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FIQ (Fédération Interprofessionnelle de la santé du Québec)

<strong>Un budget insuffisant pour rétablir le réseau public de santé : les professionnelles en soins voulaient des actions claires</strong>

Un budget insuffisant pour rétablir le réseau public de santé : les professionnelles en soins voulaient des actions claires

Pour la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec–FIQ et la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec | Secteur privé–FIQP, un seul constat s’impose à la lecture du budget 2022-2023 présenté aujourd’hui : le réseau public de santé sera maintenu en situation de grande vulnérabilité face aux imprévus, par manque de mesures fortes d’attraction et de rétention des professionnelles en soins. Les choix budgétaires démontrent que le gouvernement n’a pas su tirer les leçons de la pandémie : sans rehaussement de la capacité de soigner dans le réseau public de santé, c’est à la fois la population et l’économie québécoises qui se trouveront à nouveau exposées.  

Des signaux encore une fois ignorés

Les Fédérations sont consternées du fait que le gouvernement ne s’est pas appuyé sur les consensus de nombreux observateurs du terrain et ceux colligés dans les rapports sur la gestion de la pandémie. Travailler avec moins est la norme depuis trop longtemps et il aurait été grand temps de renverser la vapeur en s’attaquant à la crise des conditions de travail. Les Fédérations ont demandé à maintes reprises au gouvernement de prévoir à long terme les besoins nationaux en main‑d’œuvre, grâce à un exercice de planification national, et d’investir dans des équipes de travail stables et dédiées par l’implantation de ratios sécuritaires.

Cette crise ne sera pas résorbée à court terme, car malheureusement aucune nouvelle mesure s’y attaquant ne figure au budget. Certes, les conventions collectives devront être mises en œuvre, mais cela ne représente pas d’argent neuf pour redresser la barre et mettre en place des mesures attrayantes autres que des primes temporaires et décrétées unilatéralement. Cela aura pour conséquence que le robinet de la dépendance au privé et à la main-d’œuvre indépendante pourra continuer de couler, dilapidant les ressources du gouvernement qui avait pourtant promis de s’y attaquer. Notons tout de même l’effort pour favoriser l’utilisation accrue des autres professionnel-le-s de la santé en première ligne et en prévention et promotion de la santé.

Une confiance à rebâtir avec le réseau

La confiance des professionnelles en soins a été ébranlée plus d’une fois par des promesses non tenues. Les professionnelles en soins entendent aussi les discours sur la refondation du réseau de la santé et demeurent sceptiques. Les Fédérations déplorent qu’un milliard soit prévu sur cinq ans pour « rétablir le réseau de la santé » sans donner les détails sur les mesures que le gouvernement envisage de mettre en place. Cette façon de faire a assez duré.

Des choix qui font du surplace pour les soins aux personnes aînées

Les besoins grandissants pour des soins de santé aux aîné-e-s et l’accès à la première ligne nécessitent une vision à long terme. Avec un déficit nettement moins élevé que prévu, le ministre des Finances aurait très bien pu donner ce grand coup de barre tant réclamé pour effectuer le virage vers les soins et services à domicile. Les sommes investies sont nettement insuffisantes pour répondre aux besoins estimés à quatre milliards sur cinq ans. Il investit deux fois plus de nouvelles sommes pour les maisons des aîné-e-s que pour le soutien à domicile; le gouvernement n’a pas compris le souhait de la population. Il prévoit finalement un budget de trois milliards sur cinq ans pour le plan d’action en hébergement, mais ici encore, il sera présenté ultérieurement. Si on ajoute les CHSLD privés, dont une vingtaine pourraient être conventionnés, on ne sait quand ni comment. Cela fait beaucoup de questions nébuleuses dans ce budget.

« La résistance du gouvernement de considérer les investissements en santé comme une mesure économique urgente est inexplicable, pas plus qu’elle n’est logique au regard du traumatisme collectif que nous avons vécu pendant la pandémie. La facture sociale et économique est telle qu’elle exigeait des investissements majeurs, dès maintenant. Nos membres exigeaient des mesures immédiates et concertées qui tiennent compte de leurs besoins.  Au contraire, l’incertitude demeure à savoir si le réseau pourra se remettre de la pandémie sans risquer d’accentuer la détresse du personnel. Beaucoup de sommes sont prévues pour des mesures qui restent à annoncer. Les professionnelles en soins auraient espéré un peu d’espoir, mais malheureusement, elles n’ont pas été entendues. »

Julie Bouchard, présidente, Fédération interprofessionnelle de la santé du QuébecFIQ

« Qu’on le veuille ou non, les choix budgétaires du gouvernement affectent les plus vulnérables de notre société et les femmes, car elles composent majoritairement la main-d’œuvre du réseau de la santé. Les conditions de travail et la qualité des soins prodigués sont d’une grande importance pour les professionnelles en soins et les deux sont intimement liées. L’absence de nouvelles mesures en vue de stabiliser les équipes de travail, comme l’implantation graduelle des ratios sécuritaires, ne freinera pas l’exode vers les agences privées, le recours au TSO, la substitution de titre d’emploi, le délestage, la surcharge de travail et l’absentéisme. »

Sonia Mancier, présidente, Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec | Secteur privéFIQP