Un coup de barre pour l’attraction et la rétention du personnel dans le RSSS
À quelques heures du dépôt du budget du Québec l’alliance APTS-FIQ réitère que l’énoncé du ministre des Finances, Éric Girard, devra comprendre les investissements nécessaires et les orientations pour mettre en œuvre un plan robuste d’attraction et de rétention de la main-d’œuvre dans le secteur public. Les conditions de travail déplorables et la surcharge exacerbée par l’urgence sanitaire n’ont fait qu’accentuer l’exode des professionnel·le·s du réseau de la santé et des services sociaux (RSSS). Les attentes sont élevées pour que le gouvernement ait la force de ne pas imiter ses prédécesseurs en imposant de lourdes politiques d’austérité.
Pour l’Alliance, il est clair que les femmes devront bénéficier autant que les hommes des retombées de la reprise économique. L’un des moyens de s’en assurer, c’est d’investir dans les missions de l’État où elles sont majoritaires, dont la santé et les services sociaux. L’alliance APTS-FIQ suggère fortement au gouvernement de réparer les pots cassés grâce à un réinvestissement massif afin d’assurer des services sociaux et des soins de santé de qualité et universels.
L’Alliance s’attend à ce que le budget prévoie les réserves suffisantes pour assurer la mise en œuvre des ententes collectives. L’enjeu est de taille. Plus aucun compromis ne sera toléré pour répondre aux besoins croissants, faire face au vieillissement de la population, résoudre le problème de la surcharge de travail et alléger la pression sur le personnel du réseau. Les salaires doivent être à la hauteur de l’expertise du personnel et compenser l’appauvrissement lié aux dernières hausses, en deçà de l’inflation. Le ministre Girard doit aussi prévoir des sommes pour le maintien en emploi des travailleur·euse·s d’expérience, bonifier les mesures pour attirer et retenir les membres de l’alliance APTS-FIQ dans les régions éloignées et améliorer les droits parentaux. Ces mesures sont d’autant plus essentielles que les agences de placement et les entreprises privées n’hésitent pas à offrir des salaires et des conditions de travail qui font paraître les offres gouvernementales dérisoires.
« Il faut que le gouvernement Legault donne un sérieux coup de barre à la rémunération du personnel professionnel et technique et des professionnelles en soin s’il veut attirer la jeune génération et maintenir l’expertise en place. Nous voulons notre juste part. L’expertise, ça se paie. Et ce n’est pas avec un maigre 5 % d’augmentation salariale sur 3 ans qu’il va réussir à combler cet écart grandissant et à endiguer l’exode de nos membres du réseau public. Il faut mettre fin à l’appauvrissement de ceux et celles qui tiennent le réseau à bout de bras, en indiquant clairement dans ce budget un rehaussement de la structure salariale », ont déclaré la présidente de la FIQ, Nancy Bédard, et le 1er vice-président de l’APTS, Emmanuel Breton.
« Le gouvernement Legault est à la croisée des chemins. Il doit envoyer un message fort et montrer qu’il s’attaque à la pénurie de main-d’œuvre dans le RSSS en reconnaissant à sa juste valeur l’expertise de nos membres. Tout geste contraire de sa part ne fera qu’empirer la situation, mettant en péril notre système public de santé et de services sociaux, déjà fragilisé par la pandémie », ont poursuivi Nancy Bédard et Emmanuel Breton.
Un changement de cap réclamé pour réparer les dégâts
Le réseau public de santé et de services sociaux aura été un filet de sécurité pendant la pandémie, permettant à l’économie de rester sur les rails.
L’alliance APTS-FIQ réclame un changement de vision drastique pour réparer les dégâts dans le RSSS. Pour garantir des services de qualité à la population et pour rattraper le fossé qui s’est creusé entre les besoins et le financement inadéquat, le manque à gagner atteint présentement les 3,6 milliards de dollars.
L’assouplissement du cadre financier, en prolongeant le délai pour atteindre l’équilibre budgétaire au-delà de 5 ans et en suspendant temporairement les versements au Fonds des générations, demeure le bon traitement à appliquer pour dégager les revenus suffisants et les réinvestir là où la pandémie a révélé les failles de notre réseau public. Il y urgence d’agir et d’investir dans le développement d’une vision porteuse en matière de vieillissement de la population, entre autres en ce qui concerne l’hébergement des personnes aînées. Pour ce qui est des services et des soins qui leur sont offerts, l’Alliance privilégie l’approche des services de soins à domicile. Le rehaussement des sommes allouées à ce poste budgétaire devrait être une priorité dans ce budget.
Et à l’évidence un réinvestissement en santé publique, en protection de la jeunesse et en prévention s’impose également. Il faudra répondre aux promesses de mieux soutenir les besoins pressants en santé mentale qui ont été exacerbés pendant la pandémie. La prévention et la détection précoce des enjeux psychosociaux sont des missions qui nécessitent une augmentation de leurs budgets.
« La pression est forte pour que le gouvernement démontre qu’il a appris de ses erreurs. Ce sont les femmes, les personnes les plus vulnérables ainsi que les professionnel·le·s et les technicien·ne·s du RSSS qui ont le plus souffert de la réduction des services. Le ministre Girard doit résister à la tentation de retourner à l’équilibre budgétaire et s’assurer de réparer les dégâts qui découlent des années d’austérité », ont conclu Nancy Bédard et Emmanuel Breton.