Consultations publiques du Commissaire à la santé eu au bien-être: mauvais diagnostic, mauvais remède
La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec – FIQ a déposé vendredi un mémoire auprès du Commissaire à la santé et au bien-être (CSBE) dans le cadre de ses consultations publiques sur le panier de services assurés. « À la FIQ, nous croyons qu’il y a des problèmes dans le réseau de la santé et qu’il faut s’y attaquer. Nous croyons également qu’il faut revoir les questions liées au contrôle des dépenses en santé afin que les ressources soient mieux utilisées en faveur des patients. Nous saluons la démarche de réflexion du Commissaire, mais nous ne croyons pas que les problèmes du réseau de la santé public passe par une diminution du panier de services assurés, bien au contraire », a déclaré la présidente de la FIQ, Régine Laurent.
Dans son mémoire, la FIQ fait la nomenclature de la croissance des dépenses en santé. Elle rappelle que la croissance des coûts des médicaments, la rémunération des médecins et le rôle accru du secteur privé en santé sont les postes budgétaires ayant la plus forte croissance. La FIQ se préoccupe également des conséquences d’une éventuelle désassurance des services. Elle juge que cette dernière ne doit pas mener à une ouverture encore plus grande à la privatisation du financement des services, une entrave majeure aux principes d’universalité et d’accessibilité. Par ailleurs, la Fédération invite les décideurs à s’éloigner d’une vision affairiste et économique de la santé où l’on exige de plus en plus une contribution financière des patients au nom de la responsabilité individuelle.
La FIQ énonce également dans son mémoire des préoccupations en ce qui concerne la structure et la gestion du panier de services assurés. En effet, le panier de services assurés doit s’arrimer aux besoins de la population et respecter les principes d’universalité et d’accessibilité. Il ne doit plus être tributaire des lieux de dispensation des soins et des services et encore moins de ceux qui administrent ces mêmes soins. De plus, l’organisme qui a la responsabilité d’administrer le panier de services assurés doit préserver son impartialité tout en étant transparent et apolitique. Une plus grande participation de la population dans la gestion du panier de services assurés ainsi qu’une inclusion plus importante des services sociaux sont souhaitées.
La FIQ se questionne sur l’utilité d’avoir des critères pertinents, justes et équitables pour soutenir la décision d’ajouter, de maintenir ou encore d’exclure certains services de la couverture publique en santé et en services sociaux si, au préalable, l’État n’agit pas sur les déterminants sociaux de la santé et ne tente pas, par le fait même, de réduire les inégalités sociales.
En procédant de manière aussi drastique par l’entremise de compressions dans les services publics, le gouvernement actuel contribue à accroître les inégalités. Les récentes coupes imposées en santé, en éducation, dans les services de garde et à l’aide sociale n’auront pour effet que d’appauvrir davantage la population québécoise. Or, une société en santé, éduquée et moins inégalitaire est porteuse d’une immense richesse dont la valeur peut difficilement se mesurer à l’aune d’une colonne de revenus. La FIQ considère que le prix est chèrement payé pour atteindre coûte que coûte le retour à l’équilibre budgétaire et l’objectif du déficit zéro..
« Les enjeux sont grands, il s’agit de la pérennité de notre réseau public et universel de soins de santé. Des solutions pour faire mieux, il en existe. Nous en avons déjà proposé plus d’une. Pour opérer les vrais bons changements, nos dirigeants doivent avoir le courage et la volonté politique de se défaire de l’influence des lobbys et de se mettre au service des patients en écoutant celles qui les soignent au quotidien », a conclu Régine Laurent.