Comment en arrive-t-on à des éclosions comme celles présentement observées en CHSLD?
Si on en croit le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, une part du problème incombe, entre autres, aux professionnelles en soins qui font parfois preuve d’un « certain relâchement dans certaines périodes de la journée ».
Dans un point de presse tenu au Saguenay, il a rappelé aux médias qu’il avait envoyé une lettre aux PDG des CISSS et des CIUSSS afin de leur rappeler l’importance de s’assurer que le personnel du réseau de la santé respectait les meilleures pratiques en matière de prévention et de contrôle des infections. « Je ne cherche pas de coupable » a-t-il dit, mais il faut avoir en tête que « lorsqu’on oublie ces mesures-là, ce sont des décès qui s’en suivent ».
Par ailleurs, monsieur Dubé résume ainsi la responsabilité du ministère – qu’il érige d’ailleurs en un engagement formel : « [Nous allons] supporter nos employées par des mesures de communication pour s’assurer que les gens respectent bien [ces pratiques] ».
En abordant la question sous cet angle, le gouvernement rejette une partie de la responsabilité de la contamination sur les épaules des travailleuses et des travailleurs. D’ailleurs, certains employeurs tentent également de tenir responsables les membres du personnel comme ce fut le cas pour la situation difficile vécue au CHSLD St-Eusèbe à Joliette. C’est habile, puisque ça détourne l’attention ailleurs que sur les personnes qui sont véritablement imputables des problèmes liés à la contamination. Et au fond, à écouter le ministre Dubé, l’employeur ne serait responsable…que de voir à ce que ses employées prennent leur responsabilité.
VériFIQation faite
Dans son intervention, le ministre Dubé explique que « Nos employées peuvent avoir un certain relâchement […] que ce soit durant la pause ou lorsqu’elles se retrouvent dans la salle à dîner. C’est très important qu’on suive les directives ». Mais il semble complètement faire fi de la responsabilité de l’employeur à offrir un cadre de travail où il devient raisonnablement et humainement possible de respecter ces règles tout en continuant d’offrir des soins de qualité et sécuritaires.
Par exemple, des espaces adéquats sont-ils offerts au personnel leur permettant de prendre leurs pauses? Les cafétérias sont-elles organisées de manière à respecter les règles sanitaires? Aussi, les employeurs font-ils tout ce qui doit être fait pour que le personnel des zones chaudes et froides ne se mélange pas, que le matériel de protection individuel ne manque pas et que les systèmes de ventilation ou d’aération des lieux soient adéquats?
Visiblement, dans les coulisses du pouvoir, on est encore bien loin d’un véritable examen de conscience sur la responsabilité politique de cette crise sanitaire.