentrer travailler et d’être exposées au virus.
Mais est-ce bien le cas ? Y a-t-il vraiment 6000 salariées tapies chez elles, en attendant que la crise se termine?
VériFIQation faite !
Il est important de rappeler qu’aucune travailleuse ne peut s’absenter du travail sans motif valable (y compris la peur), sous peine de mesures disciplinaires, voire la perte de son emploi.
La réalité est que parmi les absentes dans le réseau de la santé, on compte notamment des personnes qui étaient déjà en absence d’invalidité, ou qui le sont devenues après le début de la crise. On compte également les travailleuses vulnérables : femmes enceintes, immunosupprimées ou atteintes d’une maladie chronique. Et finalement, il y a les travailleuses vivant sous le même toit qu’une personne vulnérable.
De dire que les professionnelles en soins refusent d’aller travailler par peur est une insulte à leur travail. Depuis le début de la crise, elles répondent présentes, malgré les décrets, l’annulation de leurs vacances, le temps supplémentaire obligatoire et les déplacements d’un lieu de travail à un autre.