Lettre ouverte – Qui voudra soigner à la Baie-d’Hudson?
Il y a plusieurs années, travailler dans le Grand Nord représentait un magnifique défi personnel et professionnel pour plusieurs professionnelles en soins qui travaillaient « au Sud ». Travailler dans un environnement où l’autonomie professionnelle et la diversité de la pratique qu’on y retrouve attiraient plusieurs professionnelles en soins. Malheureusement, pour plusieurs d’entre nous qui y sommes aujourd’hui, c’est réellement devenu un cauchemar. Et étonnamment, ce n’est pas en raison de la crise sanitaire ou du contexte nordique ou de la pénurie de main-d’œuvre, mais bien en raison des méthodes de gestion irrespectueuses et cavalières de notre employeur qui perdurent depuis trop longtemps à notre endroit.
Quand on choisit de travailler dans le réseau de la Santé, nous savons que nous devrons faire face à des situations particulièrement difficiles et que notre santé mentale et physique sera mise à rude épreuve. Quand on choisit de travailler « au Nord », on sait pertinemment que notre pratique professionnelle sera parfois grisante, parfois déroutante. Mais, ce que nous vivons actuellement au Centre de Santé Inuulitsivik va au-delà que ce nous aurions pu imaginer.
Le sentiment profond qui nous habite en ce moment? Celui d’être littéralement sacrifiées par un employeur qui ne nous respecte pas. Ce même employeur qui, faute d’avoir mis en place des solutions pour éviter l’hémorragie qui sévit depuis des années, nous en fait payer chèrement le prix. Ce n’est plus possible pour nous de continuer ainsi. D’un côté, il y a les professionnelles en soins épuisées, surchargées et démotivées et de l’autre, des patient-e-s qui se butent à des problèmes d’accessibilité, parfois à des soins déshumanisés et où la qualité et la sécurité ne sont tout simplement plus au rendez-vous! Jour après jour, on voit des collègues quitter le bateau tout en se demandant nous-mêmes si on ne devrait pas en faire autant.
Aujourd’hui, nous demandons d’être entendues! Tant par notre employeur que par le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé. Nous ne pouvons plus travailler dans un tel climat toxique, tout en faisant face à notre employeur qui fait la sourde-oreille à l’ensemble de nos revendications. Parfois, on parle de gros bon sens c’est-à-dire d’avoir accès à des bouteilles d’oxygène en dispensaire afin de desservir la population qui a besoin de soins.
Les solutions parfaites n’existent pas, mais ne rien faire ne fera qu’empirer la situation. Pouvoir retenir et attirer des professionnelles en soins à la Baie-d’Hudson, ça commence par rétablir un lien de confiance entre les professionnelles en soins et les dirigeant-e-s du Centre de Santé Inuulitsivik… Dès maintenant! Si la situation n’est pas sérieusement abordée et corrigée, hé bien, plus personne ne voudra venir soigner à la Baie-d’Hudson.
Les professionnelles en soins du Centre de Santé Inuulitsivik