Déterminées, les professionnelles en soins ont forcé le gouvernement à les entendre
La dernière semaine a réellement mis les projecteurs sur les conditions de travail insoutenables des professionnelles en soins. Elle a aussi mis en lumière les solutions que la FIQ met de l’avant pour enrayer la surcharge de travail vécue par l’ensemble d’entre elles. Nous avions adopté un plan ambitieux pour occuper la semaine : roulotte devant le Conseil du Trésor, prise d’assaut des ponts de Québec et Jacques-Cartier, palmarès des pires ratios du Québec et annonce des 48 heures sans temps supplémentaire obligatoire (TSO). Les professionnelles en soins ont attiré l’attention de tout le Québec cette semaine. On peut en être fières!
Ces actions n’ont pas simplement accaparé l’attention médiatique, elles ont aussi permis à nos demandes de s’imposer dans le discours ambiant. Nous sommes devenues incontournables! Incontournables non seulement pour le gouvernement, mais également pour la population. Plusieurs chroniqueurs de grands médias, journalistes et députés des partis de l’opposition ont affirmé avec nous l’urgence d’agir. Si depuis des années, nous étions 76 000 à décrier les conditions déplorables dans lesquelles nous travaillons, cette semaine nous étions maintenant des millions à partager nos préoccupations.
La pression que nous avons ainsi mise sur le gouvernement a forcé la présidente du Conseil du Trésor, Sonia Lebel, à s’adresser directement aux professionnelles en soins lors d’un point de presse jeudi dernier. Et son message était sans équivoque. Elle a dit nous avoir entendues et reconnaitre notre surcharge de travail. Elle s’est commise publiquement en déclarant avoir donné des mandats clairs à ses négociateurs. Elle s’est engagée à rendre attractifs les postes à temps complet et à s’attaquer à la problématique du TSO. Elle a donc choisi la place publique pour nous lancer une invitation claire, celle de négocier.
Cette main tendue est arrivée deux jours avant la tenue d’une action que nous voulions forte : 48 heures où les professionnelles en soins allaient dire non au travail forcé, donc 48 heures sans TSO. Devant cet appel public à retourner à la table de négociation, nous avons décidé d’y répondre de bonne foi et avons pris la décision difficile d’annuler cette action. Décision difficile, car d’une part, nous n’avons pas le réflexe de faire confiance à un gouvernement qui depuis deux ans ne remplit pas ses promesses à notre égard et d’autre part, car nous savions que pour certaines d’entre vous, ces 48 heures sans TSO représentaient l’espoir de pouvoir souffler un peu… Cependant, notre objectif ultime dans cette négociation, c’est infiniment plus qu’une bouffée d’oxygène d’une fin de semaine! Avec l’ensemble des représentantes syndicales de la province, nous avons décidé de répondre à cette invitation, car un déblocage à la table de négociation est ce qui nous permettra de concrétiser rapidement des solutions permanentes. Nous voulons des solutions qui agiront sur la surcharge de travail et qui mettront fin à une culture de gestion misant sur le travail forcé, et ce, sur une base régulière que nous subissons depuis trop longtemps.
Maintenant, permettez-moi d’adresser directement quelques mots à la présidente du Conseil du Trésor. Madame Lebel, il est impératif que vos paroles soient entendues à la table de négociation. Vous occupez une des positions les plus importantes au gouvernement, cela vient avec d’importantes et lourdes responsabilités. C’est dans le haut de vos priorités que devrait être de réparer le système de santé qui est à l’agonie en raison de conditions de travail lamentables des professionnelles en soins. Les infirmières, infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes et perfusionnistes cliniques qui œuvrent jour après jour pour notre réseau de santé publique ont fait plus que leur part en matière de responsabilités en portant trop longtemps seules sur leurs épaules ce système. Aujourd’hui, il est de votre responsabilité d’honorer votre engagement et vous devrez l’assumer. Nous avons accepté de bonne foi votre main tendue, mais ne nous dupez pas, car ce serait sous-estimer l’écho de notre détermination.