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FIQ (Fédération Interprofessionnelle de la santé du Québec)

Parce que nous aussi les femmes on a notre mot à dire!

Parce que nous aussi les femmes on a notre mot à dire!

Vous avez déjà entendu ce genre de phrases :

« Si on était dans un syndicat avec une majorité d’hommes, ce ne serait pas long : on aurait de meilleurs salaires! »

« Ça nous prend des hommes pour négocier, nous, on est trop fines! »

« Les hommes, eux, n’ont pas peur de parler d’argent! » 

« C’est ça un syndicat de femmes, on se fait manger la laine sur le dos! »

Je suis certaine que oui. Qu’est-ce que ça vous fait quand vous entendez ces affirmations? Elles véhiculent des préjugés sur les femmes : ces dernières ne seraient pas en mesure de se battre ou de défendre leurs conditions de travail? Moi, ça me dérange parce qu’autour de moi, je vois plein d’exemples qui me démontrent le contraire!

À chaque conflit de travail ou de négociation des conditions de travail des professionnelles en soins, ces croyances ressortent. Est-ce que les femmes sont si « poches » que cela? Poser la question, c’est y répondre!

Nous entrons dans une période de négociation et on risque d’en entendre de toutes les couleurs, je vous propose donc de reprendre le problème par la racine et de vérifier si ce qu’on raconte sur le dos des femmes est vrai.

« Si on était dans un syndicat avec une majorité d’hommes, ce ne serait pas long : on aurait de meilleurs salaires! »

Ni vrai et ni faux : Historiquement, les hommes ont toujours eu de meilleurs salaires que les femmes. Pourquoi? Parce qu’ils détenaient le pouvoir et que les femmes étaient invisibles politiquement, et confinées à la sphère familiale. Le travail des femmes n’avait pas moins de valeur que celui des hommes, mais il n’était pas reconnu à sa juste valeur. Ce n’est pas lié à la capacité de négociation des femmes, mais bien à la discrimination systémique qu’elles subissent depuis qu’elles sont sur le marché du travail. C’est pour cette raison que le Québec s’est doté de la Loi sur l’équité salariale, entrée en vigueur en 1996. Le salaire des femmes n’a pas augmenté pendant toutes les années où les femmes ont été représentées par des hommes. Toutefois, c’est grâce à la combativité des femmes et des comités de condition féminine des syndicats que la valeur du travail des femmes a été reconnue collectivement!

« Ça nous prend des hommes pour négocier, nous, on est trop fines! »

Faux : Malheureusement, on connaît trop peu l’histoire de la mobilisation des femmes, et pourtant les membres de la FIQ ont montré leur colère et leur détermination avec des moyens forts, dont voici des exemples :

  • Septembre 1989, les membres de la FIQ ont fait 7 jours de grève qui se sont soldés par un projet d’entente de principe;
  • 1996, les déléguées de la FIQ bloquent l’autoroute 15 à l’heure de pointe pour empêcher le gouvernement de puiser dans notre régime de retraite;
  • 1999, grève générale de 23 jours pour négocier, les conditions de travail sont épouvantables à cause des nombreuses coupures du gouvernement;
  • 2010, les professionnelles en soins plantent leurs tentes devant l’Assemblée nationale, pendant 78 h consécutives dans le but de réclamer une entente négociée;
  • 2020 et l’année qui suit, occupation des terrains de CHSLD avec plus de 100 mannequins représentant des personnes âgées pour protester contre les ratios trop élevés de patients;
  • Et en 2020 toujours, les membres de la FIQ bloquent les ponts Jacques-Cartier et pont de Québec dans le cadre da la négociation qui n’avance pas.

« Les hommes, eux, n’ont pas peur de parler d’argent! »

Faux : Le travail des femmes, et particulièrement celui des professionnelles en soins, a toujours été perçu socialement comme une vocation, y compris par le gouvernement qui nous voit toujours comme des anges gardiens. Les femmes ne craignent pas de parler d’argent, et d’ailleurs, elles réclament haut et fort depuis plusieurs années une rémunération à la hauteur de leur travail. Le projet de convention collective déposé le 7 novembre 2022 comprend 26 demandes liées à la rémunération!

« C’est ça un syndicat de femmes, on se fait manger la laine sur le dos! »

Faux : La pandémie de COVID-19 a démontré le contraire, alors que les professionnelles en soins ont été réquisitionnées, 7 jours sur 7, à la grandeur de la province pour soigner les patients, elles ont osé dénoncer l’inacceptable, ont pris la parole dans les médias. Avec les autres syndicats, elles ont déposé une plainte contre le gouvernement au Tribunal administratif du travail qui leur a donné raison : le gouvernement à l’obligation de négocier de bonne foi avec les syndicats!

Alors? Et vous? Que pensez-vous de l’engagement des femmes pour défendre leurs conditions de travail? Plus que jamais, osons prendre la parole et revendiquer toutes ensemble!

Kime Gobeil
Joyeuses fêtes de la part du comité Condition féminine!