CIUSSS de l’Estrie – Centre Hosp. Univ. de Sherbrooke cas #599
Il n’y a pas assez de prévention qui est faite, malheureusement. Pourtant c’est connu, il n’est pas nécessaire de présenter des symptômes respiratoires pour être porteur du virus et être contagieux. En milieu hospitalier, les précautions sont mises après que le test soit sorti positif et très peu sont mises avant par peur de gaspiller du matériel, trouvez-vous cela normal? Savez-vous combien de personnes peuvent être contaminés avant que la personne ait des symptômes et qu’elle puisse être dépistée? BEAUCOUP. (Parce que, bien sûr, il n’est pas question de se faire dépister alors que nous n’avons pas de symptômes, même si nous avons été en contact sans protection avec une personne atteinte.) Nous ne devons donc de continuer à travailler en étant contagieux, ou non. Lorsque nous avons des symptômes, nous pouvons être dépistés. En attendant que le test soit analysé et nous soit communiqué, tout ce que nous pouvons porter lorsque nous présentons des symptômes respiratoires est un masque chirurgical. UN MASQUE CHIRURGICAL. Comment voulez-vous que l’on protège les patients? Nous sommes les premiers à offrir des soins de santé aux personnes malades, ayant déjà un système immunitaire affaibli et il est impossible de nous protéger (parce que rappelez-vous, les précautions adéquates sont mises après que le test soit sorti positif, c’est-à-dire 24 h à 48 h suite au dépistage qui est fait seulement du moment que la clientèle possède des symptômes!!). Comment voulez-vous que la clientèle soit protégée et que nous le soyons nous-même?
Les précautions devraient être prises en tout temps jusqu’à ce que le résultat du test soit connu et qu’il soit négatif et le personnel devrait pouvoir se faire dépister sans présenter de symptômes. À la place de garder le matériel pour les semaines à venir, il aurait dû être utilisé dès le départ pour prévenir la contamination. Si nous aurions pris les mesures nécessaires avec l’équipement adéquat dès le départ et pour tous les patients à risque, du personnel n’aurait pas été contaminé et n’auraient pas servis de vecteur pour transmettre le virus entre les patients et les autres membres du personnel qu’ils sont en contact. Il est normal que les cas ne cessent de croître et que les pénuries de matériel se fassent sentir maintenant…
Le personnel est si inquiet et ont tellement peur de contaminer leur famille que certains s’isolent dans des logements, à part de leur famille pendant le temps de la crise. Vous imaginez-vous être privé de voir vos jeunes enfants pendant 1 mois? 2 mois? Ou même plus … ? Imaginez ces enfants qui ont besoin de leur mère et de leur père … et ces familles à la maison qui ont besoin de leur conjoint et conjointe? S’isoler est un choix personnel, bien évidemment. Mais c’est un choix qui n’aurait pas à être envisagé par le personnel médical si les mesures de protection étaient adéquates et que nous nous sentirions en sécurité.
Savez-vous que dû aux pénuries le personnel médical n’a plus accès aux masques chirurgicaux pour traiter des patients qui ont la gastro, entre autre? Et oui… Pensez encore une fois au personnel médical qui travaille avec des dizaines de patients malades par jour…
Le personnel médical, qui, en partie, ne couvrent plus uniquement leurs départements habituels, car il y a beaucoup plus de besoins à combler, et ce, sur tous les étages. Le personnel se promène donc, d’une journée à l’autre, d’étage en étage. Les cas sont plus lourds, le personnel est fatigué et notre sécurité est mise de côté. Je ne vous parle pas ici seulement des jeunes infirmières comme moi qui sont en bonne santé, mais aussi des femmes enceintes qui sont encore en contact pour certaines avec des patients ayant des symptômes d’influenza, ou bien des employés qui sont à risques dû à des problèmes pulmonaires ou par leur âge (dont certains âgés de plus de 65 ans par exemple), mais qui se font obligés à travailler par l’établissement. Une de mes amies a même dû demander une prescription médicale de son médecin pour ne plus travailler auprès des personnes qui ont des symptômes d’allure grippale, soit, possiblement l’influenza. Trouvez-vous cela normal d’avoir besoin d’une prescription médicale de votre médecin pour que votre employeur cesse de vous mettre à risque, vous et l’enfant que vous portez? Absolument pas.
Certaines négociations ont été entamées par le syndicat avec le gouvernement. Les bonnes nouvelles étaient publiées dans les médias sociaux : les immuno-supprimés et femmes enceintes retirées des milieux de première ligne et les vêtements de travail fournis aux personnes en contact avec la clientèle touchée. Yay! Que nous nous sommes dites. Pourtant, en réalité, elles sont nombreuses enceintes à devoir se battre en ce moment pour que leur milieu de travail soit reconnu comme un milieu de travail à risque et qu’elles puissent être retirées du milieu infecté. Moi, je travaille sur l’unité de patients COVID POSITIFS de l’hôpital, je mets, jour après jour, toujours les mêmes uniformes. Mes uniformes. Les changements ne se font pas sentir et c’est un combat qui nous décourage de plus en plus, jour après jour. Tout ce qui est demandé pourtant, c’est que l’employeur fournisse des conditions de travail sécuritaires à leur employé. Nous nous donnons cœur et âme pour soigner notre population et certains ont l’audace de se prononcer sur notre choix de métier en disant que cela fait partie des risques du métier. Pourtant, avez-vous déjà vu un employé de la construction sur le toit d’une maison à étages sans aucun équipement et que son employeur lui dise que c’est normal s’il tombe, que ça fait partie des ‘’risques du métier’’ ? Auriez-vous osé dire à cet employé que c’est normal avec le métier qu’il a choisi d’accepter ce genre de conditions pour pouvoir exercer son métier? Bien sûr que non. Alors pourquoi, nous, personnel de la santé, devons-nous accepter d’exercer notre travail alors que nous n’avons pas accès à nous protéger adéquatement?
Et en plus de tous les risques qui doivent être pris par le personnel, le personnel infirmier risque de se faire retirer ses conventions collectives, nos privilèges comme employé? Plus de vacances pour certains, plus de quarts payés à temps et demi lorsqu’on dépasse les 40h/semaine, etc… En plus de notre santé à risque, des heures interminables au travail, de nos quarts qui sont plus demandant, on ne nous permet pas aux »anges » de se reposer?
Dites-moi en quoi je devrais trouver ma motivation pour aller travailler en ce moment lorsque je peux revenir à tout moment avec un virus ou une maladie à la maison que je transmettrai à ceux que j’aime.
Dites-moi comment trouver la motivation pour aller travailler en ce moment alors qu’on donne sans compter, plus que jamais… et qu’on nous réclame davantage.
Dites-moi comment trouver la motivation pour aller travailler en ce moment, alors qu’on me retire mes privilèges en tant qu’employés, et que je n’ai jamais autant ressenti que mon travail n’était pas considéré aux yeux de la bureaucratie, qu’en ce moment.
Si aucun changement n’est fait, nous serons nombreux à prendre des congés pour ce virus ou bien pour des burnout.
Si vous ne vous ouvrez pas les yeux, ça n’ira pas bien. ?
Faites des changements avant qu’il ne soit trop tard.
– une infirmière à bout de souffle