Rapport de la Protectrice du citoyen | Tant pour le personnel soignant que pour les patient-e-s, il est plus que temps de réhumaniser les soins de santé aux aîné-e-s!
Les constats du rapport final déposé hier par la Protectrice du citoyen doivent être au cœur des préoccupations du gouvernement afin que ce dernier agisse rapidement et ainsi évite, à tout prix, que le drame qui s’est déroulé dans les CHSLD au printemps 2020 ne survienne à nouveau. Les professionnelles en soins, de même que les familles et les proches des personnes hébergées, ont été les témoins impuissants de cette catastrophe annoncée. L’enquête rigoureuse de la Protectrice du citoyen a permis d’identifier les facteurs qui ont contribué à maintenir les milieux d’hébergement dans l’invisibilité la plus totale. Sans complaisance, le rapport rendu public aujourd’hui est en droite ligne avec les recommandations que la FIQ et la FIQP ont maintes fois formulées, ainsi qu’avec de nombreuses critiques antérieures. Dès maintenant, les soins de santé doivent être réhumanisés.
Le rapport final de la Protectrice du citoyen trace le portrait d’une situation dans laquelle les CHSLD, les personnes qui y résident et le personnel soignant ont été négligés, alors que la préparation de la pandémie s’est centrée sur le système hospitalier et la libération de lits. Déjà en manque chronique de personnel, dépourvus d’équipements de protection individuelle, sans gouvernance au niveau local, en fin de liste des priorités : le virus y a fait des ravages. C’est cette histoire que raconte la Protectrice du citoyen, une histoire qu’il ne faudra pas oublier et sur laquelle le gouvernement doit impérativement rendre des comptes.
Une loi sur les ratios exigée
Pour les Fédérations, la priorité du gouvernement doit être l’introduction d’une loi sur les ratios afin de contraindre définitivement l’État et ses gestionnaires à donner des soins et des services de qualité. Il y a près d’un an déjà, la Protectrice du citoyen indiquait dans son rapport préliminaire l’urgence pour le gouvernement d’assurer la stabilité des effectifs et la présence de personnel en nombre suffisant. Un an plus tard, force est d’admettre qu’en raison du manque de volonté politique, les choses ont peu changé sur le terrain. La culture de mobilité est encore la norme, la main-d’œuvre indépendante plus présente que jamais, et on observe encore des ratios de professionnelles en soins/patients beaucoup trop élevés. Dans son rapport final, la protectrice réitère sa recommandation à propos des ratios de personnel suffisants. Le gouvernement ne peut se permettre de l’ignorer à nouveau.
« Le rapport est accablant pour le gouvernement. Il a failli à sa responsabilité en gardant les CHSLD dans son angle mort. Il n’a pas su protéger les personnes les plus vulnérables ni leur offrir l’ensemble des soins auxquels elles ont droit. Encore aujourd’hui, la situation demeure très fragile dans l’ensemble des CHSLD et le coup de barre nécessaire se fait toujours attendre. Le financement et l’implantation graduelle des ratios doit être vus comme une solution durable et favorable à une offre de soins plus humains, de qualité et sécuritaires. Cela permettrait d’agir à court terme sur la charge de travail et la stabilisation des équipes, en plus de faire échec aux vieux réflexes du gouvernement en faveur de la mobilité du personnel. C’est ce que les professionnelles en soins réclament depuis longtemps. »
Nathalie Levesque, présidente par intérim, Fédération interprofessionnelle de la Santé du Québec–FIQ.
Le principe de précaution et la prévention comme priorité d’action
« Ce qui fait mal aujourd’hui, c’est de constater qu’il aura fallu une pandémie et des vies sacrifiées pour qu’on réalise les ravages du désintérêt des gouvernements successifs pour les conditions de vie et de travail dans les CHSLD publics, privés et privés conventionnés. La mise à l’écart des autorités de santé et sécurité au travail au profit de la santé publique a créé de la confusion qui demeure encore à ce jour. L’expérience nous démontre que les impacts socio-sanitaires de la pandémie auraient pu être atténués si le principe de précaution avait été considéré dans la gestion du risque dès le début. ».
Sonia Mancier, présidente, Fédération interprofessionnelle de la Santé du Québec–FIQ | Secteur privé–FIQP.