Sans le personnel suffisant, impossible d’améliorer les soins aux aîné-e-s
Le Plan d’action découlant de la Politique d’hébergement et de soins et services de longue durée présenté le 5 mai dernier n’apporte aucune solution concrète pour mettre les belles idées de la ministre Marguerite Blais en pratique. La FIQ et la FIQP restent fortement préoccupées quant aux conditions de travail des professionnelles en soins, à la qualité et la sécurité des soins qu’elles dispensent et, aussi, à la réalité des proches aidant-e-s, majoritairement des femmes, et des patient-e-s.
Le gouvernement veut personnaliser les soins, très bien. Mais comment compte-t-il y arriver? Trop peu nombreuses et à bout de souffle, les professionnelles en soins sont extrêmement limitées dans le temps qu’elles peuvent passer auprès des résident-e-s. Dans ces conditions, il est utopique de penser qu’elles pourront s’informer sur leur passé et leurs passions afin de leur procurer des soins personnalisés, tel que le prévoit le Plan d’action.
Améliorer les pratiques en visant la satisfaction des personnes hébergées et des proches est un objectif noble. Toutefois, pour que les pratiques professionnelles assurent le mieux-être et répondent aux besoins des personnes hébergées et de leurs proches, pouvoir compter sur le personnel suffisant est une condition non négociable. Plusieurs fois, la FIQ, la FIQP et des organisations alliées ont pressé le gouvernement d’instaurer des ratios sécuritaires professionnelles en soins/patient-e-s, notamment en hébergement, et il continue pourtant de faire la sourde oreille!
Besoin urgent de ratios sécuritaires en soins de santé
Le gouvernement affirme qu’on doit pouvoir compter sur davantage de professionnelles en soins dans le réseau avant de mettre en place les ratios sécuritaires. Or, les expériences internationales démontrent le contraire : mettre en place une mesure qui améliore la pratique professionnelle, comme les ratios sécuritaires, permet d’attirer et de retenir les professionnelles en soins. Implantons les ratios sécuritaires dans tous les milieux de soins, notamment en hébergement, et les objectifs du Plan d’action seront du même coup beaucoup plus réalistes.
Au Québec, les projets pilotes mis en place entre 2018 et 2019 ont permis, entre autres en CHSLD, une diminution importante du nombre de chutes et une meilleure connaissance des patient-e-s par les professionnelles en soins, ce qui a mené à des évaluations plus exhaustives et mieux documentées. Des patient-e-s alité-e-s à leur arrivée en CHSLD, faute d’être évalué-e-s en temps opportun, ont pu marcher à nouveau et ainsi retrouver une partie de leur autonomie puisque les professionnelles en soins ont pu avoir le temps nécessaire pour mettre en place leurs programmes de marche adaptés.
En Californie, où les ratios sont implantés depuis plus de 15 ans, on a documenté une augmentation de la qualité des soins et une augmentation du temps passé auprès des patient‑e‑s. Qu’attendons-nous?
Un Plan sur le dos des proches aidantes
La vérificatrice générale elle-même constate dans son plus récent rapport que le gouvernement est conscient que les besoins en soins de longue durée vont augmenter à cause du vieillissement de la population, mais que l’offre de services n’est ni planifiée ni bonifiée en conséquence. Il se dégage d’ailleurs du plan d’action une tendance à impliquer de plus en plus les proches aidant‑e‑s et les organisations communautaires, une façon d’admettre que les aîné‑e‑s en grande perte d’autonomie ne verront pas tous leurs besoins comblés par le réseau de la santé. Le fardeau des soins retombera sur les épaules des proches aidant‑e‑s, en écrasante majorité des femmes, qui seront confronté‑e‑s au dur choix de délaisser leur carrière ou un projet personnel qui leur est cher. D’autant plus que seuls 600 000 $, sur un budget d’environ 3 G$, sont prévus dans le plan pour les accompagner et les soutenir. C’est très peu pour des objectifs aussi ambitieux.
Sans remettre en doute la volonté réelle de la ministre d’améliorer la qualité de vie des personnes hébergées, la FIQ et la FIQP estiment que cette volonté est vaine sans l’implantation de ratios sécuritaires professionnelles en soins/patient-e-s et sans financement adéquat. Les aîné-e-s devaient être l’une des grandes priorités de ce gouvernement. Alors que son mandat se termine, il y a urgence de rectifier le tir!