Les masques N95 sont-ils nécessaires pour la sécurité des professionnelles en soins et des patient-e-s ?
Si on en croit les directives ministérielles, on pourrait penser que non. En effet, selon une ordonnance du directeur de la santé publique, l’utilisation des masques N95 doit se limiter à certaines interventions médicales reconnues pour gérer des aérosols. Souhaitant prémunir le réseau de la santé d’une éventuelle pénurie de matériel de protection, il justifie cette décision du fait que le virus ne pourrait se transmettre par voie aérienne.
Mais qu’en est-il réellement ?
VériFIQation faite!
Selon les plus récentes données, le mode de transmission aérienne de la COVID-19 ne peut être exclu.
En juin dernier, un grand nombre de chercheurs et scientifiques de divers pays alertaient les décideurs sur l’évolution de la recherche et sur l’importance de ne pas conclure hâtivement sur les caractéristiques épidémiologiques du virus et de la maladie, notamment sur la possibilité de transmission aérienne. En novembre, l’Agence de la santé publique du Canada ajustait ses directives en intégrant le risque de transmission aérienne comme mode de transmission de la COVID-19.
Malgré cela, le ministère de la Santé et l’Institut national de santé publique (INSPQ) continuent de limiter l’utilisation du masque N95. Les professionnelles en soins n’ont toujours pas accès à ces masques même lorsque leur jugement clinique leur dicte le contraire. Certaines ont même fait l’objet de sanctions disciplinaires pour en avoir fait usage.
Inutile de rappeler que près de 25% des gens infectés sont des travailleuses de la santé. On ne devrait pas établir des normes de protection en fonction de la disponibilité des équipements, ni sur la base de connaissances que l’on sait incomplètes.
Les professionnelles en soins devraient avoir le droit de travailler dans un contexte qui garantit leur sécurité et d’être assurées de ne pas pouvoir transmettre le virus.