Taux d’échec à l’examen de l’OIIQ – Les CEPI entre l’arbre et l’écorce
Le 18 janvier dernier, le Commissaire à l’admission aux professions publiait un premier rapport d’étape dans le cadre de son enquête sur le taux d’échec à l’examen de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec du 26 septembre 2022.
Rappelons que cette enquête du Commissaire porte tant sur l’examen que sur la situation des candidates à l’examen, incluant la formation et la préparation à l’examen.
Sans être en mesure, à ce stade-ci, de tirer des conclusions définitives sur les causes du faible taux de réussite à l’examen de septembre 2022, le commissaire a jugé qu’un premier portrait de la situation justifiait la formulation de recommandations, dont :
- Le report de l’examen de l’OIIQ, actuellement prévu le 27 mars 2023.
- L’octroi d’une autre tentative aux candidates ayant eu un troisième échec à l’examen de septembre 2022 et, dans l’intervalle, leur redonner le statut de CEPI.
Réponse de l‘OIIQ aux recommandations du Commissaire
Plus tôt aujourd’hui, l’OIIQ a fait connaitre par voie de communiqué les mesures qu’il entend mettre en place pour répondre aux recommandations contenues au rapport d’étape de l’enquête du Commissaire à l’admission aux professions. On note principalement :
- Le retrait temporaire de l’obligation pour l’ensemble des CEPI de se présenter à la séance de l’examen de mars 2023 et la possibilité de choisir de faire l’examen en septembre.
- Le rétablissement du droit d’exercer à titre de CEPI pour les personnes ayant obtenu un troisième échec à l’examen de septembre 2022 ou dont le délai pour réussir l’examen se terminait en septembre 2022.
- L’octroi d’une quatrième tentative à l’examen aux CEPI ayant eu un troisième échec lors de l’examen de septembre 2022.
- Un encouragement aux directions de soins infirmiers à soutenir les CEPI dans leur décision de se présenter ou non à l’examen de 2023.
Par la position qu’il adopte, l’Ordre fait le choix de se laver les mains de toute responsabilité face aux conséquences découlant du taux d’échec sans précédent au dernier examen de 2022. Les candidates à l’exercice de la profession infirmière se retrouvent donc entre l’arbre et l’écorce, c’est-à-dire à devoir choisir entre se présenter à l’examen de mars prochain et risquer un quatrième échec avant même que le Commissaire ait pu compléter son enquête, ou attendre l’examen de septembre 2023 et subir pendant encore plusieurs mois les impacts financiers d’une rémunération moindre en raison de leur statut.
Alors que le Commissaire affirme sans détour que « des personnes candidates ont vraisemblablement subi un préjudice dans leur parcours d’insertion professionnelle », on ne peut que déplorer la position mi-figue, mi-raisin dans laquelle l’ordre professionnel a choisi de se cantonner.
Une enquête qui se poursuit
Entre-temps, le Commissaire à l’admission aux professions poursuit son enquête et n’exclue pas la possibilité que d’autres rapports d’étape soient publiés d’ici la rédaction de son rapport final.
La FIQ souhaite que le Commissaire prenne en considération l’avis qu’elle lui a soumis et dont les recommandations sont tirées directement de l’expérience des professionnelles en soins.
Les conditions de travail et d’exercice constituent un facteur déterminant dans la préparation et dans la réussite des CEPI à l’examen d’admission à la profession. On le sait, les conditions difficiles ne sont pas nouvelles dans le réseau de la santé. Elles se sont toutefois détériorées considérablement depuis les débuts de la pandémie, entraînant pour les candidates :
- Une insuffisance de supervision infirmière.
- Un manque de congés préparatoires à l’examen.
- Une hausse marquée du travail effectué en heures supplémentaires, notamment en heures supplémentaires obligatoires.
Les CEPI ont ainsi été privées d’un environnement favorisant la consolidation des apprentissages et la révision des connaissances théoriques, ce qui a fort plausiblement contribué au faible taux de réussite à l’examen de l’OIIQ.
Des recommandations pour améliorer la préparation à l’examen
Dans l’avis qu’elle a déposé, la FIQ a soumis des recommandations pour les établissements du réseau, mais aussi plus particulièrement à leur direction des soins infirmiers, qui sont responsables des activités des CEPI.
La FIQ demande donc que les établissements du réseau de la santé :
- Assurent la supervision infirmière des CEPI, comme prévu au règlement.
- Octroient les congés, prévus aux dispositions locales de la convention collective, pour la préparation des CEPI à l’examen d’admission à la profession.
- Limitent les heures supplémentaires des CEPI, et ce, particulièrement à l’approche de l’examen, et proscrivent les heures supplémentaires obligatoires des CEPI.
- Mettent en place de mesures de soutien et de préparation à l’examen.
Enfin, ce dossier fera l’objet d’une attention particulière, tant de la part de la FIQ que de ses syndicats affiliés, afin d’assurer que les employeurs mettent en place toutes les conditions adéquates et nécessaires à la réussite des CEPI. La Fédération entend intervenir auprès des hautes instances de l’OIIQ, du ministère de la Santé et des services sociaux et de celles chargées de l’application du Code des professions et des lois constituant les ordres professionnels.
Les établissements de santé doivent permettre à la relève, qu’elle soit infirmière, infirmière auxiliaire, inhalothérapeute ou perfusionniste clinique, d’apprendre convenablement. Cette relève est précieuse, voire primordiale, et le réseau a besoin de toutes ses professionnelles en soins.
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