La résilience du réseau de la santé : un impératif pour soutenir l’économie du Québec
L’exercice des consultations prébudgétaires s’inscrit cette année dans un contexte d’urgence sanitaire qui perdure depuis 22 mois et qui se répercute inexorablement sur le développement économique du Québec, notamment dans les secteurs visés par de multiples fermetures et réouvertures. Le constat est clair : l’absence de résilience du réseau de la santé a des conséquences non négligeables sur la croissance et le développement de certains pans entiers de l’économie. En effet, des décisions lourdes de conséquences pour plusieurs secteurs, pensons notamment à la restauration et aux arts de la scène, sont intrinsèquement liées au dépassement de la capacité hospitalière. Les économistes de la Banque Nationale ont d’ailleurs expliqué leur révision à la baisse de la croissance du PIB du Québec par l’importance des mesures sanitaires mises en place[1]. Le premier ministre a, quant à lui, justifié la sévérité des mesures sanitaires par l’état précaire du réseau de la santé à cause du nombre important d’hospitalisations et d’absences du personnel.
Mémoire déposé au ministère des Finances du Québec : La résilience du réseau de la santé : un impératif pour soutenir l’économie du Québec
Depuis des décennies, les gouvernements qui se sont succédé ont eu une vision à court terme des investissements à faire dans le réseau de la santé. D’élection en élection, de réforme en réforme, la gestion du système de santé s’est alourdie et centralisée. Érigé autour des hôpitaux au détriment des autres missions telles que les CHSLD et les CLSC et autour des médecins au détriment des autres professionnel-le-s, le réseau est devenu un immense paquebot impossible à manœuvrer. Le gouvernement actuel a le pouvoir de faire mieux, mais en a-t-il la volonté? Difficile de s’en convaincre au vu des choix qui sont actuellement faits par les élu-e-s. Le projet de loi 11, notamment, ignore encore une fois, les services de première ligne en CLSC et met au rancart l’interdisciplinarité au profit des groupes de médecine familiale (GMF) et de la profession médicale.
Il faut se rendre à l’évidence : depuis bien avant la crise sanitaire, dans des conditions dites normales, le réseau public de la santé et des services sociaux fonctionne au maximum de sa capacité. À ce propos, le nombre d’hôpitaux comptant des unités de débordement qui fonctionnent en tout temps doit être considéré comme un signal évocateur. Dans ces circonstances, investir dans la résilience du réseau, dans sa capacité à soigner adéquatement et dans sa réponse à une crise qui nécessite d’augmenter de façon notable les soins donnés doit être vu comme une mesure économique essentielle, urgente, nécessitant des investissements considérables. En ce sens, la Fédération interprofessionnelle de la santé – FIQ et la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec | Secteur privé–FIQP sont d’avis que nous n’avons pas le luxe d’attendre « d’avoir les moyens » de redresser le système de santé. La facture sociale et économique est telle qu’elle exige des investissements majeurs, dès maintenant.
La Loi sur la réduction de la dette et instituant le Fonds des générations vise l’équité intergénérationnelle, afin de ne pas laisser les générations futures supporter le poids démesuré des dépenses et décisions budgétaires actuelles. Or, après près de 40 ans de Nouvelle gestion publique et d’une politique plus récente d’austérité, les Fédérations estiment qu’il est plus que temps de se demander si le poids de la dette sociale n’est pas plus important encore si nous léguons aux générations futures des services publics sous‑financés, qui excèdent régulièrement leur capacité de fonctionnement et qui, finalement, peinent à remplir leur mission.