100M$ pour le soutien à domicile : le Québec pourrait faire mieux
L’investissement de 100M$ annoncé par le gouvernement du Québec pour le soutien à domicile dimanche matin, le 15 novembre, constitue peut-être un pas dans la bonne direction, mais il demeure nettement insuffisant pour couvrir l’ensemble des besoins de la population.
La ministre des Aînés affirme que le soutien à domicile est l’avenir du réseau de la santé, mais est incapable de formuler clairement des objectifs quant à la place que ces soins devraient occuper. En saupoudrant des sommes dans les différents programmes, le gouvernement démontre un manque de vision sur cet enjeu.
Depuis de nombreuses années, les soins à domicile n’ont représenté qu’un timide 15 % du budget des soins de longue durée au Québec. À titre d’exemple, en Suède, la part du budget des soins de longue durée consacrée au soutien à domicile est de 41 %. En Finlande, elle est de 52 % et au Danemark, elle se situe à 73 % .
Bien qu’il peut paraître louable de réserver des montants pour rehausser les salaires des employées d’entreprises d’économie sociale et de celles du chèque-emploi service (incluant les proches aidantes), cela ne suffira pas à sortir ces travailleuses de la précarité. La FIQ estime donc que d’ajouter des effectifs dans les services publics devrait être la voie à privilégier.
Le domicile est le premier choix de la population pour recevoir des soins de longue durée, et les besoins ne font qu’augmenter. À chacun de ses rapports annuels, la Protectrice du citoyen évoque un nivellement par le bas et le fait que “de trop nombreuses personnes démunies n’ont pas accès aux services auxquels elles devraient avoir droit et leurs proches s’épuisent en attendant du soutien qui ne vient pas.” L’état ne répond qu’à 5 % des besoins des personnes en perte d’autonomie vivant à domicile (Rima Elkouri, 10 septembre 2020) : pour atteindre un objectif de couverture de 40 % des besoins en SAD, il faudrait prévoir un investissement de 4 milliards $, selon l’IRIS.
Les sommes annoncées ne sont donc clairement pas à la hauteur du rattrapage nécessaire. Les groupes représentants autant les personnes âgées, les personnes en situation d’handicap que les proches aidantes ont réagi à cette annonce avec prudence. Une stratégie à moyen et long termes est d’ailleurs réclamée.