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FIQ (Fédération Interprofessionnelle de la santé du Québec)

28 avril : une journée de commémoration qui ouvre la porte à la mobilisation

28 avril : une journée de commémoration qui ouvre la porte à la mobilisation

Le 28 avril est une journée nationale et internationale de commémoration des travailleuses et des travailleurs victimes d’accidents, de maladies professionnelles, blessé-e-s ou tué-e-s au travail.  

À ce chapitre, les professionnelles en soins ont lourdement payé, et continuent de payer, le tribut de la crise sanitaire. Celui-ci se paie au prix de leur santé et de leur sécurité. Plus que jamais, elles travaillent en sous-effectifs, subissent les TSO, sont déplacées d’un centre d’activités à un autre sans préavis et souvent sans formation.  

La lutte pour obtenir les moyens de protection adéquats pour prévenir la transmission aérienne de la COVID-19 a aussi été déterminante. Malgré le déploiement plus large des N95 à la suite de nombreuses batailles syndicales, le risque de contracter la COVID-19 au travail reste présent. Le taux d’absentéisme et le nombre d’éclosions dans les unités de soins en témoignent.  

« On l’a vu au cours des deux dernières années, la disponibilité des moyens de protection était tributaire du bon vouloir des employeurs. Ces équipements de protection auraient dû être disponibles largement. Cette situation inacceptable, liée à une pénurie alléguée des équipements, a entraîné des milliers de cas évitables de contamination de professionnelles en soin. C’est inacceptable! » 

Isabelle Groulx, vice-présidente au secteur Santé et Sécurité du travail de la FIQ

La FIQ, la FIQP et leurs syndicats affiliés soulignent l’engagement, le courage et la détermination des professionnelles en soins pour soigner la population, mais également pour protéger ensemble leur droit de travailler dans un environnement sécuritaire qui ne compromet pas leur santé psychologique ou physique. 

La journée du 28 avril en quelques mots

C’est en 1991 que le parlement canadien adopte la Loi sur le jour de compassion pour les travailleurs et qu’ainsi, le 28 avril devient un jour de deuil officiel. Au Canada, la date du 28 avril marque aussi l’adoption, en 1914, de la Loi sur les accidents du travail. Quant à elle, l’Organisation internationale du Travail souligne depuis le 28 avril 2001 la Journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail.

Officiellement, cette journée sert à la fois à rendre hommage aux travailleuses et aux travailleurs tué-e-s ou blessé-e-s en raison du travail, mais aussi à souligner et à raviver l’engagement du mouvement syndical et des employeurs à l’amélioration de la santé et de la sécurité du travail.

Quelques perspectives sur les accidents, les maladies, la COVID-19, etc.

La santé et la sécurité des professionnelles en soins étaient déjà un enjeu majeur avant que la crise sanitaire n’engendre une augmentation importante des lésions dans le secteur des services médicaux et sociaux. Les données de la CNESST sont extrêmement inquiétantes. En effet, on apprend que le nombre d’accidents de travail est passé, dans ce secteur, de 18 205 en 2019 à 31 790 en 2020, ce qui représente une augmentation d’environ 43 % en une seule année.  

Cette augmentation n’est certainement que la pointe de l’iceberg. En effet, une proportion importante des cas de COVID-19 et de lésions psychologiques contractées à l’occasion du travail ne sont pas déclarés ou acceptés comme lésions professionnelles. En 2020 (les dernières données officielles disponibles), 7 décès sont à recenser parmi la catégorie du « personnel médical, techniciens de la santé et travailleurs assimilés ».  

En date du 14 janvier 2022, alors que la première vague du variant Omicron déferlait toujours, environ 72 000 travailleuses et travailleurs du réseau québécois de la santé avaient contracté la COVID-19. Au même moment, environ 150 000 travailleuses et travailleurs du réseau canadien de la santé avaient été infecté-e-s. À lui seul, le Québec compte donc environ 47,72 % des travailleuses et travailleurs de la santé contaminé-e-s au Canada, alors qu’il ne représente que 22 % de la population canadienne. Autre donnée alarmante : à cette même date, le personnel de la santé du Québec qui avaient contracté la COVID-19 représentait 9,1 % du nombre total des infections au Québec, contre seulement 3,3 % en Ontario

Actuellement, la 6e vague continue de surcharger le réseau de la santé. La banalisation de la COVID-19 par le gouvernement et le refus d’adopter des mesures préventives structurantes en santé et sécurité ont des conséquences graves sur les professionnelles en soins. En effet, le 24 avril 2022, 9 362 travailleuses et travailleurs de la santé, dont un bon nombre de professionnelles en soins, sont absent-e-s du travail pour des raisons directement liées à la COVID-19. Ces absences accentuent la pression sur la santé et la sécurité des professionnelles en soins qui sont toujours au front, ce qui compromet également la qualité des services.  

À ces 9 362 personnes, il importe aussi d’ajouter celles qui ont dû s’absenter pour d’autres motifs, comme l’épuisement accentué par la crise sanitaire ou encore les lésions associées aux troubles musculosquelettiques exacerbées par la surcharge de travail.  

En contexte de 6e vague, l’importance de redoubler nos efforts en prévention se mesure aussi au regard des données rendues disponibles par l’INSPQ. En date du 24 avril 2022, le Québec comptait 2 345 hospitalisations en lien avec la COVID-19. En excluant le début de l’année 2022 où Omicron faisait des ravages, ce nombre d’hospitalisations n’a jamais été atteint lors des vagues précédentes. En comparaison, la première vague a culminé en mai 2020 sous la barre des 1 900 hospitalisations et celle de janvier 2021, tout juste sous la barre des 1 500 hospitalisations.  

En plus du taux de contamination des travailleurs et des travailleurs de la santé et du nombre d’hospitalisations, la détresse psychologique est aussi l’un des principaux contrecoups de la crise pandémique sur les professionnelles en soins.  

Dans une étude publiée en avril 2021, l’INSPQ soulignait les éléments suivants : 

  • Environ la moitié des répondant-e-s à l’étude ayant contracté la COVID-19 rapportent un niveau élevé à très élevé de détresse psychologique. En comparaison, cette proportion était de 27 % chez l’ensemble des travailleuses et travailleurs du Québec pour la période 2014-2015.
  • Les répondant-e-s sont exposé-e-s à des risques psychosociaux importants. L’équilibre précaire entre les obligations professionnelles et personnelles, le manque de temps ou de moyens pour faire un travail conforme à son éthique professionnelle et un très haut niveau d’exigences psychologiques font notamment partie de ces facteurs de risques à la santé et à la sécurité.
  • La détresse psychologique est davantage liée à l’exposition aux risques psychosociaux qu’au fait d’avoir contracté la maladie. Pour agir en prévention, il faut intervenir de manière urgente sur la charge de travail.

Ainsi, pour la FIQ, le 28 avril n’est pas seulement une journée de recueillement et de commémoration. La crise sanitaire doit servir d’électrochoc. Les employeurs du réseau de la santé et des services sociaux doivent immédiatement assumer leurs responsabilités et placer l’enjeu de la santé et de la sécurité du travail parmi leurs priorités.  

En ce sens, la meilleure manière de témoigner notre solidarité à nos consœurs décédées, blessées ou malades à cause du travail, c’est de passer à l’action. Les professionnelles en soins et leurs syndicats redoublent d’efforts pour se mobiliser et organiser l’action syndicale en santé et sécurité du travail.  

Voyez quelques exemples d’actions collectives menées par les professionnelles en soins et leurs syndicats pour protéger leur santé et sécurité au travail! 

La Loi et la place des professionnelles en soins dans la prévention

Pour permettre la pleine participation des professionnelles en soins et de leurs syndicats dans le travail de prévention, les employeurs du réseau de la santé et des services sociaux (RSSS) doivent impérativement déployer les mécanismes prévus à la Loi modernisant le régime de santé et sécurité du travail (LMRSST).  

Ainsi, malgré certaines avancées dues à la LMRSST, il est nécessaire que la CNESST précise et oriente les milieux de travail du RSSS pour nous permettre de déployer correctement ces mécanismes et, ainsi, de protéger la santé et la sécurité des professionnelles en soins.  

À cause des fusions successives, les établissements du réseau de la santé sont aujourd’hui les plus grands et les plus complexes milieux de travail du Québec. Pour que la prévention conserve une échelle humaine et soit efficace, la CNESST doit s’assurer que les employeurs consultent les organisations syndicales pour élaborer, dans un esprit paritaire, un plan de déploiement réaliste et efficace de ces mécanismes prévus à la Loi. 

La CNESST doit aussi produire un règlement déterminant un seuil minimal pour l’application de ces mécanismes. Ce règlement déterminera notamment le nombre d’heures minimal de libérations pour les représentant-e-s des travailleuses et des travailleurs en santé et sécurité ou, encore, la fréquence des rencontres du comité de santé et sécurité. Il est essentiel que ces dispositions soient suffisantes pour permettre une véritable démarche paritaire en prévention dans le RSSS. 

« Il y a actuellement une fenêtre d’opportunité. Des leviers pour agir en prévention sont à notre portée par le biais de mécanismes qui ont fait leurs preuves dans d’autres secteurs. Ces mécanismes auraient dû depuis longtemps être appliqués dans le RSSS. »

Isabelle Groulx, vice-présidente au secteur Santé et Sécurité du travail de la FIQ

Les militantes et les membres de la FIQ et de la FIQP se mobilisent pour obtenir un règlement à la hauteur des enjeux auxquels elles sont confrontées. Nous serons vigilantes et déterminées pour nous assurer que les employeurs du réseau répondent à leurs nouvelles obligations en matière de SST et qu’ils le fassent paritairement avec les professionnelles en soins et leurs syndicats.