Je dénonce

CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal cas #765

La colère et le stress ont dépasser le plafond aujourd’hui. Les choses ne vont pas bien au CHSLD. C’est la désorganisation totale. J’étais volontaire dans le but d’aider plus en relation aux soins, mais on arrive sur place, ils nous avisent qu’on est ASI de l’unité, sans aucune formation ou orientation, et responsables de 30 patients. Mon impression est que les gestionnaires ont la fausse idée que tous les infirmier/ères connaissent le travail d’une ASI en CHSLD ou des infirmières sur le plancher. C’est complètement différent de l’hôpital, oui, mais pas moins complexe, vu que tous les patients sont dans l’âge de risque et Covid +.
1e journée au CHSLD
J’arrive 30 min. d’avance et je me dirige vers l’unité X selon mon horaire. L’infirmier sur place me demande si j’étais déjà contaminé avant, je lui ai dit que non, alors il m’a dit, tu ne peux pas rester ici car c’est en pleine éclosion, aller à l’unité Y. Alors, je me rends sur l’étage, l’infirmière sur place était très gentille, mais m’a envoyé à l’unité Z, car il n’avait pas de nurse.
J’arrive sur place, j’ai trouvé une collègue qui était là pour la 2e journée. J’ai pensé Wow, on va être 2 et elle va pouvoir m’expliquer quoi faire. Malheureusement elle était plus perdue que moi, dans un état pré crise. On n’a reçu aucun rapport, l’infirmière sur place a pris notre nom pour la présence et est parti, elle est partie sans donner rapport. L’infirmière régulière (très gentille) de l’unité Y est venue nous voir, elle m’a donner les contacts des médecins de l’étage, son cel a elle en cas de besoin et de la Chef d’unité. Après, elle m’a donné le cel de l’ASI (sans charge et sans chargeur) et a dit, si le téléphone sonne tu prends l’appel. Elle ne pouvait pas rester avec nous non plus car elle était sur une autre unité.
Une conseillère est venue nous voir, mais ne connais pas beaucoup le travail, car elle aussi est venue aider, revenue de retraite. Alors, j’ai essayé en premier moment de fouiller un peu les dossiers au moins pour connaitre le niveau de soins de chaque patient et l’âge. J’était capable de faire un tableau avec numéro de chambre, nom du patient et niveau soins, et patients avec soins de plaies. Pendant tout ce temps ma collègue marchait sur l’unité perdue. Une Conseiller en soins palliatifs est venue évaluer une patiente et nous a demandé d’aller avec elle pour savoir quoi faire. Ensuite, je suis allée voir les 2 auxiliaires pour savoir si tout était bien, et là on découvre qu’un patient avait une saturation de 89% AA, avait arrêté de manger quelques jours, peau grisâtre. Résumé, elle a appelé le médecin, pendant que je cherchais du matériel pendant 20 minutes pour installer O2 au patient, car personne ne savait rien, même l’auxiliaire régulière n’a pas aidé. Aucune collaboration de sa part dans une situation d’urgence. Le médecin a prescrit un protocole de détresse, mais le patient ne collaborait pas. Finalement l’Inf. régulière est venue nous aider et nous a montré comment faire un transfert a l’hôpital. Après le dîner une madame que je ne sais même pas c’est qui est venue nous chicaner car on ne prenait les appels, elle nous a dit qu’il faut absolument qu’on reste à côté du téléphone. Le cel était déchargé et pas chargeur sur place et on avait avisé depuis notre arrivé. Comprenez-vous a quoi on est obligé d’être exposé? C’est humiliant, on est traité comme des imbéciles. Après-midi était plus calme, ma collègue est partie en pleurant et je suis restée toute seule. Je suis allé faire un pansement et prendre le rapport des auxiliaires. J’ai eu besoins de plusieurs informations mais l’auxiliaire régulière ne collabore pas. Je ne aucune confiance de travailler avec cette personne.
2e journée CHSLD
J’arrive à l’unité X, même chose, aller a l’unité Z car il n’y pas de nurse. J’arrive, personne pour me donner rapport et je suis ASI encore. Bon, finalement ils m’ont envoyé une autre conseillère pour m’aider, sauf qu’elle ne connait pas la routine des infirmières, malgré sa disponibilité très apprécié. L’auxiliaire régulière est venue me voir pour me dire qu’ils ont envoyé une 2e auxiliaire qui était en travaux léger et que je devrais rester avec elle pour aider. Alors, je suis allé la voir, je pris les glycémies pour elle, on a vérifié les médicaments ensembles et les insulines. J’ai demandé un préposé de l’aider à tourner les patients pour qu’elle puisse prendre la température rectale et s’est bien passé. Après la conseillère a pris beaucoup du temps pour trouver le plan de soins infirmier, elle m’a expliqué un peu sur certaines ordonnances collectives. Elle a demandé aussi l’aide d’un infirmier régulier de l’autre étage pour nous parler un peu ce quoi notre routine, mais il n’est jamais venu nous voir. Vers 10h l’Auxi régulière m’appelle pour dire que le patient qui était transféré la veille à l’hôpital, était là depuis le soir et elle ne savait pas non plus, elle était très irritée. Elle m’a dit que je devrais gérer le patient car elle n’avait pas du temps. La conseillère était avec moi et était aussi surprise. C’est grave la situation, ils nous mettent sur le champ dans des conditions très dangereuses pour nous et pour les patients, c’est inacceptable, aucun rapport. Entre temps il y a toute sorte de problèmes et situations qu’arrive et on doit gérer, les médecins de l’unité que veulent savoir des nouvelles de patients par téléphone et un autre qui était sur place et faisait sa tournée. Je lui ai dit, que j’étais nouvelle et que je ne connaissais pas bien les patients mais que pour ce matin tout était correct. Vers 13h30 je suis allée vois les Auxi pour me donner un petit rapport des patients car je devrai appeler le médecin traitant, l’Auxi régulière n’avait pas pris aucuns signes vitaux dans sa section, irresponsable, négligente. Elle a dit qu’elle m’avait avisé plus tôt et ce n’était pas vrai, car la conseillère était tout le temps avec moi et elle était témoin. On se chicané au poste, je lui ai dit qu’elle ne m’a jamais dit ça, que c’était irresponsable de sa part. Elle a commencé à parler fort que c’était ma job d’infirmière et que je n’étais pas envoyé la bas pour rester o poste. Pourtant tôt le matin elle m’a juste dit d’aider l’autre Auxi en travaux léger et c’est ça que j’ai fait. Je la questionné aussi pourquoi la veille elle était capable de travailler avec l’autre Auxi et était correct, elle n’est jamais venue au poste pour demander de l’aide. Après l’autre Auxi m’a aidé à vérifier les signes vitaux de la moitié de patients et la conseiller est allée avec une préposée prendre l’autre moitié. Imaginez si un de ses patients décède dans ces circonstances. Je ne peux pas accepter cette situation stressante, je suis arrivée chez moi hier dans un état que je n’aime pas et mes enfants ont senti toute mon angoisse.
Je comprends leur besoin, c’est à peine ma 2e journée et j’ai essayé de connaitre le profil de mes patients, comprendre un peu le travail et responsabilités. Mais les exigences ne sont pas conformes à nos connaissances et expertise. Les conseillères et les boss n’arrêtent pas de dire que c’est un temps de guerre, on doit s’entraider, tout pour justifier le bordel qui est le CHSLD et la façon irresponsable qu’ils nous envoie sur les unités. C’est ma responsabilité, mon permis qui est en jeux.
Ce n’est pas sécuritaire pour travailler, aucune sécurité pour les patients, aucune confiance au personnel. J’ai parlé à un collègue hier, il est de même avis que moi. Ce matin j’ai reçu des nouvelles d’un autre collègue qui était cette nuit….my god. Il était tout seul avec une nouvelle infirmière aussi et 1 préposé non régulier de l’unité. Il a dit qu’il n’a pas eu de pause, 1 chute et 2 décès. Un coordo qui lui a parlé juste par téléphone a dit de laisser les corps pour l’équipe du matin, inhumain. Pas de médecin pour constater les décès.
J’ai déstabilisé toute la routine de ma famille pour aller aider, mon mari est très stressé à cause des horaires de nuit et cette situation interfère aussi à son travail, a son sommeil et à notre relation.
Je ne suis pas disponible pour ce type de travail. Mon immigration et mon permis m’ont couté très cher pour que je risque tout avec des situations dangereuses comme ça.
J’ai lu le topo d’hier et la parole de notre PDG me donne plus de colère car il ne voit pas qu’est-ce que se passe dans la vraie vie. Des mots que se perdent dans le vent. Chamboulé les vies des employés et leurs familles ont des conséquences juste pour nous et après il n’y aura personne que sera là pour nous. C’est immoral d’obliger les gens de vivre cet enfer car le gouvernement n’était pas capable de s’organiser et le RH n’ont jamais retourner les appels aux 2 mil infirmières retraités que voulait aider et plusieurs autres qui ont répondu oui.
Moi je suis loyale et respectueuse envers mon employeur mais je ne sens pas la réciprocité. Ma priorité c’est ma famille et je ne suis pas prête à les sacrifier.

Merci de votre attention.