Budget 2021-2022 — Attraction et rétention des professionnelles en soins : la cible est manquée
La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec–FIQ est déçue du budget 2021-2022 présenté par le ministre des Finances. Les attentes étaient élevées pour soutenir celles qui sont au front depuis le début de la pandémie. S’il y a de nouveaux investissements en santé, les mesures robustes attendues pour assurer la pérennité des soins et l’ajout d’effectifs sont carrément absentes. Une fois de plus, aucune mesure pour l’attraction et la rétention des professionnelles en soins n’apparaît au budget. Le gouvernement n’a pas traduit ses paroles de reconnaissance du travail des professionnelles en soins en gestes concrets.
Le budget établit clairement que la relance se fera au masculin, alors que les femmes sont les grandes oubliées. Les investissements en faveur de la relance et des infrastructures profiteront majoritairement aux hommes, alors que le secteur public, un secteur d’activité à prédominance féminine, a été complétement mis de côté par le gouvernement.
La FIQ réclamait un coup de barre pour reconstruire le réseau de la santé. Elle demandait des réinvestissements massifs et du soutien pour celles qui donnent les soins. La consolidation du réseau public attendue dans le budget pour offrir des soins de qualité à la population, et particulièrement pour les clientèles vulnérables, n’est pas tout simplement pas au rendez-vous. En santé mentale, il y a bel et bien un effort pour accroître l’offre de services, mais il n’y a aucune mesure pour s’assurer que les effectifs seront suffisants dans le réseau public.
« Le gouvernement rate sa cible. Le réseau public est brisé. Et on s’attendait à des investissements majeurs en santé. Si certaines sommes sont au rendez-vous, le budget ne propose rien pour assurer que les professionnelles en soins seront en mesure d’offrir des soins sécuritaires et de qualité à la population. Le gouvernement manque de courage pour lutter contre le recours à la main-d’œuvre indépendante en ne finançant pas des mesures d’attraction et de rétention du personnel. Au final, on réalise qu’encore une fois, ce sont les femmes qui sont pénalisées par ce budget. »
Nancy Bédard, présidente, Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec-FIQ
Vieillir à la maison : le gouvernement manque sa chance
Les montants prévus au budget pour les soins à domicile, soit 750 millions de dollars sur 5 ans, ne permettront pas de répondre à la volonté des personnes aînées de vieillir à la maison. Les services publics ne couvrent que 5 % des besoins en soins à domicile actuellement, alors que la FIQ estimait que des investissements de 2,9 G$ étaient nécessaires. Si ce montant peut paraître important, la pandémie a malheureusement démontré le coût humain de négliger les soins aux ainé-e-s et les limites des modèles actuels d’hébergement. Le gouvernement n’a pas saisi l’opportunité de revoir l’offre d’hébergement et de soins pour les personnes aînées, ce qui le rattrapera nécessairement, avec le vieillissement de la population qui s’accélère.
Les femmes : 50 % de la population privée des retombées du budget Girard
La FIQ est outrée de voir que la relance économique fait complètement fi des femmes et des conséquences désastreuses de la pandémie qu’elles ont subies sur le plan économique. Les efforts déployés sont insuffisants pour soutenir les missions de l’État, comme la santé, l’éducation et les services publics, là où les femmes sont majoritaires. En soutenant l’innovation et les infrastructures, le gouvernement soutient les hommes. Le Québec a connu 7 féminicides depuis le début de l’année. Or, seuls 4,5 M$ par année sont investis pour les organismes d’aide aux femmes victimes de violence conjugale. La FIQ se désole de la faiblesse des investissements pour lutter contre ce fléau. Les mesures sont timides pour contrer l’énorme demande à laquelle ces organismes font face.